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18 juillet 2016
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Horizons et debats  >  archives  >  2009  >  N°2, 19 janvier 2009  >  Utilité économique des plans de relance [Imprimer]

Utilité économique des plans de relance

par Reinhard Koradi

Les gouvernements n’ont plus aucun doute. Alors qu’il y a quelques semaines, les politiques s’employaient à nous rassurer et avaient recours à des manœuvres dilatoires, ils nous préparent maintenant à une récession accompagnée d’une augmentation du chômage. Il s’agit la plupart du temps d’encouragements à tenir bon associés à la promesse que tout ira mieux à partir de 2010. Des plans de relance de centaines de milliards sont censés contribuer à vaincre la récession. Des programmes de création d’emplois par les pouvoirs publics sont destinés à protéger contre le chômage qui menace. Naturellement, l’argent provient des caisses fédérales (finances publiques). Comme cet argent ne peut être mis à disposition qu’au prix d’un accroissement de la dette, ce sont les contribuables qui trinqueront. Mais le contribuable ordinaire va-t-il profiter des mesures de soutien ou l’étranger en sera-t-il le bénéficiaire?

L’OMC et les accords bilatéraux avec l’UE sont un obstacle aux plans de relance

Pourquoi cette question? Comme les autres membres de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), la Suisse s’est engagée à lancer, à partir d’un certain montant, des appels d’offres internationaux pour les marchés des biens et des services ainsi que ceux du bâtiment. Officiellement, cette mesure vise à encourager la transparence et la concurrence dans les commandes publiques grâce à l’ouverture du marché. Les règles de l’OMC concernent les marchés publics de la Confédération et des cantons ainsi que ceux des entreprises publiques des secteurs de l’eau, de l’électricité et des transports. Avec l’accord bilatéral sur les marchés publics conclu entre la Suisse et l’Union européenne, le domaine d’application des règles de l’OMC a été étendu. Les commanditaires des marchés des districts et des communes, ceux, publics et privés, des secteurs du rail, du gaz et du chauffage ainsi que les entreprises privées de l’eau, de l’électricité, des transports et du bâtiment sont tenus de lancer des appels d’offres internationaux. Cet accord léonin a privé la Suisse de son autonomie en matière de politique économique nationale: elle ne peut donc plus appliquer de plans de relance répondant aux besoins des entreprises et des salariés suisses et, par conséquent, profitables à l’économie de notre pays. Certes, on va nous expliquer que la Suisse peut également profiter de plans étrangers mais cet argument ne peut pas occulter le fait que les accords internationaux nous ont privés de la possibilité de défendre nos intérêts. Les accords bilatéraux ont rendue impossible une politique économique capable de s’adapter aux fluctuations conjoncturelles et de sauvegarder l’emploi. A l’époque de la crise pétrolière, au début des années 1970, le slogan «Achetez suisse» était encore politiquement correct. Peut-être serait-il temps de repenser à la valeur du travail indigène.

Les plans de relance ne se justifient que si l’on applique le droit d’urgence

La situation économique d’aujourd’hui et de demain nécessite des mesures extraordinaires qui impliquent notamment que l’on abolisse la règle de l’OMC et l’accord bilatéral sur les marchés publics. Comme les milliards proviennent du contribuable, celui-ci a le droit de demander que son argent profite au peuple suisse.
Tous les peuples, pas seulement les Suisses, doivent se poser la question fondamentale suivante:
A qui doit profiter l’économie, à la population indigène ou au grand capital et à quelques multinationales? La crise financière et économique pourrait être l’occasion de savoir si les peuples veulent se réapproprier leur droit à l’autodétermination ou si le néoconservatisme à la Friedman va continuer à rendre les peuples impuissants. Il s’agit là d’une option décisive qu’il nous faut prendre en commun.     •