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18 juillet 2016
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Horizons et debats  >  archives  >  2008  >  N°16, 21 avril 2008  >  Toutes les parties doivent revenir à la table des négociations [Imprimer]

Toutes les parties doivent revenir à la table des négociations

Sri Lanka:

L’Afrique du Sud est inquiète face à la montée de la violence au Sri Lanka

L’Afrique du Sud s’est montrée inquiète face à la montée de la violence au Sri Lanka et a appelé à de nouvelles négociations pour en finir avec ce conflit de longue durée. Le ministre adjoint de la Communication sud-africain, Roy Padayachie, a déclaré cette semaine à Londres que «sans la participation des deux parties belligérantes, il ne peut y avoir une solution à ce conflit». Il a assuré que son pays donnerait tout soutien aux mesures favorisant la paix, mais il a critiqué indirectement d’autres pays pour leur intervention en disant que «nous n’imposerons jamais à n’importe quelle partie du monde notre engagement.»

En marge d’un séminaire de deux jours à Londres, organisé par Global Peace Support, une organisation pour la communauté tamoule en exil, Padayachie a déclaré devant les reporters que «l’Afrique du Sud est profondément inquiète face à la montée de la violence au Sri Lanka et en particulier face aux difficultés […] concernant une solution à la question tamoule.»
«Le gouvernement sud-africain s’inquiète du fait que les négociations entre les deux parties au conflit – le LTTE et le gouvernement sri-lankais – sont terminées.»
«Nous croyons – et c’est la conviction et l’avis fondamental de la communauté sud-africaine qui est soutenue par son gouvernement – que tout doit être entrepris pour encourager les parties belligérantes à revenir à la table des négociations.»
«La communauté sud-africaine a annoncé qu’elle était tout à fait certaine qu’il ne peut y avoir de solution à ce conflit sans la participation des deux parties concernées soit le gouvernement sri-lankais et le LTTE.»
Il a ajouté que le LTTE était considéré par le peuple tamoul comme leur représentant authentique.
«Nous pensons que la communauté internationale doit intensifier ses propres efforts pour favoriser la recherche d’une solution paisible au conflit du Sri Lanka.»
Mais il a déclaré: «Ce n’est pas à la communauté internationale de dicter quelles solutions sont nécessaires pour résoudre le conflit. Nous sommes convaincus que c’est l’affaire même des gens vivant au Sri Lanka.»
Il a continué en disant que «c’est l’avis de la population sud-africaine et c’est certainement aussi le nôtre [celui du gouvernement sud-africain].»
Padayachie a fait remarquer en ce qui concerne l’interdiction du LTTE en tant qu’organisation terroriste: «Lorsque nous avons conduit la guerre de libération contre l’Apartheid, le Congrès national africain (CNA) était interdit en tant qu’organisation terroriste.»
Padayachie a ajouté: «Nous n’avons jamais accepté cela. Nous avons combattu et nous nous sommes défendus.»
«Une des questions stratégiques essentielles autour de laquelle nous nous sommes mobilisés était la création de véritables conditions pour les libres activités politiques afin que les êtres humains puissent participer ouvertement et sans peur des lois répressives au dialogue et aux débats qui étaient nécessaires pour former une Afrique du Sud libre et démocratique.»
«Nous avons argumenté que pour créer une base favorisant des conditions qui permettent la négociation d’une solution pour l’Afrique du Sud il était nécessaire de lever […] les interdictions de nos organisations et de libérer les prisonniers politiques.»
«Tous cela constituait des obstacles dans notre combat et nous avons dû les attaquer directement. Nous avons dû mobiliser notre communauté et la communauté internationale pour éliminer ces obstacles.»
Il a déclaré à l’adresse des journalistes tamouls: «C’est la leçon qui résulte de notre expérience et je pense qu’elle est importante pour votre combat.»
Padayachie s’est trouvé à Londres pour représenter le gouvernement sud-africain lors d’un séminaire sur le conflit au Sri Lanka qui a eu lieu les 22 et le 23 mars à l’Université d’East London.
Dans son exposé durant le séminaire, Padayachie a confirmé que son gouvernement ait réclame de nouvelles négociations entre le LTTE et le gouvernement sri-lankais et que le soutien d’une tierce partie était importante.
En outre, il a souligné que «pour revenir à la table des négociations dans une phase déterminée, la médiation par d’autres parties bien intentionnées et respectées par les deux protagonistes serait probablement nécessaire.»
«En ce qui concerne l’Afrique du Sud, nous ne pouvons pas nous engager à propos d’un conflit dans une partie quelconque du monde aussi longtemps que nous n’avons pas été invités par les deux côtés. Lorsque nous sommes allés au Zimbabwe, en Côte d’Ivoire ou au Burundi, c’était sur invitation des deux parties belligérantes.»
De plus, il a déclaré que «jamais, nous n’imposerons notre engagement à une partie quelconque du monde.»
En se référant aux expériences du CNA avec le régime de l’Apartheid, le ministre adjoint a souligné qu’il devait y avoir «toute une suite d’entretiens» avant les négociations régulières.
Il a ajouté: «Nous [le CNA] avons initié le procédé des négociations. Nous avons émis des conditions préliminaires. Nous avons dit: ‹Ne vous attendez pas à ce que nous parlions avec le gouvernement de l’Apartheid et à ce que nous déposions nos armes, si vous ne levez pas les interdictions [de nos et d’autres] organisations, si vous ne libérez pas les prisonniers politiques et si vous ne créez pas des conditions pour de libres activités politiques›.»
«Le CNA a dit au régime de l’Apartheid que ‹si vous montrez votre volonté à satisfaire toutes ces conditions, alors nous serons prêts à abandonner le combat armé et à entrer dans la phase des négociations›.»
Padayachie a fait remarquer que dans toutes négociations la question était de savoir qui sont les représentants crédibles et légitimes: «J’ai reçu de collègues du Tamil Centre for Human Rights (Centre tamoul pour les droits de l’homme) un pamphlet très intéressant.»
«C’est vraiment un pamphlet brillant. J’aimerais le conseiller à chacun. Il s’intitule: ‹Le droit du peuple tamoul à l’autodétermination›.
«Je désire vous lire un passage qui, je crois, exprime bien ce que pensent les populations sud-africaines concernant le dirigeant authentique [des Tamouls] et la crise au Sri Lanka», dit-il.
Le ministre adjoint a souligné que le cessez-le-feu de 2002 était de la part du gouvernement sri-lankais une reconnaissance officielle et de droit du LTTE comme une des parties du conflit.
Il a ajouté qu’une autre reconnaissance du LTTE comme représentant des Tamouls était la levée de l’interdiction du LTTE par le gouvernement sri-lankais avant les négociations. De plus, Colombo a conduit plusieurs séries d’entretiens avec le LTTE dans des capitales internationales pour rechercher une solution politique au conflit.
En outre, il a souligné que la Tamil National Alliance (TNA) avait obtenu lors des élections parlementaires de 2004 un mandat percutant. «Dans son progamme électoral, la TNA avait écrit qu’elle reconnaissait la direction du LTTE comme la direction nationale des Tamouls.»
Padayachie a cité un extrait du pamphlet: «Dans le climat politique actuel, qui est marqué par la guerre contre le terrorisme, il est probablement temps pour la communauté internationale de remettre en question et d’examiner son estimation concernant le LTTE en tant que groupe terroriste car il est apparent qu’il recourt au droit à l’autodéfense pendant qu’il se bat pour le droit à l’autodétermination.»
«La communauté internationale doit prendre une attitude neutre face à ce conflit, elle doit donner au LTTE un soutien diplomatique pour pouvoir négocier avec le gouvernement sri-lankais. Si la communauté internationale veut la paix dans cette partie du monde, elle doit favoriser ce processus.»
Padayachie a déclaré: «C’est clair pour nous tous que ce pamphlet exprime ce que ressent toute personne éprise de paix et de démocratie dans le monde entier face à la situation au Sri Lanka.»
«Et Mesdames et Messieurs, aujourd’hui il est absolument clair que les deux défis que nous avons devant nous ont toute priorité, c’est-à-dire d’abord de garantir qu’on travaillera dur – que ce soit au sein du gouvernement, de la société civile, des ONG ou d’une communauté quelconque – pour soutenir un retour au cessez-le-feu et à la table des négociations. En même temps, il faut intensifier nos efforts dans la communauté internationale pour soutenir une paix permanente au Sri Lanka.»
Des sources de l’Université d’East London ont rapporté cette semaine que celle-ci aurait été victime d’une énorme pression de la part du Haut commissariat sri-lankais à Londres afin qu’elle renonce à être le lieu de rencontre de ce séminaire.
En se référant à la critique acérée du Sri Lanka, l’université avait retiré au premier abord son autorisation pour cette manifestation. La direction de l’université a alors rencontré des représentants tamouls de la diaspora qui ont contesté la décision. Comme on l’a dit, après un entretien sur le caractère de cette manifestation et les participants, la direction de l’université a cependant décidé de maintenir le contrat avec Global Peace Support.    •

Source: www.tamilpress.com du 4/4/08