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18 juillet 2016
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Horizons et debats  >  archives  >  2012  >  N°34|35, 27 août 2012  >  Contre les anti-historiens [Imprimer]

Histoire originelle de la Suisse

par Christian Favre

Le dernier article signé Catherine Cossy dans le journal «Le Temps» du 31 juillet me fait réagir. On assiste en effet depuis quelques années a une continuelle remise en question de l’histoire fondamentale de la Suisse, celle-ci ne devant plus se référer aux combats des Waldstaetten­ mais uniquement à la volonté de citadins et surtout de révolutionnaires issus de la Révolution française et bien sûr de Napoléon. Vraiment? Vous croyez sincèrement que sans les combats incessants des Schwyzois et de leurs voisins pour acquérir leur liberté, non seulement face aux Habsbourgs mais également face à la seigneurie locale, laïque et ecclésiastique, sans ces combats donc, les citadins, sans ces exemples en auraient fait de même? Cela est parfaitement exclu pour la simple et unique raison que ces citadins, Berne par exemple, n’étaient pas unis et dépendaient justement des paysans, paysans que ces citadins ont continuellement menacé pour aboutir à la guerre des paysans. Si les Waldstaetten ont réussi c’est précisément qu’ils étaient unis et n’avaient aucun chef charismatique ou très peu. Et peu importe le pacte de 1291, le Grütli ou encore Guillaume Tell, la vérité ce sont des combats et encore des combats gagnés. Ce fut une guerre de libération réussie, point – et c’est pour cette raison que les Suisses fêtent le 1er Août.
Je le répète, sans ces combats originels, pas de Suisse. C’est mon point de vue et ce n’est pas celui des historiens contemporains, de tous?
Venons encore sur le rôle de Napoléon que l’on n’arrête pas de glorifier, sans nuance. Car voyez vous, Napoléon était avant tout un chef de guerre hyper-impérialiste avant d’être aussi prévenant pour les Suisses qu’il avait tout de même envahis. Donc certes le résultat fut assez miraculeux, c’est vrai, mais avant cela, ce que l’on veut ignorer, c’est que la Suisse*, surtout alémanique avait été totalement pillée et crevait de faim, au point de devoir être secourue de l’extérieur. Et oui, Napoléon a voulu des cantons autonomes, mais pourquoi? Par altruisme? Allons donc, il avait en fait une peur bleue que les Suisses, étant bien placé pour connaître leur combativité, s’organisent pour créer une armée unie et forte, voilà ce qu’il redoutait avant tout. Mais finalement, sans même le vouloir, il avait trouvé la meilleure solution pour qu’un pays tienne le coup ensemble: le diviser. Ainsi donc point de bloc alémanique ou romand mais de petites entités bien capables de se chicaner en temps de paix et de s’unir en cas de danger comme ce fut le cas au cours de la Seconde Guerre mondiale.
Conclusion: l’Histoire devrait toujours être débattue et jamais assénée – et il en est de même de mon point de vue.

Sources: Histoire militaire de la Suisse, cahiers 1 à 4; divers historiens

*territoire suisse actuel

Contre les anti-historiens

Christian Favre, auteur du livre «La Suisse avant et pendant la Seconde Guerre mondiale», remet l’histoire suisse à l’endroit

ts. Alors que la rhétorique belliciste d’Israël contre l’Iran se renforce de plus en plus et que l’Administration Obama menace de faire abattre les avions de combat israéliens par ceux d’Arabie saoudite – il semble que les menaces de guerre israéliennes dérangent la planification de la seule Puissance mondiale restante et ne correspondent pas aux plans de l’Empire –, et pendant ce temps l’UE chancelle d’une crise à l’autre, se comporte de manière toujours plus dictatoriale et bafoue la volonté du peuple. Après le mariage Rothschild-­Rockefeller, on repère tous azimuts des adeptes prêts à imposer les plans de la Haute-Finance aussi aux citoyens européens, pour les plumer impitoyablement jusqu’au dernier sou. Selon le modèle américain, où Goldman Sachs s’est arrogé des tâches étatiques telles que la gestion d’établissements pénitentiaires, la prévention dans le domaine de la santé publique, l’enseignement etc., la tyrannie bancaire va jusqu’à transformer à une vitesse vertigineuse les démocraties, ou ce qui en reste, en sociétés anonymes qui ne pensent plus qu’aux profits.
A tout moment et partout, on ressent que les dispositifs de protection que les citoyens des diverses Nations européennes ont obtenus de haute lutte depuis la Paix de Westphalie de 1648 et le Siècle des Lumières – à savoir l’Etat-nation souverain et intangible –, que ces remparts contre l’exploitation du citoyen, par l’avidité des élites oligarchiques au pouvoir, sont voués à être rasés. Que ce soit à l’aide des Espaces métropolitains, des Parcs naturels, de la prétendue promotion de l’espace rural, de la création d’euro-régions transfrontalières, de l’évacuation planifiée des habitants de régions entières suite à l’introduction artificielle de grands prédateurs tels que le loup et l’ours et, notamment aussi, à l’aide de la soumission à l’économie de l’école et de l’enseignement en général.
Mais il y a aussi la révision de l’histoire de nos pays pour aliéner la génération future de son passé, afin de créer une masse informe de sujets ne disposant plus que de «connaissances de base» rudimentaires et n’osant plus mettre en question l’hydre européenne soumise à l’empire financier des Rothschild/Rockefeller.
Pour former la 5e colonne et le groupe des «idiots utiles», on trouve toujours des arrivistes qui, dans l’esprit de l’«assassin financier» selon le modèle décrit par John Perkins, sont prêts à vendre leur cerveau aux élites financières et à se faire ensuite récompenser pour leurs services par des chaires d’histoire. Ceci au détriment des historiens véritablement sérieux dont on refuse le mémoire de qualification pour l’enseignement universitaire, sans même l’avoir lu et encore bien moins l’avoir apprécié au niveau du contenu.
La situation en Suisse est particulièrement accablante puisque là, un groupe d’historiens à la Bergier, fatigués de la patrie et corrompus, décide de la consécration universitaire des jeunes historiens: ce n’est qu’un petit groupe de personnes choisies selon des critères non-dévoilés, prêtes à bafouer la Suisse et soumises à l’Empire – donc des arrivistes qui, docilement, salissent l’histoire suisse, je m’excuse: la «déconstruisent» – qui sont hissées sur les chaires universitaires et auxquelles on offre, dans les médias nivelés et corrompus et à la télévision programmée à la sauce de Weck, l’espace et le temps nécessaire pour qu’elles puissent y débiter leurs paroles vaines, destructives et malhonnêtes.
Un de ces soi-disant experts de l’histoire suisse, peu glorieux et plus que pénible, est Thomas Maissen, affublé d’un professorat à Heidelberg – pauvre Heidelberg! –, dont on favorise de manière envahissante la vente de son livre sur l’histoire de notre pays. Son ouvrage minable ressemble à une mise à sang – ou faut-il dire au massacre – de tout ce qui distingue notre histoire. On n’a vraiment pas envie de répéter ici les élucubrations de ce monsieur – ses altérations des faits et ses allégations mensongères, qu’on retrouve dans un article du quotidien «Le Temps» du 31 juillet – qui sont une insulte à la réalité historique et qui poursuivent le seul but d’affaiblir la Suisse pour la préparer à être incorporée dans l’Empire. «La Suisse: une construction artificielle» – comme si la recherche historique sur le communalisme n’avait jamais eu lieu, comme si personne n’avait jamais décrit la naissance des structures étatiques suisses qui se sont développées, dès la fin du Moyen-Age, à partir des coopératives. «Napoléon, le grand sauveur» – comme si sa tyrannie impériale avec ses ravages, ses carnages, ses pillages et ses viols n’avait jamais eu lieu, comme si les orphelins de Stans n’avaient jamais existé, et comme si Anker et Pestalozzi avaient poursuivi des chimères. Au XIVe siècle, seules Zurich et Berne, donc la Suisse «urbaine», auraient garanti le maintien des alliances des Confédérés – comme si ce n’était pas en réalité les liaisons, uniques en leur temps, entre les communautés urbaines et rurales, organisées selon le modèle coopératif, qui ont fourni les bases pour l’avènement de la démocratie directe qui s’est développée par la suite, fait connu et estimé dans le monde entier et pour lequel on nous envie.
Le fédéralisme ne plaît pas non plus à M. Maissen, raison pour laquelle il fait insérer dans l’article une illustration intitulée: «Les ancien cantons sous la protection de l’Empire», le Saint-Empire. Voilà une instrumentalisation classique, contraire à l’histoire, d’un ancien combat des cantons contre l’Empereur, qui a abouti de facto aux guerres de Souabe, puis de jure à la Paix de Westphalie, et ainsi à l’indépendance de la Confédération du Saint-Empire romain germanique. Mais là au moins, M. Maissen procède de manière si primitive qu’il s’avère clairement que le tout est un travail sur commande: La Suisse doit se soumettre, aujourd’hui à nouveau, au joug de l’Empire! Tout le monde n’est pas capable de démasquer sa conception idéologique de l’histoire, de manière – comment la décrire? – aussi franche, primitive, candide, retorse, pleine de chutzpah. Là, l’auteur semble suivre la devise de Leo Strauss, le père originel des manœuvres impériales: Puisque les êtres humains sont si bêtes, ils ont besoin de mensonges et ils ont aussi besoin d’être exploités, car ils ne supporteraient pas la vérité.
Outre son excellent livre sur la véritable histoire suisse, dans laquelle il rectifie les mensonges du rapport Bergier, c’est le grand mérite de Christian Favre d’être toujours à nouveau prêt à riposter aux anti-historiens qui crachent du venin. Sa contribution  publiée ci-contre est la réaction à l’interview dudit Thomas Maissen accordé à Catherine Cossy dans l’édition du «Temps» du 31 juillet, donc précisément à l’occasion de la Fête nationale suisse – une réelle aberration: pouvez-vous imaginer que d’autres Nations telles que les Etats-Unis, la France, la Grande-Bretagne, Israël ou la Russie ouvrent, à l’occasion de leur Fête nationale, les colonnes de leurs médias à un quelconque individu à la solde de l’étranger et haïssant son pays! Aux Etats-Unis, qui se trouvent depuis le 11-Septembre dans une guerre voulue par eux-mêmes, un tel comportement serait qualifié au minimum de haute trahison.     •