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18 juillet 2016
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Horizons et debats  >  archives  >  2012  >  N°3, 23 janvier 2012  >  Projet de territoire Suisse – trop de points d’interrogation [Imprimer]

Projet de territoire Suisse – trop de points d’interrogation

par Leo Jeker*

Le projet de territoire Suisse doit servir d’aide d’orientation et de décision commune pour les acti­vités de territoire de la Confédération, des cantons et des communes. Il est soumis aux principes du développement durable et soutient la réflexion et la planification dans des territoires d’action suprarégionaux. Politiquement on devrait agir davantage dans des «territoires fonctionnels». Le projet de territoire Suisse poursuit les grandes lignes de l’organisation du territoire Suisse (Raumordnung Schweiz) adopté par le Conseil fédéral en 1996. Il a été élaboré par la Confédération, les cantons, les villes et les communes et doit tenir compte des changements rapides des paysages et des espaces vitaux durant les dernières 15 années.
Le développement territorial est un enjeu-clé pour l’importance du site économique de la Suisse et de la compétitivité de notre économie. Ainsi il est fondamentalement raisonnable de chercher des solutions globales au problème fondamental du pays croissant en habitants et en habitat. En l’occurrence, il ne faut pas mettre en question la répartition des tâches entre la Confédération, les cantons et les communes. La souveraineté de l’aménagement du territoire doit rester la responsabilité des cantons. Des régulations rigides ou de nouveaux instruments doivent être re­fusés. En général, de telles mesures ne mènent pas à moins, mais à bien plus de charges fiscales et administratives pour les entreprises et les privés.
En outre, il faut prendre en considération que beaucoup de développements futurs ne sont pas prévisibles et que les mesures concrètes à réaliser doivent être discutées en détail sur le plan politique. Le projet de territoire Suisse ne doit jamais aboutir à une obligation juridique, par exemple par un ancrage dans la Loi fédérale sur l’aménagement du territoire. Des investissements futurs nécessaires, par exemple l’expansion du réseau de routes et de chemin de fer ou la construction d’autres tunnels, de contournements, de centrales hydroélectriques, de domaines skiables et de la mise en réseau des installations de remontées mécaniques etc., ne doivent en aucun cas être empêchés par un nouvel instrument de planification. En outre, le mitage et le morcellement du paysage ne sont pas, et de loin, un problème partout.
Où est-ce qu’on a le plus bâti et où est-ce qu’on continue à bâtir allègrement? Sûrement pas dans les vallées montagnardes. Le tourisme montagnard est à 100% lié au site et se trouve en compétition internationale tout comme l’industrie. Ou comment la sortie de l’énergie nucléaire va-t-elle être amortie? Le moyen le plus raisonnable, c’est l’optimisation, l’expansion et la construction de nouvelles centrales hydroélectriques. C’est l’une des rares compétences essentielles des cantons montagnards.
Ce qu’il faut surtout critiquer, c’est que l’idée de la protection qui est trop accentuée, alors que les possibilités de développement économique sont trop restreintes. Des propos manquent pour signaler que la Suisse est un site économiquement compétitif au niveau international et que l’organisation du territoire doit, elle aussi, créer des conditions générales optimales au profit de l’économie et de l’emploi, et ceci dans les agglomérations, dans le plateau suisse comme dans les régions de montagne.
Les parcs naturels par exemple sont en fait une duperie de la population autochtone et des contribuables. Ainsi la population n’a malheureusement le droit de donner son avis sur le parc naturel que jusqu’au moment du vote en assemblée communale. Après ce sont souvent des personnes externes qui décident de ce qui se passe sur le territoire du parc. Il y a déjà de nombreux exemples. Ainsi il est incompréhensible que des fonds publics à hauteur de millions soient pompés dans l’organisation et la bureaucratie des parcs naturels, au lieu que cet argent soit investi pour des charges et projets importants bien ciblés dans les régions de montagne. Ceci sans compter que nous avons déjà une loi de protection de l’environnement qui restreint les cantons de montagne de telle manière que l’on pourrait parler d’un parc naturel du Valais, de l’Oberland Bernois et des Grisons. On n’a certainement pas besoin de créer des parcs naturels supplémentaires. Donc, veillons à ce que les initiatives individuelles dans les vallées de montagne ne soient pas encore davantage étouffées. Continuons à veiller à ce que la région alpine ne perde pas encore plus d’importance en politique intérieure face aux métropoles et agglomérations, comme c’est le cas déjà aujourd’hui.
Les régions de montagne exigent que l’on définisse une stratégie pour les régions de montagne selon le simple principe: Vivre et travailler là où d’autres passent leurs vacances.     •

Source: Bündner Tagblatt du 1/12/11
(Traduction Horizons et débats)

*Leo Jeker, député PBD et ancien président du Grand Conseil, habite à Zizers. Il est membre du comité du forum économique du canton des Grisons, membre du directoire de la Fédération suisse du tourisme et président de la «Bürgergemeinde» de Zizers. Pendant plusieurs années, il a présidé la Communauté d’intérêts du tourisme grison (ITG) et a été vice-président de la Chambre de commerce et de l’organisation patronale des Grisons.