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Horizons et debats  >  archives  >  2013  >  N°37/38, 16 décembre 2013  >  Autonome, innovatrice et ouverte au monde – prenons soin de la formation et de la place industrielle suisse [Imprimer]

Autonome, innovatrice et ouverte au monde – prenons soin de la formation et de la place industrielle suisse

A propos du livre illustré «Ingenieure bauen die Schweiz – Technikgeschichte aus erster Hand»

par Urs Knoblauch, professeur de gymnase et journaliste dans le domaine culturel, Fruthwilen TG

La nouvelle parution «Ingenieure bauen die Schweiz – Technikgeschichte aus erster Hand» [Les ingénieurs construisent la Suisse – histoire des techniques de première main] des éditeurs Franz Betschon, Stefan Betschon, Jürg Lindecker et Willy Schlachter et des cinquante co-auteurs a paru au bon moment (Editions Neue Zürcher Zeitung 2013, 525 pages).
Actuellement, les banques et les assurances se trouvent trop souvent au centre de l’attention bien qu’elles ne fournissent qu’une petite participation au produit national brut. La majeure partie de notre prospérité a été acquise par les entreprises économiques productives, par un travail honnête et solide, par la multitude de nos petites et moyennes entreprises, les PME. Ce ne sont justement pas les banques, les bourses et les marchés boursiers qui font notre bien commun. Dans ce sens-là les auteurs du livre attirent l’attention sur le fait que la Suisse ne doit pas devenir un pays de services survivant que grâce aux informaticiens, aux soignants et aux conseillers financiers.
Notre économie nationale, jusqu’à présent couronnée de succès, s’appuie sur le système dual de formation professionnelle, sur ses Hautes Ecoles et sur notre place industrielle innovatrice. Avec ce livre richement illustré, les instituteurs et les écoles peuvent faire découvrir aux enfants ce secteur professionnel passionnant. Le niveau de formation doit être élevé. Le projet récemment publié du «Plan d’études 21» n’est pourtant pas apte à nous faire atteindre ce but. La relève d’ingénieurs et de techniciens, dont on a urgemment besoin, doit être encouragée. De nos jours, les adolescents peuvent être enthousiasmés par la technologie, les origines historiques et les rapports avec le monde entier. Dans ce contexte, il est nécessaire de corriger l’hostilité à la technologie de l’Ecole de Francfort (La Dialectique de la Raison) et de montrer le sens et l’utilité de la technique en tant que contribution au bien commun.
«Les éditeurs et les auteurs veulent conserver le savoir là-dessus et constatent des choses étonnantes et uniques. Ils parlent de façon compréhensible pour tout le monde de visions et d’émotions, de produits à succès, mais aussi de chances qu’on a laissé passer. Le livre est en même temps rétrospective, prise en compte de l’avenir et hommage aux créateurs de la Suisse moderne.» D’une grande actualité aussi, les références au présent: «Pour les éditeurs, il s’agissait d’une entreprise émouvante de composer un livre sur la technologie suisse. Des entretiens avec près de cinquante co-auteurs et informateurs ont éveillé des souvenirs de personnalités exceptionnelles de l’histoire industrielle récente de la Suisse, de chefs-d’œuvre techniques, de percées économiques, mais aussi de décisions destructives du management et d’effondrements financiers. Souvent, le déclin a commencé par un changement de direction, des industriels ont été remplacés par des financiers misant sur le profit à court terme. Ainsi, même des entreprises industrielles mondialement connues et riches de traditions ont été ruinées. Le livre présent rend hommage aux performances d’ingénieurs remarquables – c’est beaucoup plus qu’un simple livre d’histoire. Même si l’on traite les épisodes les plus importants de l’histoire industrielle récente, même si l’on décrit la montée et la chute d’importantes entreprises industrielles, le livre n’est pas seulement une rétrospective, mais également un instrument pour une ‹prise en compte de l’avenir’», pleine de confiance.
Grâce à cet excellent livre et l’hommage aux grands exploits d’entrepreneurs et d’ingénieurs suisses, on peut renforcer le «modèle suisse» en tant que nation née de la volonté du peuple, la formation de grande qualité et l’économie productive.

Maintenir les forces de la Suisse: autonome, innovatrice et ouverte au monde

Les contributions dans le livre et le regard sur la compétitivité internationale montrent clairement que l’industrie suisse est toujours au premier plan et le facteur décisif pour la prospérité du pays. Le président de l’Académie suisse des sciences techniques, Ulrich W. Suter, écrit en introduction à l’histoire des techniques: «Au XIXe siècle, grâce à la mécanisation et l’industrialisation, la Suisse a vécu un essor économique inouï et une évolution impressionnante sur le plan social. La force motrice de ce développement sont les ingénieurs. Il semble que l’ingénierie correspond assez bien à notre caractère et à nos habitudes.»
L’agriculture fait aussi partie de la place industrielle suisse avec ces machines précieuses les plus modernes. De multiples projets locaux et indépendants de PME forment ensemble avec les grandes entreprises suisses le mélange adéquat d’une économie nationale saine. La volonté de travailler et d’innover et la bonne qualité de la formation en sont la base.
C’est impressionnant de voir les entrepreneurs responsables présentés, nos petites et moyennes entreprises performantes avec tous leurs collaborateurs réaliser tout ça. Des entreprises industrielles modernes et innovatrices ont créé ce fleuron de l’économie nationale suisse et sont devenues un exemple dans le monde entier. «La Suisse doit sa force économique et sa prospérité à l’industrie productive des XIXe et XXe siècles: aux grandes entreprises telles que Brown Boveri, Saurer, Sulzer, Rieter, Wild Leitz, Bühler etc., et à des centaines de PME ainsi qu’à d’excellentes performances d’ingénierie. Aujourd’hui, beaucoup de ces entreprises ont disparu et beaucoup de performances techniques pionnières sont peu connues ou même oubliées.»

Des ingénieurs et entrepreneurs suisses ayant ouvert des perspectives

Par la suite, nous présenterons des aperçus d’autres blocs thématiques tels que les machines rotatives, les machines électriques, les turbomachines, les machines à piston, les technologies de production, les constructions d’infrastructures, les véhicules terrestres et les aéronefs, l’industrie optique, l’industrie horlogère, l’industrie d’information et de communication ainsi que la formation. Intéressantes par exemple les contributions concernant le «lieu de force Oerlikon» avec l’histoire de la Maschinenfabrik Oerlikon (MFO, usine de construction mécanique). Là, on peut se rendre compte de la «genèse de la production et de la distribution de l’électricité». A cette occasion, on nous rappelle beaucoup d’endroits en Suisse comme «lieux de force», en particulier notre plus grande source de force: le château d’eau de l’Europe.
Avec la fondation de la Confédération suisse en 1848, la construction du chemin de fer s’est développée avec toutes ces exigences techniques, une technique de forge et de fonte de haute qualité, l’électrotechnique et «l’or blanc» de nos Alpes, les glaciers et les lacs sont devenus décisifs pour la production d’énergie et la transmission énergétique par des lignes électriques aériennes approvisionnant les usines et les ménages. Les sites de production industrielle et les usines sont ainsi devenus indépendants des cours d’eau. Le grand succès de la technologie hydraulique suisse est devenu global. C’était l’esprit d’entrepreneur de Peter Emil Huber, fils du fabricant de soie Johann Rudolf Huber. Né en 1836 à Zurich, il était l’un des premiers étudiants à l’Ecole polytechnique fédérale de Zurich qui venait d’ouvrir ses portes. Les développements de la Maschinenfabrik Oerlikon sont l’œuvre commune de tous les collaborateurs, de l’ouvrier jusqu’à l’ingénieur. Dans le livre sont rapportées de façon détaillée toutes les innovations et tous les chef-d’œuvres techniques, depuis le courant triphasé jusqu’au xturbines à vapeur, les hydro- et turbogénérateurs de grande importance pour l’avenir. S’y ajoutent des biographies brèves et intéressantes des personnalités citées. Ayant grandi mes premières années à Oerlikon, je me rappelle très bien combien on était fiers de l’usine et de pouvoir y travailler.
Passionnants aussi les rapports et les références de la MFO avec les autres grandes entreprises industrielles suisses comme Brown Bovery (BBC), ABB, Escher Wyss SA, Sulzer Frères SA, Alstom, Bühler et beaucoup d’autres sociétés, y compris les petites entreprises spécialisées. Le développement de la turbine à gaz produisant de l’électricité, développée par BBC, a été une étape importante pour la construction de machines. Une turbine qui est conçue et produite aujourd’hui dans des installations combinées complexes. Le lecteur apprend des détails techniques raffinés, mais aussi du savoir de base: «Une turbine à gaz est une machine rotative, dans laquelle des courants de gaz produisent un rendement mécanique.»

Un regard dans les coulisses

Beaucoup de contributions avec des rapports personnels des ingénieurs sont spécialement précieux. Dans un des chapitres «Aus dem Nähkästchen geplaudert» (un regard dans les coulisses) on apprend des choses intéressantes sur les activités mondiales d’un constructeur de machines textiles de la firme Rieter AG. Les machines de filature travaillent 24 heures sur 24. Cela nécessite un soin professionnel consciencieux et le plus souvent ce travail est exécuté de façon excellente par un personnel spécialisé, souvent originaire de pays lointains: «Pour la machine, peu importe en quelle langue on lui parle ou si on ne lui parle pas du tout. Savoir bien s’exprimer n’apporte ici, au contraire de l’école, rien du tout. Ce qui compte avant tout c’est la conscience professionnelle, la fiabilité, l’attention et la persévérance. Celui qui est responsable du fonctionnement d’une salle pleine de machines de filature porte la responsabilité d’un système de la complexité d’un avion d’affaires. Par heure, on produit du fil pour quelques milliers de francs, à peu près autant qu’un avion d’affaires coûte à l’heure.» On s’étonne aussi des explications concernant la haute technologie des outils les plus modernes pour le nettoyage des fils dans la production de fibres textiles. Dans le tissu d’une blouse se trouvent 25 millions de fibres de coton et «aucune fibre étrangère n’est admise». La lecture rappelle des références historiques, à savoir les peines, la misère et le travail dans les débuts de l’industrie textile. Le système des usines a transformé en Suisse des villages entiers et le mode de vie, une situation sociale digne pour les ouvriers a dû être obtenue de haute lutte. L’éthique et l’attitude du patron de l’usine étaient décisives ainsi que la formation de la volonté démocratique et les dispositions légales. A l’échelle mondiale, dans les pays nouvellement industrialisés, les acquis sociaux et du droit du travail devront être conquis de la même façon. Les jeunes sont très sensibles à des conditions de travail équitables.

Relever le niveau de formation de la jeune génération et des professionnels qualifiés

Le livre souligne par ailleurs que seul le maintien du haut niveau scolaire et de formation en Suisse a tout rendu possible. De nombreuses réformes ont cependant affaibli la formation scolaire, qui jusqu’à présent avait fait ses preuves. D’après une étude scientifique de l’Ecole polytechnique de Lausanne, les meilleurs étudiants viennent de cantons qui ont mis en œuvre peu de réformes scolaires. Dans un chapitre très intéressant, «La mère de toutes les machines», Franz Betschon met, à l’exemple de l’industrie de machines-outils suisse, l’accent sur le haut niveau de formation particulièrement nécessaire dans la branche des machines les plus modernes: «La machine-outil est la mère de toutes les machines, en théorie elle pourrait se fabriquer elle-même. Sa taille oscille entre les gigantesques fraiseuses portail pour la fabrication de pièces de grande longueur indispensables à la construction d’avions, jusqu’au petit tour d’horloger en filigrane. Tout ce que les ingénieurs en matériaux inventent, doit être mis en forme par la machine-outil.» Dans les pays émergents, le fonctionnement de ces machines ne peut être garanti pour l’instant que par des ingénieurs de formation universitaire. En Suisse par contre, ce sont nos polymécaniciens qui remplissent déjà ces exigences. Avec l’exemple de la machine-outil cela devient clair. L’auteur écrit: «Là, se montre la capacité pratique du système de formation dual suisse qui transmet à ces polymécaniciens déjà des connaissances d’ingénieur. Ainsi ils maîtrisent toutes les disciplines nécessaires qui se réunissent dans la machine-outil: la mécanique, la technique de commande et de régulation, l’informatique et le logiciel, l’hydraulique, les sciences des matériaux etc. La machine-outil est multifonctionnelle et hautement spécialisée. Sa fabrication est donc idéale pour la Suisse, un pays sans matières premières, mais avec des habitants très bien formés, travailleurs et innovateurs».
Beat Kappeler souligne également dans son «Hommage aux faiseurs de la Suisse moderne», que, dans beaucoup de pays européens, la désindustrialisation et l’abandon de la culture traditionnelle des entreprises et de l’agriculture ont conduit au chômage massif, surtout pour les jeunes, et à la misère et aux dettes publiques. La Suisse, par contre, n’a pas commis ces erreurs lourdes de conséquences jusqu’à présent. Une nouvelle orientation fondamentale serait quand-même nécessaire. On manque de lieux de formation suisses «depuis l’EFPZ jusqu’aux gymnases» et les industries demandeuses manquent de relève en sciences naturelles. Un grand nombre de chercheurs et d’ingénieurs viennent actuellement de l’étranger. Selon Beat Kappeler, les fausses réformes scolaires du passé en sont une des causes majeures: «Dans les trois dernières années de l’école obligatoire, les sciences naturelles ont déraillé déjà depuis des années. Ceci étant donné que la chimie, la biologie et la physique ont été réunies avec l’histoire et la géographie dans la matière ‹douce›, appelée par exemple ‹Education à l’environnement›. Pour cette matière, il n’y a ni méthodes ni exemples ni profils professionnels. Depuis lors, la plupart des enseignants ont déjà suivi cette formation passe-partout sans spécification. Il faut donc une grande secousse dans le renouvellement du plan d’études, dans la formation des enseignants. Les élèves doivent à nouveau être amenés dans les salles de biologie, de chimie et de physique. Ils doivent s’y rendre compte que les sciences naturelles ne peuvent être apprises n’importe comment, sur des thèmes rassembleurs tels que l’eau, la ville, les indiens, la forêt ou le bois.»
Il est urgent de mettre l’accent sur les valeurs éprouvées, le savoir et l’échange du savoir entre les écoles, la formation professionnelle duale, les hautes écoles et l’industrie, et de donner la plus haute priorité à l’encouragement de la jeune génération. Là aussi, le lecteur est amené à réfléchir sur ce qui est fondamental. Lorsque les stratèges du plan d’études s’orientent d’après le système scolaire anglo-saxon, vers l’opérationnalisation, vers la standardisation d’un savoir fragmentaire propagé par l’OCDE et l’UE et vers de fausses théories (constructivisme), c’est la fausse voie. La Suisse et les cantons ont une substance propre éprouvée en ce qui concerne la politique scolaire et la pédagogie. Lire, compter et écrire doivent être appris systématiquement et à fond. Les mathématiques représentent l’école de la pensée logique et structurée, ce qui est essentiel dans tous les domaines de la vie et de la vie professionnelle. L’histoire doit être transmise de façon fondamentale et dans ses contextes.
Un retour à la formation qui a fait ses preuves se révèle être urgent. Notre jeunesse est productive et désireuse de l’être, lorsqu’on l’amène avec enthousiasme à des devoirs sensés.
La jeunesse a droit à une formation solide. L’école et les parents ont la tâche commune de garantir la continuation de notre excellent système de formation professionnelle duale et de le renforcer par diverses formes de l’enseignement secondaire, et d’assumer ainsi la responsabilité de notre économie nationale et de notre modèle étatique de Suisse.

Interaction globale des sciences

Un chapitre est consacré au thème «L’esthétique de la technique», illustré par l’exemple de la la construction des turbines à gaz chez Sulzer. Viktor Beglinger thématise aussi les éléments de succès de l’histoire suisse des techniques: «Le sens des responsabilités pour l’environnement», «la créativité liée à la discipline», «la façon responsable de s’y prendre face aux risques» et «l’ingénieur artiste». Le chapitre concernant la construction de l’infrastructure et de ponts en Suisse est spécialement réjouissant. On a construit nos lignes ferroviaires avec tant d’amour et de soin pour la cause et le paysage. La ligne de chemin de fer unique de l’Albula en est un exemple. De même les constructions de ponts, par exemple le viaduc de la Sitter du chemin de fer Bodensee-Toggenburg près de Saint-Gall, est jusqu’à présent un régal technique et esthétique pour les yeux. Construit en 1910, le plus grand pont ferroviaire de Suisse a une portée de 120 mètres. Lors du montage, le pont a été assemblé avec des poutrelles d’acier et de viaducs en pierre naturelle et des tours d’échafaudage de 99 mètres. Les ponts en bois sont également des chef-d’œuvres d’art technique. Dans le livre, on attire l’attention aussi sur le musée Grubenmann à Teufen en Appenzell Rhodes-Extérieures. Pendant des générations, des ingénieurs et des charpentiers ont créé des œuvres extraordinaires avec ces constructions en bois. Ces exemples font penser à l’Unesco. Fondée en 1946, elle a pour but de contribuer, par la formation, l’éducation, la culture et les sciences à la cohabitation pacifique de toutes les nations. La Suisse est devenue membre en 1948. (cf. encadré, p. 6).
Passionnants aussi les exemples concernant la construction de véhicules terrestres et aériens, les performances incroyables de constructions de l’infrastructure telles que par exemple le tunnel de base du Gothard, le tunnel ferroviaire le plus long du monde. L’entreprise Stadler Rail, connue dans le monde entier, présente l’exemple d’un entrepreneur innovateur, conscient de sa responsabilité et qui a rendu possible de nos jours une interaction de différents lieux de production et de fabrication. Là et dans beaucoup d’autres chapitres se montre clairement le rapport entre l’histoire suisse des techniques, la formation, les emplois, la responsabilité civique et l’économie nationale.

Une nouvelle «défense spirituelle et culturelle du pays» est nécessaire

Le large éventail de l’histoire des techniques et de l’ingénierie en Suisse incite à la réflexion sur les valeurs fondamentales de notre Etat. Beaucoup de choses se trouvent en mauvaise posture aussi dans notre pays. Des attaques de l’intérieur et de l’extérieur devraient affaiblir la Suisse et la rendre docile. Dans ce domaine précisément, le livre nous donne les moyens nécessaires de se défendre et de se rassurer, il incite à une reconstruction. Il faut renforcer la cohésion pour attaquer les tâches futures. L’œuvre contribue aussi à la fierté justifiée et à la gratitude envers l’œuvre de nos ancêtres. Les contributions prouvent qu’une identification positive avec notre pays permet de grandes œuvres. Quelques contributions rappellent aussi la grande exposition nationale de 1939 à Zurich. On se réfère par exemple à la fameuse locomotive «Landilok Ae 8/14» comme «pilier de la défense spirituelle du pays». Cette locomotive performante et magnifique a aussi attiré l’attention à l’étranger. Elle a été reconstruite comme emblème de l’exposition nationale de 1939 à Zurich, elle a été admirée et est devenue «le fanal de notre défense nationale spirituelle».
Une autre illustration montre une des premières turbines à gaz industrielles du monde. Elle a été développée par BBC et a été exposée lors de l’exposition nationale de 1939 à Zurich, et elle a attiré beaucoup de visiteurs. Il vaut la peine de laisser revivre en nous ces images et ces livres, les récits de la génération des parents et de rendre hommage à l’exploit exemplaire de la population suisse à l’époque. En ces temps de menace, entourés d’ennemis et peu avant le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, le renforcement de la cohésion militaire, spirituelle, agricole et morale, avec la volonté de se défendre était décisif. Malgré les falsifications de l’histoire plus tard, et la polémique idéologique du côté des historiens de gauche, cette grande œuvre de résistance digne et d’affirmation vit encore dans l’âme de la Suisse par des témoins impressionnants. Un hommage, une présentation objective, la réflexion et le dialogue respectifs sont absolument nécessaires, et une obligation aujourd’hui. La jeunesse a le droit de connaître cette interaction exemplaire des forces constructives pour pouvoir se forger une identification positive avec le pays. Seule une interaction sociale sensée de la place industrielle, financière et de formation sur la base de la responsabilité civique peut maintenir le modèle à succès suisse et le renforcer. Rendre hommage à ces grandes performances et à ces personnalités d’entrepreneurs exemplaires représente un enrichissement et une nécessité aujourd’hui. Il faut tirer des leçons des erreurs commises. «Il semble que ces derniers temps un changement se dessine, que la profession de l’ingénieur regagne de l’estime. Se pourrait-il que la crise bancaire mondiale ait causé un retour à l’importance de l’économie réelle?»
Dans ce sens-là on ne peut que recommander ce livre. Les auteurs sont persuadés qu’on ne peut jamais se passer d’une industrie performante. Notre économie nationale et le modèle suisse sont indispensablement liés à un Etat de droit garanti, à un peuple prêt à se défendre et à ses citoyens conscients de leur responsabilité, instruits et prêts à faire des efforts.
Pour finir les paroles de Georg Thürer à propos de l’exposition nationale de 1939: «Le fait que notre Confédération ait su se maintenir en tant que démocratie basée sur le modèle d’êtres humains responsables au milieu du raz-de marée brun-noir de la dictature a plusieurs explications. Ce qui est sûr, c’est que beaucoup de Confédérés se sont sentis confortés, par la vue d’ensemble de l’exposition nationale, dans leur volonté qu’il valait la peine de reconnaître ouvertement notre Confédération libérale et de la défendre de toutes leurs forces.»     •

La Suisse ouverte au monde, l’Unesco et la science et la technologie comme partie intégrante de la culture

uk. La technique et l’histoire du génie civil présentées ici emmènent le lecteur jusqu’à la fondation de l’Unesco, l’«Organisation des Nations Unies pour l’éducation, les sciences et la culture», qui a été fondée en tant que sous-organisation des Nations Unies (ONU) en 1945 et ratifiée en 1946. La préoccupation fondamentale était «de promouvoir la paix mondiale et le bien-être général de l’humanité par la coopération avec les peuples de la terre dans ces domaines – des objectifs pour lesquels les Nations Unies ont été créées et qui sont prononcés dans sa Charte.»
La Suisse fait partie de la communauté mondiale et est, depuis 1949, membre de l’Unesco. Elle s’est engagée, entre autre, «à transmettre à tous les enseignants et élèves de tous les niveaux, les plus importantes informations sur l’existence, les objectifs et les activités des grandes organisations internationales du système des Nations Unies, et en particulier de l’Unesco».
La Suisse est également membre fondateur actif du réseau international des écoles associées de l’Unesco. Beaucoup d’enseignants et d’ingénieurs qualifiés de la Suisse se sont rendus en Afrique et en Asie pour promouvoir la construction d’écoles et d’institutions de l’Unesco. Aujourd’hui, cela est renforcé par la DDC et de nombreuses autres organisations. Ici aussi, nous voyons l’ouverture au monde et l’esprit humanitaire. Cette attitude éthique et scientifique, les exigences de l’Unesco ainsi que l’esprit de J. H. Pestalozzi ont été au centre de nos écoles renommées et des programmes d’enseignement. Il faudrait reprendre cela. Avec notre «modèle Suisse», nous avons consciemment et avec succès pris un chemin spécial en tant que nation née de la volonté du peuple. Grâce au fait que tous les citoyens œuvrent ensemble dans une démocratie directe, le niveau élevé de l’éducation et la volonté d’aller de l’avant, la réussite de notre histoire technologique a été possible. L’Unesco doit également se concentrer sur ses objectifs et ses tâches primaires. Il n’est pas acceptable que les Etats-Unis, par des tentatives de chantage et le refus de contributions financières, mettent cette organisation importante en danger. Les peuples et les pays membres ne peuvent l’accepter.

La Landi 39 – une œuvre commune de la Suisse vigilante

uk. Cette importante œuvre commune a été créée par le grand architecte suisse, Armin Meili, qui était le directeur de la «Landi», comme la population appelait tendrement l’Exposition nationale suisse de Zurich en 1939. (Dans le numéro du 9 septembre 2013, Horizons et débats a fait à ce sujet un remarquable article, intitulé «Résister en périodes difficiles»). Armin Meili a également rallié les meilleurs artistes et collègues du moment à cette cause commune et atteint le cœur de tous les visiteurs. La jeune génération n’est plus consciente de cette grande volonté combative et de cette performance communautaire culturelle. Cependant, il y a des documents importants, des livres, et deux livres illustrés (de presque 2000 pages): «La Suisse dans le miroir de l’exposition nationale de 1939». La publication «La Landi – souvenirs, documents, considérations» (Editions Rothenhäusler 1989) contient également des histoires émouvantes de témoins de l’époque. Aujourd’hui, cela peut nous ouvrir les yeux et nous conduire à une réévaluation des valeurs. Le fait est que la défense spirituelle a été conçue et prise en charge par tous les partis, toutes les religions, tous les groupes d’intérêts ainsi que la grande majorité de la population. Ce travail et les nombreux rapports de témoins de l’époque, qui nous ont maintenant quittés, méritent d’être correctement enseignés aux générations futures.