Horizons et débats
Case postale 729
CH-8044 Zurich

Tél.: +41-44-350 65 50
Fax: +41-44-350 65 51
Journal favorisant la pensée indépendante, l'éthique et la responsabilité pour le respect et la promotion du droit international, du droit humanitaire et des droits humains Journal favorisant la pensée indépendante, l'éthique et la responsabilité
pour le respect et la promotion du droit international, du droit humanitaire et des droits humains
18 juillet 2016
Impressum



deutsch | english
Horizons et debats  >  archives  >  2009  >  N°41, 26 octobre 2009  >  Délinquance juvénile [Imprimer]

Délinquance juvénile

Etude de l’Université de Zurich qui doit nous faire réfléchir à la prévention de la violence

par Dieter Sprock

Il y a quelques mois, à Munich, deux ­jeunes assomment un homme qui voulait s’interposer pour empêcher un acte de violence. Récemment, à Ansbach, un élève de 18 ans pénètre dans une école, lance des cocktails Molotov dans une classe et frappe à coups de hache les élèves qui s’enfuient. Et demain? Nos villes, espaces publics, ne sont plus sûres. Chaque jour, on déplore des actes de violence. Jusqu’où ira la spirale de la violence? Dans ce contexte, une étude du canton de Saint-Gall sur la délinquance juvénile tombe à point. Elle fournit aux parents, aux éducateurs, aux enseignants ainsi qu’aux responsables politiques une base de réflexion pour la recherche de mesures de prévention.


Au printemps 2008, à la demande du Département de l’Education et de celui de la Sécurité et de la Justice du canton de Saint-Gall, 5200 élèves de 338 classes de 9e année ont été interrogés essentiellement sur les actes de violence commis et subis. Ce sondage anonyme qui s’adressait à des adolescents de 15–16 ans de tous les types d’école a été bien accueilli de sorte que l’on a pu finalement retenir les réponses de 83% de ces élèves appartenant à des classes de tout le canton, taux sans doute unique en Europe.
Cette étude qui vient d’être publiée sous le titre «Jugenddelinquenz im Kanton St-Gallen» a été préparée et menée par Simone Walser de l’Institut de criminologie de l’Université de Zurich. Le chef de projet était Martin Killias, professeur de droit pénal et de procédure pénale, spécialiste international de criminologie.
Cette enquête est davantage qu’un constat. Elle permet de mieux comprendre le contexte et la part de responsabilité de la société, elle entend inciter à analyser les causes et propose des moyens de prévention et d’intervention. Ses résultats recoupent en grande partie ceux d’études antérieures menées à Zurich et à Zoug et de l’enquête effectuée auprès des cantons par le Département fédéral de Justice et Police concernant les jeunes multirécidivistes et publiée en juillet de cette année.
Aussi l’étude saint-galloise a-t-elle une valeur qui dépasse les limites du canton et peut servir partout de base à la recherche de solutions efficaces. Les questions très précises concernant les coups et blessures, les bagarres en groupe, les vols (à l’étalage, de deux-roues, cambriolage, etc.), la violence sexuelle, le vandalisme, le port d’arme, la vente de drogue donnent un poids particulier aux résultats (tableau 1). Elles montrent que ces élèves n’ont pas été interrogés sur des délits sans gravité mais sur des actes criminels.


Taux de délits commis et subis

Les trois tableaux suivants donnent un aperçu des taux de délits commis et subis jusqu’au moment de l’enquête et au cours des douze derniers mois seulement (année 2007) ainsi que de la consommation d’alcool et de drogues (tableau 2).


17% des jeunes indiquent avoir infligé des coups et blessures et participé à des bagarres en groupe, environ 4% disent avoir été vic­times de vol avec violence et 1% de violence sexuelle.
35,5% avouent avoir déjà volé quelque chose dans un magasin et 30% l’ont fait ailleurs (à la maison, à l’école, etc.). Environ 16% ont déjà volé une bicyclette ou un vélomoteur et 3,5% ont participé à un cambriolage. (Le cambriolage fait partie des délits graves contre les biens.)
Presque un jeune sur quatre a déjà endommagé ou tagué quelque chose. 10,5% ont déjà vendu de la drogue ou servi d’intermédiaire et environ 17% ont déjà porté une arme illégalement (tableau 3).


Les taux de victimes de coups et blessures sont identiques à ceux des auteurs de ce délit. En revanche, les taux de victimes de violence sexuelle et de vol avec violence sont nettement supérieurs à ceux concernant les auteurs de ces délits, ce qui s’explique par le fait que les jeunes sont aussi victimes de délits sexuels commis par des adultes.
Le tableau 4 montre l’extrême importance de la consommation d’alcool, et pas seulement de bière et de vin mais également d’alcools forts. La consommation de cannabis est aussi très répandue. Plus d’un quart des jeunes a fumé au moins une fois un joint au cours des 12 mois écoulés et environ 6% indiquent qu’ils ont consommé des drogues dures (tableau 4).


Les résultats détaillés de l’étude montrent que la violence est corrélée aux fa­milles incomplètes, aux milieux d’immigrés, aux mauvais résultats scolaires, au faible contrôle familial, aux nombreuses sorties le soir, à la consommation de grandes quantités d’alcool et de drogues, à certains phénomènes scolaires, à certains sports et notamment à l’appartenance à certains groupes. Il apparaît nettement que c’est souvent l’occasion qui fait le larron, c’est-à-dire que ce sont certaines situations qui incitent les jeunes à commettre des délits.
Les 11 délits énumérés sont commis plus souvent par des garçons que par des filles. La différence est hautement significative, en particulier en ce qui concerne tous les actes de violence, comme le port d’arme ou le cambriolage. Cette différence est moins marquée en ce qui concerne le vol et le vandalisme. Ainsi 23% des garçons et 7% des filles ont déjà participé à une bagarre en groupe alors que le rapport en ce qui concerne les vols à l’étalage (les taux sont à vrai dire très élevés) n’est que de 30% contre 20%.
En général, les immigrés commettent plus de délits que les Suisses. Il est toutefois intéressant de constater que la différence en ce qui concerne les vols à l’étalage, les autres vols, le vandalisme et la vente de drogue n’est pas significative, c’est-à-dire que les Suisses commettent ces délits presque aussi souvent que les étrangers.
Facteurs familiaux, contrôle parental
Les jeunes qui vivent avec leurs deux parents biologiques commettent moins de délits que ceux qui vivent avec le père ou la mère seuls ou dans une famille recomposée, c’est-à-dire où l’un des parents a un nouveau / une nouvelle partenaire.
Le facteur le plus déterminant pour la délinquance est celui du contrôle parental, c’est-à-dire le fait que les parents savent avec qui leur enfant sort le soir, où il ou elle va, le fait d’imposer des heures de rentrée. Les jeunes dont les parents exercent un contrôle réel commettent beaucoup moins de délits que ceux dont les parents sont plus laxistes. Les jeunes qui, au cours des 12 mois écoulés, ont passé toute une nuit hors de la maison – ils sont 22% – présentent un taux plus élevé pour tous les types de délits.
88% des jeunes s’attendent à être punis quand ils sont pris en flagrant délit. Ce taux élevé indique que les parents sont quand même dans leur majorité conscients de leurs responsabilités d’éducateurs.
Et 70% indiquent qu’ils s’attendent à des conséquences à l’école en cas de délit. En revanche, ce qui est inquiétant, c’est le fait que 42% estiment qu’ils n’ont rien à craindre de la police parce qu’ils sont mineurs.

Facteurs scolaires


Le graphique 3 montre la prévalence des délits pendant les 12 mois écoulés pour les 4 types d’écoles. A considérer les 3 premiers types d’école, on observe une tendance montrant que la délinquance augmente inversement au niveau de l’école, mais elle n’est pas absolue. Si elle se confirme pour les élèves des Kleinklassen en ce qui concerne les actes de violence, on observe que pour les autres délits, ces adolescents se situent généralement en deçà de ceux des Realklassen et parfois même des Sekundarklassen.
Les élèves des «écoles à problèmes» (forte consommation de drogues, bagarres et vols fréquents) s’avèrent plus violents. 16% d’entre eux indiquent que ces délits sont typiques de leur école. Les élèves fréquentant ces écoles commettent davantage d’actes de violence non seulement à l’école mais aussi ailleurs.
Le même phénomène s’observe à propos des quartiers. Les jeunes qui habitent dans des quartiers difficiles présentent quatre fois plus de risques de commettre des actes de violence que ceux qui habitent des quartiers sans problèmes.
Les redoublants et plus encore les élèves qui sèchent les cours ont un taux plus élevé de délinquance que les autres. Dans l’ensemble, 17% des jeunes interrogés ont manqué au moins une fois l’école toute une journée durant les 12 mois écoulés. Leur taux de délinquance est nettement plus élevé, notamment pour les vols avec violence, les cambrio­lages, les vols de deux-roues et la vente de drogue.
Les règles scolaires, concernant par exemple le respect d’autrui, l’honnêteté ou l’interdiction d’utiliser son portable, ne sont efficaces que lorsqu’on les impose de manière systématique. Les actes de violence sont très peu nombreux dans les écoles où l’interdiction d’utiliser son portable est imposée systématiquement.
Le lien affectif à l’égard de l’école est «la plus importante des variables scolaires». Il est réjouissant de constater que 68% des élèves déclarent aimer l’école. Ces élèves com­mettent nettement moins de délits que les autres. En outre, un lien affectif positif avec l’école diminue la violence non seulement à l’école mais également dans les activités de loisir.

Activités de loisirs et sorties

Le lien entre les activités de loisirs et les sorties d’une part et la violence d’autre part a été étudié. Les résultats sont clairs: «Les jeunes violents se livrent à toutes les activités pratiquées en dehors de la maison (énumérées dans le questionnaire) plus souvent que les jeunes non-violents: ils vont plus souvent dans les discothèques, dans des soirées ou à des concerts, passent plus de temps dans les restaurants, les bars et les bistrots, vont plus souvent dans des lieux de rencontre de jeunes, traînassent plus souvent dans les lieux publics, «glandent» plus souvent chez des copains et font plus souvent du shopping. A la maison, ils surfent plus souvent sur Internet ou jouent plus souvent à des jeux vidéo. Ils jouent moins souvent d’un instrument chez eux et lisent moins de livres. Ils sont moins souvent avec leurs parents (à la maison ou à l’extérieur).» La violence augmente parallèlement à la fréquence des sorties, et cela aussi bien chez les garçons que chez les filles (graphique 79).


Consommation d’alcool et de drogues

Comme le montre le tableau 4, 81% des adolescents ont consommé de l’alcool au cours de l’année écoulée et 29% boivent régulièrement (chaque semaine).
Tandis que 79% ne boivent de l’alcool qu’à des occasions particulières, 21% en consomment fréquemment sans raisons particulières. 75% déclarent que généralement, ils ne boivent que peu mais 26% boivent fréquemment jusqu’à l’ivresse. 40% ont déjà été ivres et 24% disent avoir eu, pendant ou après la consommation d’alcool, des trous de mémoire. 2% ont même dû être hospitalisés à la suite d’une intoxication alcoolique (graphique 56).


En ce qui concerne les drogues, le bilan n’est pas plus réjouissant. 26% ont consommé du cannabis dans les 12 mois écoulés et 6% d’autres drogues figurant dans le graphique 58 et que l’on appelle communément drogues dures. L’étude montre explicitement le «rapport étroit qui existe entre la délin­quance et la consommation de cannabis». En outre, 56% des amateurs d’alcool consomment également du cannabis.


Aussi la consommation régulière d’alcool et celle de drogues sont étroitement corrélées à la délinquance pour tous les délits envisagés (graphique 61).


Délinquance dans les lieux publics et bandes de jeunes

La majorité des délits, c’est-à-dire 73%, sont commis dans des lieux publics: rues, places, parcs, transports en commun, gares, restaurants, bars, bistrots, centres commerciaux, etc. et la plupart après 20 heures et en groupe. 20% des vols avec violence et des bagarres ont lieu dans les gares et 19% des vols avec violence et des coups et blessures dans les écoles.
Comme une grande partie des délits sont perpétrés dans des lieux publics et en groupe, les auteurs ont également étudié l’appartenance à des bandes. Ils ont constaté que 29% des jeunes appartiennent à une bande qui se livre parfois à des activités illégales. 6% des jeunes – 8% de garçons et 4% de filles – font partie d’une bande qui se définit explicitement par ses activités criminelles. L’étude constate chez ces gangs une structure comportementale criminogène: «Les membres d’un gang manifestent plus fréquemment des conduites à risques que les autres. Ils consomment plus fréquemment de l’alcool et des drogues que les autres, ont plus souvent une attitude négative à l’égard de l’école, sèchent plus souvent les cours, fuguent plus souvent. En outre, ils habitent plus souvent dans des quartiers difficiles et leurs parents exercent moins de contrôle.»
De nombreux délits commis en bande le sont «simplement parce qu’on s’ennuie.» L’ennui a été mentionné comme mobile d’un bon quart des délits commis en bande. Cela montre que les jeunes glandent souvent en groupe et, ne sachant pas vraiment quoi faire, commettent des actes de violence.

Sport

Le rapport entre le sport et la violence a également été étudié. 91% des jeunes pratiquent un ou plusieurs sports, 86% régulièrement, au moins une fois par semaine. Le pourcentage de garçons (93%) est légèrement supérieur à celui des filles (89%).
Parmi les 22 disciplines envisagées, on observe des différences importantes quant à leurs effets sur la violence. Les sports de combat, la musculation, le basketball, le football, le hockey sur glace et le skateboard sont corrélés à un taux élevé de violence alors que l’équitation, la gymnastique artistique, la marche, les sports de neige, le badminton, la natation et le cyclisme sont liés à un taux de violence inférieur (graphiques 71 et 72).


Les sports liés à la violence sont souvent des sports d’équipe impliquant un contact corporel avec l’adversaire. Avant les compétitions, on fait monter l’agressivité des joueurs car c’est uniquement dans cet état d’esprit qu’ils jouent vraiment bien. Il est possible que les jeunes apprennent dans ces sports à s’imposer physiquement et qu’ils manifestent cette attitude dans les contacts non sportifs. Le gain de force procuré par la musculation apporte des avantages dans les bagarres. Il en va autrement dans la pratique du skateboard où ce sont plutôt des facteurs situationnels, comme le fait d’être fréquemment avec des camarades, qui favorisent la violence.
Les sports individuels et ceux qui font plutôt appel à l’agilité et à la technique sont moins étroitement associés à la violence.

Source: ww.sg.ch/news/1/2009/08/gewalterfahrungen.Par.0001.DownloadListPar.0001.File.tmp/Bericht_Jugenddelinquenz_im_Kanton_SG.pdf

***

ds. Les résultats de cette étude sont clairs. Rendez-vous compte que parmi les 5200 ­jeunes de 15–16 ans interrogés, 840 ont infligé des coups et blessures et participé à des bagarres en groupe. Plus d’un tiers, c’est-à-dire plus de 1700 ont déjà volé quelque chose dans un magasin et 830 un deux-roues. 570 ont déjà vendu de la drogue et 880 ont porté une arme interdite.
4200 ont consommé de l’alcool au cours des 12 mois précédant l’enquête et 3300 de l’alcool fort. Environ 1500 boivent régulièrement, c’est-à-dire chaque semaine. Environ 200 ont déjà été ivres et 1200 ont eu des trous de mémoire pendant ou après l’ivresse et plus de 100 ont été hospitalisés à la suite d’une intoxication alcoolique. Plus de 1500 ont consommé du cannabis et 320 des drogues dures. Les chiffres concernant l’alcool et les drogues sont particulièrement alarmants. Comme le cerveau et le foie des jeunes ne sont pas encore entièrement développés, l’alcool et les drogues peuvent nuire à leur développement aussi bien physique que psychique. En outre, l’ivresse totale peut entraîner la mort puisqu’il s’agit, médicalement parlant, d’une intoxication.
1500 jeunes appartiennent à une bande qui se livre à l’occasion à des activités illégales et plus de 300 appartiennent même à un gang criminel.
Ajoutons que le rapport sur les jeunes multirécidivistes – enquête effectuée auprès des polices cantonales et municipales de Suisse – évalue à 500 environ le nombre des jeunes multirécidivistes en Suisse qui, la plupart du temps, sévissent au sein de bandes petites ou moyennes dont la composition, les chefs et les suiveurs sont variables. La gravité des délits et la violence pour la violence dans les bagarres ont fortement augmenté. Les jeunes récidivistes agissent plus fréquemment et avec plus de brutalité.
Dans son ouvrage intitulé «Vorsicht Bürgerkrieg! Was lange gärt, wird endlich Wut.» [Attention, guerre civile! Ce qui fermente longtemps, explose enfin], 2009 (ISBN 978-3-938516-94-2), Udo Ulfkotte décrit la situation dans de nombreuses zones à forte concentration urbaine d’Europe dans lesquelles des bandes de jeunes font la loi dans des quartiers entiers et mettent en danger la vie sociale. Les jeunes enclins à la violence trouvent dans ces bandes la possibilité d’acquérir considération et pouvoir.

Envisager des solutions réalistes

Au vu de ces faits accablants, il faut être incroyablement ignorant et aveuglé par l’idéologie pour refuser de prendre en compte les résultats de l’enquête de l’Université de Zurich parce qu’ils ne profiteraient qu’à un parti, comme cela a été le cas des collaborateurs d’une institution éducative. Ou bien – nous nous permettons de poser la question – ces personnes font-elles partie de ceux qui encouragent volontairement la violence des jeunes pour l’utiliser politiquement le moment venu, comme le montre Ulfkotte dans son livre?
Pour permette de mieux interpréter l’enquête par rapport au reste du pays, ajoutons que le canton de Saint-Gall a un caractère essentiellement rural et que Saint-Gall (environ 70 000 habitants) et Gossau (environ 17 000 habitants) sont les agglomérations les plus importantes. Les grandes villes ont en général des taux de criminalité plus élevés. Nous avons donc tout lieu de prendre au sérieux les résultats de cette étude et d’envisager des solutions réalistes à tous les problèmes soulevés et cela sans œillères idéologiques ou parti­sanes. Nous ne pouvons plus fermer les yeux et faire comme si cela ne nous concernait pas.
L’espace public, c’est-à-dire notamment les rues, les places et les parcs ne sont pas des zones de non-droit. Elles doivent redevenir sûres pour tous. Il est inadmissible que les jeunes qui pensent n’avoir rien à ­craindre de la police parce qu’ils sont mineurs se ­mettent à assommer des individus par plaisir, pour éprouver un grand frisson et échapper un moment à l’ennui. Des mesures poli­cières sont nécessaires. Nous sommes tous appelés à nous demander pourquoi nous avons laissé la situation se dégrader à ce point et ­quelles mesures d’urgence nous devons prendre pour que la situation change. Parmi ces mesures, mentionnons en particulier l’interdiction des films, jeux, images et textes qui empoisonnent quotidiennement l’esprit de nos enfants.
Nous ne pouvons pas admettre que 10 à 20% de nos jeunes soient pendant leur scolarité victimes de violences, de racket ou de vol. Nous devons absolument agir.
Il faut aborder de toute urgence le problème de l’alcool et des drogues. On devrait en expérimenter l’interdiction dans l’espace public, en particulier dans les transports en communs.
Le demi-canton d’Appenzell Rhodes-Extérieures a déjà agi en réaction aux résultats de l’étude et inscrit dans la révision de la Loi sur la police que cette dernière, lorsqu’elle surprenait des jeunes en train de commettre un délit contre les mœurs publiques, devaient les ramener chez leurs responsables légaux, faire payer les frais occasionnés et signaler le cas aux autorités tutélaires.
Nous devons nous demander comment réintégrer dans leurs familles et leurs communes les jeunes qui traînent dans les rues et leur offrir des moyens de participer de manière constructive à la vie sociale. La culture de jeunes commercialisée et l’industrie des loisirs qui lui correspond n’offrent aucun but à la jeunesse. Elles font tout au plus oublier brièvement l’ennui et la vacuité mentale et affective qui en est la cause.
Nous devons nous demander ce que l’école et la famille peuvent faire pour lutter à un stade précoce contre les comportements violents. Les résultats concernant le sport montrent qu’il est faux de faire pratiquer la musculation à un enfant agressif pour qu’il se défoule, comme on le fait malheureusement trop souvent sur la foi d’une théorie erronée.
La violence juvénile n’est pas une conséquence d’un trop-plein d’énergie – on pourrait aussi bien la consacrer à des activités d’intérêt général – mais l’expression d’un manque de respect à l’égard d’autrui et de la vie en général. En envoyant un jeune enclin à la violence faire de la musculation, on favorise ses fantasmes de violence et ses moyens de les réaliser. La pratique de la violence est une question de valeurs morales, de respect d’autrui et c’est de cette idée que l’on doit partir si l’on veut aider un jeune.
L’étude de l’Université de Zurich est une analyse des différents aspects de la dé­linquance juvénile, en particulier des actes de violence. Elle fournit aux groupes de travail des communes, des paroisses, des écoles, des associations et des parents d’élèves une bonne base pour discuter de questions qui concernent non seulement les adolescents mais l’avenir de la société tout entière et doivent être résolues de toute urgence. Elle devrait être une lecture obligatoire pour toutes les personnes chargées de l’éducation des enfants et tous ceux qui sont conscients de leurs responsabilités vis-à-vis de la société.•