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Horizons et debats  >  archives  >  2010  >  N°17, 3 mai 2010  >  Le courage civique commence par les petites choses [Imprimer]

Le courage civique commence par les petites choses

par Veronika Brandstätter-Morawietz*

La notion de courage civique est souvent associée à des actes héro­ïques intrépides. Etant origi­naire de Munich, je pense par exemple à des gens comme Hans et Sophie Scholl – membres du groupe de résistance «Die Weisse Rose» qui ont risqué leur vie dans le combat contre la dictature nazie en Allemagne avec la distribution de tracts. Dans ses tracts, «Die Weisse Rose» a dénoncé «les crimes les plus horribles dépassant de loin toute mesure» du régime nazi et ont, de manière saisissante, appelé la population à prendre ses responsabilités et à résister. Plus loin, on pouvait lire dans le premier tract du groupe de résistance: «Si chacun attend que l’autre commence, les messagers de la Némésis vengeresse se rapprocheront inexorablement et alors le dernier sacrifice sera jeté vainement dans la gueule du démon insatiable. Or, chacun doit, conscient de sa responsabilité en tant que membre de la culture chrétienne et occidentale, s’opposer lors de cette der­nière heure autant qu’il peut, travailler contre ce fléau de l’humanité, contre le fascisme et contre tout système lui ressemblant de l’Etat totalitaire …»
Sophie Scholl, après avoir été active pendant neuf mois dans le groupe de résis­tance, a été découverte en février 1943, distribuant des tracts dans la cour de l’Université de Munich, dénoncée à la Gestapo et exécutée quelques jours plus tard, ensemble avec son frère Hans et leur camarade d’étude Chri­stoph Probst. Un autre exemple de courage civique est repré­senté par l’ancien maire de Palerme, Leon­luca Orlando, qui a fait face au crime organisé, sans crainte, et toujours en danger de mort.
Ces personnes, avec leur révolte contre les violations des droits civiques fondamentaux, contre la violence et contre le mépris des hommes, sont pour nous les exemples de courage civique. Le courage supérieur individuel ne doit cependant pas faire oublier qu’un comportement de courage civique peut devenir nécessaire «dans les petites choses», dans différents domaines de la vie, lorsque des êtres humains sont offensés, bafoués, humiliés, menacés ou attaqués. Le courage civique n’est pas seulement important dans des sys­tèmes poli­tiques méprisant les hommes ou dans l’entourage du crime organisé, mais aussi dans notre quotidien. Dans beaucoup de domaines de notre vie en commun quotidi­enne on peut observer de la discrimination, ou bien un climat d’hostilité – par exemple l’antisémitisme et la xénophobie, l’exclusion et l’harcèlement moral au travail, la vio­lence contre des enfants dans la famille. La vio­lence sous toutes ses formes doit être arrêtée si nous voulons garantir une vie en commun dans le respect et dans la paix – et de cette manière le courage civique devient l’affaire de chacun d’entre nous.


En bien des occasions la population est appelée à montrer plus de courage civique. Dans son discours pour la 70e année depuis le pogrome du 9 novembre 1938, la chance­lière allemande Angela Merkel, a par exemple mis en garde contre l’indifférence envers le ra­cisme, la xénophobie et l’antisémitisme: «L’indifférence est le premier pas pour mettre en jeu des valeurs indispensables.» Elle a continué en disant que l’Allemagne avait besoin d’un climat encourageant le courage civique. (NZZ Online du 9/11/08)
Qu’est-ce que cela signifie de montrer du courage civique lorsqu’il ne s’agit pas seulement de défendre héroïquement les autres face à une violence extrême? Avoir du cou­rage civique signifie – comme l’exprime la sociologue Gertrud Nunner-Winkler (2002) –, s’orienter dans ses actes d’après les valeurs fondamentales démocratiques de la société civile et défendre courageusement ces bases normatives. C’est donc avant tout la protection de la dignité humaine.
Quant aux violations de l’intégrité psy­chique et physique d’une personne on peut citer des exemples de tous les jours: Un homme se moque de sa collègue de travail: «R. n’arrive à rien, typiquement femme!» Dans l’appartement voisin, des signes de dispute de famille violente se multiplient. Des adolescents at­taquent violemment un sans-abri. Des candidatures de candidats de l’ex-Yougoslavie sont mises de côté sans être examinées. Une connaissance fait des remarques antisémites. Un supérieur fait des re­marques désobli­geantes envers une employée. A la caisse du supermarché, une femme s’en prend à un homme de couleur: «Vous, les para­sites, retournez là d’où vous venez.» Des adolescents offensent et bousculent une vieille dame.
Courage civique veut dire entreprendre quelque chose lorsque quelqu’un est traité indignement, comme c’est le cas avec des remarques désobligeantes, des paroles de bistrot, des grossièretés ou dans le pire des cas des brutalités.
Se taire en face de tels incidents et regarder sans rien faire a des conséquences fa­tales: Pas seulement pour la victime, qui n’a aucun secours dans une situation concrète, le si­lence peut être mal interprété comme une affirmation et peut encourager finalement les hostilités. Les recherches sur le racisme montrent que des criminels violents ayant des motivations xénophobes justifient leurs actes en disant qu’ils n’agissaient que suivant l’opinion de la majorité (p.ex. Wagner & van Dick, 2001). Cela montre que, si la majorité tolère la discrimination, elle rend ces choses possibles. C’est ce qui est exprimé par l’ancien secrétaire général de l’ONU Kofi Annan, «Le mal a besoin du silence de la majorité.»

Qu’est-ce qui se passe dans les êtres humains qui observent un tel acte?

Même si beaucoup de gens partagent les valeurs fondamentales de la responsabilité sociale, de la serviabilité et de la solidarité avec les plus faibles, ces convictions ne s’ex­priment pas toujours dans leurs actes. Combien de fois on entend: «Je sais bien, j’aurais dû intervenir, mais …», «Je voudrais montrer du cou­rage civique, mais …» Et comment réagissent les gens dans de telles situations? Ils s’efforcent de ne rien entendre, de ne rien voir, ils s’en vont, observent en silence ce qui se passe et c’est seulement une partie des gens qui font quelque chose.
Un sondage sur 2700 personnes dans le cadre d’un projet d’une durée de 10 ans portant sur la misanthropie concernant des groupes (Gruppenbezogene Menschenfeind­lichkeit, GMF-Survey 2002–2012) sous la direction du sociologue allemand connu Wilhelm Heitmeyer donne un aperçu de cette probléma­tique.
60% des personnes questionnées ont dit avoir entendu des remarques négatives sur les étrangers dans leur entourage, 20% parlent de remarques négatives sur des juifs et 15% de violences contre des étrangers. A la question de savoir s’ils avaient entrepris quelque chose dans ces situations, d’un tiers jusqu’à la moitié des personnes questionnées ont rapporté qu’ils avaient fait quelque chose dans les situations problématiques.
Nous nous posons donc deux questions:
1.    Quelles sont les causes pour que les gens restent sans rien faire lorsque d’autres sont traités de façon indigne?
2.    Que pouvons-nous faire pour que nos convictions, notre souhait d’agir avec du courage civique, puissent trouver leur expression dans nos actes?
Sur la base de la recherche psychologique, trois facteurs essentiels qui empêchent d’agir dans des situations critiques peuvent être identifiés:
•    mauvais objectifs
•    manque de savoir, de ce qu’on peut faire et de ce que l’on ne doit pas faire dans aucun cas
•    manque de compétences d’action
Les conséquences en sont un manque de confiance en soi, l’angoisse et la perte de cou­rage.
Quelques exemples nous montreront comment des objectifs trop haut placés peuvent paralyser nos actes. Une personne observe une altercation violente. Elle pense que le vrai courage civique consisterait à séparer les casseurs … Et comme cela lui parait trop dangereux, elle n’entreprend rien, avant tout aussi parce qu’elle ne sait pas ce qui serait l’alternative. Un deuxième exemple: Lors d’une réunion amicale, l’alcool coule à flot, la conversation tourne autour des abus des systèmes sociaux. Celui qui veut travailler trouve du travail, ce sont tous des parasites sociaux, on devrait tous les … Un des convives se heurte à ces paroles. Le vrai cou­rage civique serait, suivant son idée, de convaincre les convives d’une autre opinion, de les détourner de leurs préjugés. Une voie in­terne lui dit: «Ceux-là sont incorrigibles, je n’y peux rien changer!» donc la personne se tait, mal à l’aise.
Souvent lors des situations où il faudrait du courage civique, les objectifs sont trop haut placés et comme le démontre la re­cherche psychologique sur les objectifs: des objectifs qui dépassent les forces ou bien qui ne sont pas réalistes ont un effet démotivant. Des objectifs plus réalistes pourraient être: Dans le premier exemple appeler la police, dans le deuxième exemple rétorquer calmement mais fermement. Lorsqu’en plus, le savoir manque par rapport à des objectifs irréalistes, et à ce qu’on pourrait faire, c’est l’inactivité qui en résulte. Et c’est là un point de départ pour encourager le courage civique.
La psychologie offre des connaissances variées pour encourager un comportement dans des situations critiques. Ce savoir pourrait aussi contribuer à rendre les gens capables de courage civique, à leur donner des points de départ pour leur activité, à leur proposer des manières de comportement pour pouvoir protéger les autres gens de l’hostilité et de la discrimination, sans courir soi-même un danger.
Nous devons être conscients du fait que le courage civique exige des actions dans des conditions difficiles. Les situations qui demandent du courage civique arrivent souvent par surprise, il faut agir promptement, elles sont souvent équivoques, elles tourmentent émotionnellement car on prend le risque de conséquences négatives. Ce qui peut arriver à une personne manifestant son courage civique peut prendre différentes formes: être dans la situation désagréable d’attirer tous les regards, être attaqué soi-même, perdre ses bases sociales jusqu’à des conséquences graves telles que la perte de son emploi.
Un point de départ central de l’encouragement au courage civique et à la transmission du savoir est l’apprentissage de compétences d’action (cf. infographie 1), pour pouvoir mieux surmonter la charge émotionnelle dans des situations de courage civique. Dans des Entraînements au courage civique, développé dans mon enseignement universitaire et réalisé depuis plusieurs années, ces deux piliers du courage civique sont renforcés. Dans différents modules, basés sur des théories, les participants peuvent acquérir le savoir et la compétence d’action pour pouvoir agir de façon adéquate dans différentes situations qui demandent du courage civique. Le module des connaissances comprend des informations sur les conditions du comportement d’aide et du courage civique, de stratégies pour transposer ses propres convictions dans l’action. De plus, des conseils pour reconnaître une situation d’urgence et ce qu’on peut faire concrètement dans des situations critiques, et ce qu’on ne doit faire en aucun cas. La compétence d’action est renforcée par l’exercice de comportements concrets de courage civique avec des jeux de rôle et des exercices de simulation mentale, ainsi que l’élaboration d’objectifs individuels et de plans de comportement pour des futures situations de courage civique.
L’évaluation empirique de notre entraînement au courage civique prouve son effica­cité: Avec l’enseignement du savoir spécifique et l’exercice de stratégies d’action, la sensibilité aux situations de courage ci­vique est renforcée, la confiance en soi ainsi que les compétences d’action spécifiques person­nelles sont encouragées. (Brandstätter, 2007). Ces résultats sont d’autant plus encourageants que la recherche psychologique montre que la confi­ance en soi, la responsabilité so­ciale et la faculté d’identification sont les conditions personnelles les plus impor­tantes du cou­rage civique.


L’ancien président de la police du Land Bade-Wurtemberg, Erwin Helger, l’a formulé ainsi: «Nous devons nous éloigner de la non-culture consistant à détourner le regard …» On pourrait élargir cette affirmation: Nous devons devenir des acteurs au lieu de rester des observateurs. Notre devise doit être: Si ce n’est pas moi, qui d’autre? Nous sommes les exemples pour nos enfants, pour nos amis pour nos collègues de travail, mais aussi pour des inconnus dans la rue.
Rappelons-nous le premier article de la Déclaration universelle des droits de l’homme: «Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité.» Sauvegarder cet esprit de frater­nité, c’est notre devoir à tous – et cela implique le courage civique. La responsabilité de chacun est citée explicitement dans le préam­bule: «… proclame la présente Déclaration universelle des droits de l’homme comme l’idéal commun à atteindre par tous les peuples et toutes les nations afin que tous les individus et tous les organes de la société, ayant cette Déclaration constamment à l’esprit, s’ef­forcent, par l’enseignement et l’éducation, de développer le respect de ces droits et libertés et d’en assurer, par des mesures progressives d’ordre national et international, la reconnaissance et l’application universelles et effectives, tant parmi les populations des Etats membres eux-mêmes que parmi celles des territoires placés sous leur juridiction.»
Le courage civique commence par de pe­tites choses: Regarder, écouter, s’exprimer.    •
(Traduction Horizons et débats)

Bibliographie

Brandstätter, V. (2007). Kleine Schritte statt Heldentaten. Ein Training zur Förderung von Zivilcourage gegen Fremdenfeindlichkeit. In: K.J. Jonas, M. Boos & V. Brandstätter (2007). Zivilcourage trainieren! Theorie und Praxis (p. 245–302). Göttingen.
Nunner-Winkler, G. (2002). Zivilcourage als Persönlichkeitsdisposition – Bedingungen der individuellen Entwicklung. In: E. Feil, en collaboration avec
K. Hormann et G. Wenz (Ed.), Zivilcourage und
demokratische Kultur. Sechste Dietrich-Bonhoeffer-Vorlesung, Juillet 2001 à Munich (p. 77–106). Münster.
Wagner, U. & van Dick, R. (2001). Fremdenfeind­lichkeit «In der Mitte der Gesellschaft»: Phänomenbeschreibung, Ursachen, Gegenmassnahmen.
Zeitschrift für Politische Psychologie, 9, 41–54

*    Veronika Brandstätter-Morawietz, née en 1963, est mariée et a deux enfants. Elle a fait ses études de psychologie à l’Université de Munich (promotion et habilitation). Depuis 2003, elle est professeur de psychologie générale (spécialisée dans le domaine de la motivation et de l’émotion) à l’Université de Zurich. Ses intérêts de recherche: Tendre un but, motiver et guider avec succès et le courage civique. Elle a longtemps travaillé dans le domaine de la formation des adultes. Ce texte est une contribution sollicitée par Horizons et débats.

«Pas nécessaire d’être un héros»

«Il n’est pas besoin d’être un héros, mais certains traits de caractère comme la confiance en soi, la stabilité émotion­nelle, peu de peur et la capacité de supporter du stress facilitent un comportement empreint de courage civique.»
Source: Veronika Brandstätter-Morawietz, «Berliner Zeitung» du 30/8/07

«Si ce n’est pas moi, qui d’autre?»

«Si ce n’est pas moi, qui d’autre? Quand quelqu’un agit selon cette devise, une réunion de gens commence à bouger. On peut par exemple demander de l’aide à ceux qui forment un cercle – par exemple ainsi: ‹Vous en veste bleue, allez chercher une ambulance, s’il vous plaît.› On peut appeler au secours ou en poussant des cris forcer les malfaiteurs à arrêter. Dès qu’une personne prend l’initiative, d’autres se joignent à elle – et, très important, les malfaiteurs remarquent qu’ils se heurtent à une résistance. Cela les irrite parce qu’ils ont compté avec des victimes, mais pas avec des adversaires.»

Source: Veronika Brandstätter-Morawietz, «Berliner Zeitung» du 30/8/07

Qu’est-ce que c’est le courage civique?

Le courage civique est souvent associé à l’intrépidité ou à l’héroïsme. La ré­volte contre l’infraction aux droits ci­viques fondamentaux dans des dictatures ou l’élucidation de machinations crimi­nelles comme par exemple la lutte de l’ancien maire de Palerme, Leoluca Orlando, contre la mafia, sont des exemples de courage civique de particuliers. Pourtant, le cou­rage remarquable de particuliers ne doit pas masquer qu’un comportement de courage civique est possible ou nécessaire «en petit» dans les do­maines les plus divers de la vie (la famille, l’es­pace public, le poste de travail) quand des personnes sont humiliées, menacées ou attaquées (par exemple en cas de violence dans l’es­pace public, le harcèlement moral à l’écoles et au travail, des grossièretés racistes ou antisémites ou la violence domestique).
Nous entendons par courage civique un comportement courageux par lequel quelqu’un exprime son désaccord au sujet de quelque chose sans se soucier d’éventuels inconvénients pour lui-même. Le courage civique, ce n’est pas détourner les yeux, mais s’impliquer. La sociologue Gertrud Nunner-Winkler (2002) nomme deux traits essentiels du courage civique: L’action s’oriente sur des valeurs fondamentales de la démocratie et de la société civile et exige du courage personnel, car elle est liée à certains risques pour la personne agissante.

Source: www.psychologie.unizh.ch/motivation/zivilcourageportal/     

«On ne doit pas être un héros»

«Il y a trois situations typiques où le courage civique est nécessaire. Premièrement, lorsque des slogans sont criés sans fondement, par exemple dans la salle des professeurs, lorsque que l’on parle en mal d’un collègue absent. Le courage civique serait alors de recommander au critiqueur de traiter le sujet en tête-à-tête avec le collègue. Le niveau d’escalade suivant est l’agression vulgaire verbale, où une per­sonne présente est souvent attaquée – par exemple, une femme africaine qui est en bus et entend un voyageur se moquer: ‹Comment est-elle attifée, celle là, elle ne vit de toute façon que de notre poche.›
Il y a différentes façons de réagir, et vous pouvez choisir en fonction de votre propre tempérament. Certains disent à la victime – et c’est une stratégie très efficace: ‹Je trouve votre tenue très présentable et s’il vous plaît, vous pouvez vous asseoir à mes côtés.› Celui qui se sent assez courageux, peut répondre au provocateur directement et dire: ‹Vous manquez de respect, s’il vous plaît, arrêtez ces sottises.›
La plus sensible des situations est la bagarre. Nous ne pouvons pas, bien sûr, la reproduire en jeu de rôle. Nous nous la représentons donc par la pensée. Une scène sera décrite aux participants de la sorte:
Des adolescents tapent sur un sans-abri. Tous s’imaginent cette scène en témoins de l’incident et la façon de répondre correctement – comment rester calme et contrôler sa propre agressivité. Ensuite, il faut se faire une idée globale de la situation et organiser de l’aide.»

Source: Veronika Brandstätter-Morawietz, «Berliner Zeitung» du 30/08/07

On peut apprendre le courage civique

Des entraînements au courage civique pour différents âges (enfants, adolescents, adultes) existent, au cours desquels les participants apprennent le savoir et la faculté de prouver, dans des situations diffé­rentes, leur courage civique et d’intervenir selon les circonstances. La chaire de psychologie générale (motivation) de l’université de Zurich offre un entraînement pour promouvoir le courage civique, qui est décrit ici. L’entraînement a comme thème: «De petits pas au lieu d’actions héroïques». Il est basé sur les découvertes psychologiques les plus récentes par rapport aux conditions du courage civique. Selon le mo­dèle des piliers le savoir et le comportement sont renforcés. L’entraînement contient les modules suivants:
•    réflexion sur la base de ses propres convictions et valeurs morales et expériences en relation avec le courage civique;
•    transmission du savoir psychologique à l’arrière-plan de la discrimination, de la violence et des conditions du cou­rage civique;
•    transmission des conseils de comportements concrets: ce qu’on peut faire dans une situation critique et ce que l’on ne doit faire en aucun cas;
•    l’entraînement au comportement concret et courageux dans des jeux de rôles et des exercices de simulation mentaux;
•    l’élaboration de plans de comportement individuels pour des situations de courage civique à venir.
Former un partenariat
Les participants sont préparés de mani­ères différentes à des incidents dans des contextes divers (violence entre des élèves, devises des tables d’habitués, provocations et bagarres en public, harcèlement moral au travail, violence en famille). Une question étonnée à une déclaration discriminante, une protestation énergique à une remarque méprisante, un mot sympa envers une personne exclue – ces petits pas sont possibles pour tout un chacun. Le courage civique ne demande pas d’actions héroïques et non plus de changer les auteurs de discriminations.
Le courage civique à l’école
L’entraînement zurichois au courage ci­vique était à la base du module de formation continue «entraînement au cou­rage civique» dans le cadre du programme de la Commission des Länder de la Fédération allemande «apprendre et vivre la démocratie», qui a été réalisé de 2002 à 2007. Le but de ce programme qui a été établi sur tout le territoire fédéral était de soutenir les élèves dans l’acquisition de compétences centrales pour la vie dans une démocratie.
Effectivement le courage civique ne peut pas être étudié en dehors du contexte des valeurs morales – le courage civique a besoin d’un fondement orienté sur des valeurs humaines! La réflexion sur ces questions peut soutenir la disposition et la capacité, justement au seuil de l’âge adulte, d’animer d’une ma­nière responsable les processus communau­taires.

Source: Veronika Brandstätter-Morawietz «Petits pas au lieu d’actions héroïques», NZZ-Folio 4/08, p. 33–35