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18 juillet 2016
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Horizons et debats  >  archives  >  2010  >  N°49/50, 29 décembre 2010  >  Engagement – Rea Ammann, bénévole à la Croix-Rouge Jeunesse [Imprimer]

Engagement – Rea Ammann, bénévole à la Croix-Rouge Jeunesse

Le regard franc de l’amitié

A 16 ans déjà, Rea Ammann en voulait plus que ses camarades. Pas plus d’habits, de sorties ou de vacances, mais plus de solidarité. Lors d’une conférence donnée par la Croix-Rouge de Bâle-Ville il y a quatre ans, elle a découvert la possibilité de s’engager socialement auprès de la Croix-Rouge Jeunesse.
A entendre la jeune femme de 20 ans évoquer aujourd’hui son «engagement social», on hésite à associer ce terme à la notion de pur bénévolat, car elle y ajoute une dimension plus personnelle: l’amitié. Par respect, Rea Ammann parle de ses deux «clients» de façon très professionnelle, mais on sent bien à chaque phrase qu’il s’agit moins pour elle d’un travail que d’un loisir un peu spécial dont les deux parties profitent.

Un bon dialogue de femme à femme, les deux en profitent

Rea Ammann savait dès le départ qu’elle voulait s’engager pour des jeunes de son âge. La Croix-Rouge Jeunesse dispose d’une banque de données lui permettant de mettre en contact les personnes qui souhaitent apporter bénévolement leur aide avec celles qui en ont besoin. Pour commencer, la jeune fille a donc rencontré un adolescent de 16 ans souffrant d’une forme légère d’autisme et a été instruite par sa mère des particularités inhérentes à ce handicap. Aujourd’hui, ils se voient un peu moins souvent qu’avant mais ont gardé le contact. Quand le jeune homme a besoin d’habits neufs, Rea Ammann est la styliste rêvée. «Ce n’est pas la même chose de se faire accompagner par sa mère ou par quelqu’un de son âge», dit-elle en souriant.
«Beaucoup pensent qu’il faut avoir des capacités particulières et croient ne pas être à la hauteur.»

«C’est parce que beaucoup pensent qu’il faut avoir des capacités particulières et croient ne pas être à la hauteur.»

A 20 ans à peine, la jeune femme semble déjà posséder expérience et maturité. Pas étonnant qu’elle veuille suivre une formation d’assistante sociale qui lui permettra d’exprimer toute son empathie. Toujours de bonne humeur, sans être exubérante, elle parle franc et répond de façon simple, précise et rapide aux questions – sauf quand on l’interroge sur les aspects négatifs de son engagement bénévole. Là, elle a beau chercher, elle n’en trouve pas. Tout paraît tellement facile et évident avec elle que l’on se demande forcément pourquoi il n’y a pas plus de jeunes qui s’engagent pour autrui. «A mon avis, c’est parce que beaucoup pensent qu’il faut avoir des capacités particulières et croient ne pas être à la hauteur. Ou alors ils ne savent pas où s’adresser. Mais la Croix-Rouge Jeunesse est là justement pour nous conseiller et nous former.»
Rea Ammann l’a appris: «Les personnes handicapées connaissent parfaitement leurs limites et savent ce qui est faisable ou non.» Ainsi Manuela Saladin l’a-t-elle souvent épatée: depuis un an et demi, cette jeune femme paraplégique et elles vont régulièrement prendre un verre ensemble, faire du shopping ou voir un film. Elles ont même essayé les montagnes russes les plus rapides et les plus folles à la foire d’automne de Bâle. «Jamais je n’aurais pensé que ce serait possible. Et pourtant si! Tout le monde nous a spontanément donné un coup de main avec le fauteuil roulant et nous a aidées à monter dans les wagonnets. C’était génial!» Lorsqu’elle pense à une nouvelle sortie, elle l’envisage automatiquement en fonction de la situation et de l’accessibilité en fauteuil roulant. «Faire les magasins ne pose en général pas de problème, mais aller au cinéma, c’est déjà plus compliqué.» Quoi qu’il en soit, son sens inné des responsabilités fait toujours merveille. Et l’on s’imagine bien les deux jeunes femmes profiter de leur temps libre au point d’en oublier presque le handicap de l’une. Oui, Rea Ammann est une amie en or.    •

Source: Magazine «Humanité» de la CRS, no 4/2010