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18 juillet 2016
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Horizons et debats  >  archives  >  2011  >  N°30, 2 août 2011  >  Pour une culture de la vie [Imprimer]

Le mur du silence autour de la sexualisation des enfants et des adolescents est rompu

Interview de Gabriele Kuby*

ef. Du 17 au 22 juin, la sociologue et auteur de livres, Gabriele Kuby, a voyagé en Suisse et elle a donné dix soirées de conférences sur le thème du «Gender Mainstreaming – le renversement de la hiérarchie des valeurs».1 Elle a été invitée par l’association «Zukunft CH» qui a entre autres pour objectif de maintenir l’ordre démocratique libéral de la Suisse, de transmettre des valeurs porteuses d’avenir et de consolider la famille en tant que pilier de la société. Dans des salles bien remplies, les participants pouvaient s’informer sur l’idéologie du Gender et des sujets importants qui y sont liés: une révolution culturelle insidieuse, qui – issue des Conférences mondiales sur les femmes et dirigée par l’ONU et l’UE – dans beaucoup de pays a été déclarée idéologie à implémenter. A l’insu du public, l’idéologie du Gender s’est introduite dans les institutions étatiques, les universités, les établissements de formation jusqu’à la base des écoles et des écoles enfantines. Avec elle, le fondement de valeurs de notre société devra être changé de l’intérieur et détruite. Lors des discussions, beaucoup de participants ont exprimé leur indignation sur les contenus sexualisés de livres ainsi que sur l’éducation sexuelle émancipatrice planifiée et ordonnée par l’Etat dans les écoles et jardins d’enfants en Suisse. Le mur du silence autour du thème du Gender Mainstreaming et ses arrière-plans est rompu grâce à ces conférences.
«Horizons et débats» a parlé avec Gabriele Kuby lors de cette tournée de conférences, et nous publions cette interview qui en résulte.
En marge de cette tournée de conférences, Horizons et débats a eu l’occasion de s’entretenir avec Gabriele Kuby. L’interview publié ci-dessous en est le résultat.

Horizons et débats: Quelle a été pour vous la raison d’entreprendre cette tournée de conférences en Suisse?

Gabriele Kuby: «Zukunft CH» m’a invitée et je leur suis reconnaissante d’avoir pu parler pendant ces dix soirées devant environ 3000 personnes des dangers du Gender Mainstreaming et du danger de la sexualisation des enfants par l’Etat.

Pourquoi est-il important de nos jours de s’occuper du Gender Mainstreaming?

Parce que la société se voit confrontée à la mise en œuvre de l’idéologie du Gender «à tous les niveaux étatiques et non étatiques». C’est ce qu’on peut lire dans le plan d’action du gouvernement suisse de 1999.

Qu’est ce que vous comprenez sous la notion de révolution culturelle et où en sommes-nous aujourd’hui?

Font partie du paquet Gender:
•    l’égalité complète, voire l’«identié» entre hommes et femmes,
•    la dissolution des rôles propres à chacun des deux sexes,
•    le combat contre le caractère normatif de l’hétérosexualité, c’est-à-dire l’égalité complète des sexes sur les plans légal et social, voire le traitement de faveur accordé à tous les modes de vie non hétérosexuels,
•    l’avortement comme «droit humain», dissimulé par la notion de «droits reproductifs»,
•    la sexualisation des enfants et des adolescents par l’éducation sexuelle comme matière obligatoire. En Suisse, il y a le danger que l’éducation sexuelle obligatoire soit introduite de manière généralisée par le plan d’études «Lehrplan 21» suisse alémanique [et son équivalent, le Plan d’études romand (PER) qui entrera en vigueur dès la rentée 2011, ndlr.]

Pouvez-vous dire quelque chose sur l’histoire du Gender Mainsreaming (GM)?

Des groupes de lobbying sans légitimation démocratique ont gagné en tant qu’organisations non gouvernementales (ONG) de plus en plus d’influence sur les organisations internationales telles que l’ONU et l’UE. Le tournant décisif pour le GM a été la grande Conférence mondiale sur les femmes à Pékin 1995: La «plate-forme d’action de Pékin» exige que dans tous les domaines de la sociétés hommes et femmes soient représentés dans la proportion de 50 : 50. Il y a eu là-bas la résistance d’une coalition de familles. Elle a distribué un tract intitulé: «We do not agree». On peut y lire: «La plate-forme d’action de Pékin représente une agression directe contre les valeurs, cultures, traditions et convictions religieuses de la grande majorité de la population mondiale, aussi bien dans les pays en voie de développement que dans les nations industrialisées. […] Le document ne montre aucun respect de la dignité des êtres humains, il essaie de détruire les familles, ignore le mariage, dévalorise l’importance de la maternité, encourage des pratiques sexuelles déviantes, la promiscuité sexuelle et la sexualité pour les adolescents.» Ces phrases résument tout le programme global de la révolution culturelle du Gender Mainstreaming.

Quelles sont les répercussions (les dates clés) de cette stratégie et en quoi consiste l’effet totalitaire de cette stratégie?

L’objectif de la lutte est de pouvoir ancrer la notion floue «d’identité sexuelle» dans les constitutions nationales. L’idéologie du Gender prétend que le genre (de l’homme ou de la femme), est flexible et peut être choisi, et que «le caractère normatif de l’hétérosexualité» doit être déstabilisé. Par conséquent «l’identité sexuelle» peut changer à tout moment. Si l’on réussit à ancrer cette notion dans la Constitution toute «orientation sexuelle» doit être acceptée. Qui croit que le mariage et la famille, fondés sur l’hétérosexualité, doivent être protégés et renforcés comme fondement de la société et doivent être enseignés comme principe de base, cette personne peut être criminalisée pour «discrimination». Cela signifie que les libertés d’opinion et de religion n’existeraient plus.
Les principes de Yogyakarta, masqués par la pseudo-légitimité de l’ONU, représentent une stratégie de révolution culturelle totalitaire. De nombreux Etats, dont la Suisse, encouragent l’adoption des principes de Yogyakarta.
Dans les principes de Yogyakarta, il s’agit d’une acceptation mondiale des comportements non hétérosexuels (LGBT)2 par
1.    la suppression des normes sexuelles judéo-chrétiennes,
2.    la dissolution de l’identité sexuelle bipolaire d’homme et de femme,
3.    la dissolution de la famille, la légalisation des mariages homosexuels avec le droit à l’adoption, les droits des enfants,
4.    des privilèges pour des personnes LGBT
Les méthodes de l’imposition sont entre autres les suivantes:
1.    Saper la souveraineté nationale des Etats
2.    modifier les valeurs fondamentales de la population, avant tout des enfants et des adolescents par une «pédagogie sexuelle émancipatrice»,
3.    la suppression de droits démocratiques au nom de «l’antidiscrimination»,
4.    la criminalisation de la résistance en introduisant de nouveaux faits incriminables tels que l’«homophobie», le «discours haineux» et la discrimination en raison de l’«identité sexuelle».

Quelle est selon vous une véritable égalité des sexes? En quoi consiste actuellement la vraie misère des mères et des pères? De quoi aurait-on besoin actuellement (Family mainstreaming)?

Les hommes et les femmes sont différents et appelés à se compléter mutuellement. L’Etat n’a pas le droit de dissoudre l’identité sexuelle d’hommes et de femmes par l’ingénierie sociale. Nous disposons de l’égalité des droits! Le féminisme radical lutte contre les femmes, les hommes et les enfants. Les conséquences dévastatrices sont évidentes pour tout un chacun. La misère des femmes n’est pas de ne pas pouvoir siéger dans des conseils d’administration, où il s’agit de toute façon seulement de quelques centaines de places. La misère des femmes est qu’elles ne peuvent pas être mères, qu’elles n’ont ni le temps, ni l’espace, ni la reconnaissance, ni le droit à la rente pour le devoir le plus important dans la société: Celui de donner la vie aux enfants et de les former avec le père et au sein de la famille, afin qu’ils deviennent des êtres humains responsables, capables d’attachement, et performants. La misère des pères est qu’il sont diffamés comme machistes patriarcaux et malfaiteurs et qu’il sont massivement désavantagés sur le plan juridique. La misère des enfants se reflète dans les statistiques. Une grande enquête sur la jeunesse en Allemagne (KiGGS) a donné comme résultat que 31% des enfants et des adolescents de 11 à 17 ans ont des comportements perturbés, c’est-à-dire qu’ils se battent, ils mentent, ils font des escroqueries et ils volent. Encore quelques années et ils seront les électeurs qui portent la démocratie. Où est-ce que cela nous mènera?
Bien que la catastrophe démographique menace l’existence physique et culturelle de nos sociétés, on ne change pas de cap. Le Gender Mainstreaming nous enfonce de plus en plus dans la crise. Ce qu’il nous faut ce n’est pas le Gender Mainstreaming mais le Family Mainstreaming.

Dans quelle mesure, de nos jours, une sexualisation de nos enfants a-t-elle lieu?

C’est bouleversant ce qu’on fait aux enfants et aux adolescents. Dans les écoles enfantines et dans les écoles, ils sont de plus en plus sexualisés de force. Leur pudeur est rompue, l’innocence et l’insouciance de l’enfance leur sont dérobées. Là, les médias et l’école agissent ensemble. Les parents ont beaucoup de difficultés à transmettre les valeurs chrétiennes à la nouvelle génération. Les instances de l’Etat créent des structures pour saper les droits des parents avec une éducation sexuelle généralisée et obligatoire depuis l’école enfantine. On présente aux enfants toutes sortes de sexualités déviantes, y compris la sexualité orale et anale comme choix équivalent. Qui clique sur www.lilli.ch, www.amorix.ch, www.kinderschutz.ch ou qui surfe avec les mots clés de «éducation sexuelle» ou «pédagogie sexuelle émancipatrice» sera étonné de ce qu’il trouvera. Les enfants sont encouragés à se masturber et incités à des activités sexuelles. Avec tout cela, la personnalité de l’enfant peut être irréversiblement modifiée. Le nouvel être humain sexualisé à la façon Gender est créé.

Que voulez-vous dire par «Il faut se mettre en colère»?

Les parents, les enseignants, les politiciens, les églises qui ont permis jusqu’à présent sans résistance que tout cela se réalise, doivent enfin se lever et dire: Non! Ni avec mon enfant, ni avec aucun autre enfant non plus! Nous ne voulons pas que toute la jeunesse soit dépravée, car il ne s’agit de rien d’autre. Les parents ont le droit d’être informés et de demander: Qui fait quoi, quand, où et avec quel matériel pédagogique? Ce ne sont pas seulement les mères qui devraient le faire. Les pères également sont invités à protéger leurs enfants et à s’engager dans ce combat culturel. On n’a pu en arriver là seulement parce que depuis des décennies on a détourné le regard en se taisant.
Nous avons besoin d’un programme chrétien alternatif qui prépare les enfants et les adolescents au mariage et à la famille, et qui leur présente dans ce contexte l’importance et le don merveilleux de la sexualité. La sexualité unit et attache un homme et une femme dans l’amour et amène généralement à la genèse d’un être humain. C’est cet amour unifiant qui crée la famille. Il n’y a pour l’être humain pas de plus grande joie qu’un enfant heureux. C’est ainsi et uniquement de cette manière qu’une nouvelle culture de la vie se crée. Toute autre chose n’amène qu’à une culture de la mort, comme le montre la catastrophe démographique.
En Suisse, actuellement tout le monde peut signer une pétition et tout le monde peut récolter des signatures. (cf. Horizons et débats no 29 du 25 juillet). Il faudrait des centaines de milliers de signatures.

Quelle conclusion tirez-vous de votre tournée de conférences en Suisse?

La grande résonance m’a extraordinairement étonnée, moi et Zukunft CH, et je m’en réjouis. Chaque conférence, lors de cette tournée de dix jours, a fait salle comble avec un public de 250 à 600 personnes. J’ai chaque fois senti une grande présence et une grande perplexité. Le mur du silence sur la stratégie étatique du Gender Mainstreaming et sur la sexualisation des enfants et des adolescents est enfin rompu. Maintenant, il faut que les gens agissent.    •

1 Le concept du Gender Mainstreaming est synonyme d’approche intégrée de l’égalité. Le genre (gender en anglais) désigne le sexe social, transmis par l’éducation, c’est-à-dire les rôles, devoirs et intérêts déterminés par la société et la culture. Le mot anglais mainstreaming signifie faire de quelque chose un modèle d’action normal et allant de soi. (cf. la brochure du Bureau fédéral de l’égalité entre femmes et hommes: Approche intégrée de l’égalité dans l’Administration fédérale, p. 6)
2 LGBT = est le sigle de «Lesbian, Gay, Bisexual and Transgendered people» et adapté en français en «Lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres».

* Gabriele Kuby a fait des études de sociologie à Berlin et à Constance. Elle travaille dans son domaine comme conférencière, chargée de séminaire et traductrice. Elle est l’auteur de neuf livres. «Die Gender Revolution, Relativismus in Aktion» (ISBN 3-939684-04-X) a été l’un des premiers ouvrages à mettre en lumière la stratégie internationale d’intégration de la dimension de genre en 2006.