«On fait du chantage aux communes pour qu’elles demandent des écoles uniques»

Bade-Wurtemberg vert-rouge

par Karl Müller

Dans le traité de coalition du gouvernement vert-rouge du Land Bade-Wurtemberg, on peut lire que le gouvernement vert-rouge et la majorité parlementaire tiennent à «une politique qui est sur un pied d’égalité avec les citoyens». On veut «renforcer la démocratie parlementaire représentative par des éléments de la démocratie directe. […] Le renforcement de la participation et de l’implication des gens doit devenir un signe caractéristique de la nouvelle culture politique au Bade-Wurtemberg.»
Pourtant, la politique mise en œuvre par le gouvernement est toute différente.
Un parti d’opposition du Land, l’Union chrétienne-démocrate (CDU), a repris ce point du traité de coalition. En juin, Thomas Bareiss, chef du district sud du Bade-Wurtemberg de la CDU, a exigé un vote populaire sur l’introduction de l’école unique (Gemeinschaftsschule): «L’école unique va tellement bouleverser le paysage de la formation que cela ne peut pas se faire sans la participation des citoyens. Il s’agit de savoir comment nous nous positionnerons dans la politique de l’éducation au cours des prochaines décennies.»
La réponse de la ministre de l’Education à la demande d’un vote populaire montre bien ce que le gouvernement pense réellement de davantage de démocratie directe. Lors d’une interview avec la «Südwest Presse» à Ulm du 3 juillet, elle a éludé la question et a qualifié la demande d’un vote populaire d’«expression de l’état de la CDU». Puis elle a ajouté que les élections de mars 2011 avaient été un vote populaire – cette déclaration montre bien ce que le gouvernement à Stuttgart entend par les termes «vote populaire» et «davantage de démocratie directe».
La déclaration de la ministre n’est pas une erreur. Quand on participe à des réunions à propos des écoles uniques, on s’aperçoit vite que le projet central du gouvernement du Land de Bade-Wurtemberg est très contesté. Le gouvernement se cache derrière des phrases qui sonnent bien, tout en évitant une discussion sincère et concrète sur le concept pédagogique et les conséquences politiques de ce projet d’écoles uniques. Au lieu de cela, on fait pression sur les autorités scolaires locales, surtout dans les régions rurales, typiques pour le Land Bade-Wurtemberg: Soit vous optez pour une école unique, soit il vous faut renoncer tôt ou tard à votre école locale. «Nous nous voyons menacés par le gouvernement de solliciter l’introduction d’une école malsaine. Aucun conseiller municipal ne peut se permettre au niveau politique de renoncer à une école locale si jamais un type d’école était praticable – n’importe lequel.» Cette déclaration d’un conseiller municipal de la région correspond à l’opinion de beaucoup de conseillers municipaux qui se voient confrontés à choisir entre deux maux.
Le gouvernement vert-rouge prétend ne pas vouloir décréter des écoles uniques et que les autorités scolaires locales doivent pouvoir décider «librement». Toutes les communes menacées de perdre leur école locale doivent pourtant s’apercevoir qu’il s’agit là d’une formule de pure propagande. Le gouvernement déclare à ces communes: «Décidez-vous donc à introduire une école unique!» Des alternatives praticables à la fermeture des écoles ou à l’école unique, comme des associations d’écoles (une forme de coopération étroite entre différents types d’écoles), ne sont pas autorisées par le ministère concerné.
Un sondage de la Forschungsgruppe Wahlen (selon Welt online du 10/6/12) lancé par le gouvernement vert-rouge montre bien le degré de manipulation exercé par ce gouvernement pour susciter des émotions. Selon ce sondage, 69% des interrogés seraient favorables à une école unique. Plus pas dans le texte, on apprend que les interrogés avaient uniquement la possibilité de choisir entre la fermeture de leur école locale ou l’introduction d’une école unique.
Un autre aspect important n’a pas été débattu en public. Si une école peut survivre ou pas, dépend des besoins publics. Les besoins signifient avant tout: il faut avoir suffisamment d’élèves sur place. On a supprimé cette condition pour les écoles uniques. Pendant que tous les autres types d’école doivent lutter pour maintenir leur existence, l’école unique obtient, par la loi, une garantie d’existence. Il est facile de répondre à la question de savoir pourquoi: Le gouvernement vert-rouge cherche à favoriser par tous les moyens le nouveau type d’école, les autres types d’école doivent disparaître peu à peu. Le fait que le gouvernement ait déclaré de redistribuer plusieurs centaines de postes de professeur de lycées aux écoles uniques va dans cette même direction – bien que le nombre d’élèves dans les lycées du Land augmentera l’année prochaine.
En plus, il faut se demander si le gouvernement ne dispose pas d’un projet politique secret. C’est un fait que la politique de l’éducation vert-rouge a bouleversé les écoles et inquiété les parents. Pour les établissements scolaires, surtout pour les lycées professionnels, il n’y a toujours pas de plans pour les postes à attribuer – et cela aujourd’hui même, une semaine avant la fin de l’année scolaire. Le Land n’est pas gouverné de main ferme mais par une sorte de «stratégie de choc». Le «choc» le plus récent: le gouvernement vient d’annoncer de supprimer plus de 8000 postes d’enseignants dans les années à venir. Il fallait faire des économies, dans l’enseignement aussi, déclare-t-on officiellement. Les établissements scolaires, les syndicats d’enseignants et même le GEW (Gewerkschaft Erziehung und Wissenschaft) – jusqu’aujourd’hui dévoué au gouvernement – sont affolés. La secrétaire du GEW à déclaré que les annonces du gouvernement de garantir une meilleure instruction, dans son traité de coalition, ne valaient apparemment pas même «le papier sur lequel elles étaient écrites.»
Est-ce que tout cela relève d’une incapacité politique de Kretschmann et Cie? Ou faut-il soupçonner autre chose? Le fait est que Vert-Rouge est en tête de tous ceux qui veulent détruire les démocraties nationales en Europe – et aussi en Allemagne – pour imposer un «Etat» européen antidémocratique. Ceux qui veulent supprimer la démocratie en général, ne veulent pas d’une école où les enfants sont élevés de manière à devenir des citoyens responsables et favorable à la démocratie. Qui veut supprimer la démocratie sème la zizanie et crée de l’inquiétude.    •