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18 juillet 2016
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Horizons et debats  >  archives  >  2010  >  N°37, 27 septembre 2010  >  Le loup n’a pas sa place en Suisse [Imprimer]

Le loup n’a pas sa place en Suisse

par Roberto Schmidt, conseiller national (PCS/PDC)

Le loup préoccupe beaucoup de monde, non seulement les éleveurs qui craignent pour leur moutons, leurs chèvres et leurs génisses, les écologistes, qui souhaitent une libre propagation du prédateur en Suisse mais aussi les autorités fédérales et cantonales qui, lorsque les loups sévissent, doivent prendre des mesures rapides. Et finalement, nous autres politiciens sommes appelés, au Parlement, à décider s’il faut continuer à considérer le loup comme un animal «strictement protégé», comme le prévoit la Convention de Berne de 1979 bien que dans le monde, il ne soit plus menacé d’extinction.
Depuis cet été, le loup est devenu un sujet âprement débattu dans toute la Suisse. De nombreux Alémaniques comprennent mal qu’une bête ait été tuée en Valais le 11 août après qu’elle eut attaqué quinze moutons et deux génisses – prétendent certains médias. On considère les Valaisans comme des criminels et, au-delà du Lötsch­berg, on réclame le dépôt d’une plainte contre les Valaisans insoumis et des défenseurs fanatiques des animaux adressent des menaces de mort aux adversaires des loups.
Certes, les émotions sont fortes dans les deux camps, mais nous autres Valaisans n’en sommes pas pour autant des criminels. Nous ne faisons que défendre nos animaux domestiques et nos animaux d’élevage. Et tous les autres cantons feraient de même s’ils étaient victimes d’autant d’attaques de loups. Je voudrais bien savoir comment ils réagiraient si les loups faisaient autant de ravages chez eux. Ce n’est pas en Valais que l’on a tué des ours et des lynx! Il vaudrait la peine de tenter l’expérience consistant à introduire un ou deux loups sur l’Uetliberg zurichois ou le Gütsch lucernois pour voir si les «citadins» les chouchouteraient encore.
Certains «défenseurs des animaux» semblent oublier que les moutons, les chèvres et les génisses sont des animaux domestiques au même titre que les chiens ou les chats. La protection des animaux ne vaut-elle pas pour les animaux domestiques? Que diraient les partisans des loups si un de ces prédateurs s’attaquait à leurs chiens ou à leurs chats? Nous voulons que l’on protège les animaux domestiques et les animaux d’élevage et non les prédateurs. Pourquoi devrait-on protéger le loup davantage que l’ours ou le lynx? Les amis des loups devraient voir de leurs propres yeux les carnages qu’ils causent: le loup arrache les pattes et d’autres parties du corps de l’animal vivant et dévore ses viscères. Parfois les victimes vivent encore plusieurs heures avant de crever dans d’atroces douleurs ou d’être abattues. Il s’agit là de la pire cruauté envers des animaux.
Lorsque les associations écologistes n’ont plus d’arguments en faveur de la réintroduction des loups, ils prétendent que l’on peut protéger les quelque 250 000 animaux estivés avec des chiens, des ânes et des bergers. Certes, la protection des troupeaux telle qu’elle est prévue dans le Plan loup peut être une mesure valable dans certains alpages, mais elle échoue face à des meutes et lors d’attaques de gros bétail. Dans les régions de montagne, il y a de nombreux alpages où, pour des raisons topographiques, les mesures de protection sont impossibles ou, dans le cas de petits troupeaux, extrêmement chères. Pour le seul canton du Valais, une protection totale des troupeaux coûterait entre 7 et 14 millions de francs. Les contribuables suisses doivent-ils payer si cher pour protéger 12 à 15 loups? Ce serait disproportionné. En outre, récemment, dans l’Entlebuch, des loups ont attaqué des troupeaux qui étaient pourtant protégés par des chiens. Et finalement, il ne faut pas négliger le danger que représentent ces chiens pour les promeneurs, les tou­ristes et les amateurs de cristaux de roche ou de champignons. Les chiens ont une mission de protection et lorsque des hommes se trouvent sur leur chemin et se comportent de manière maladroite, ils peuvent à leur tour devenir des «loups».
Le loup a sa place quelque part, mais pas dans la Suisse qui est très peuplée et où, contrairement à d’autres pays, on exploite des alpages et des pâturages jusqu’à 3000 mètres d’altitude. C’est pourquoi on ne peut absolument pas comparer notre situation avec celle de l’Italie, de la Hongrie et de la Russie. Sait-on quelles seraient les conséquences d’alpages non exploités? Ceux qui critiquent nos bergers et nos éleveurs seraient-ils disposés à effectuer le même travail dans les mêmes conditions difficiles?
Le loup a besoin de grands espaces sauvages qu’il ne trouve pas chez nous. Ici il perd visiblement ses craintes et s’attaque aux moutons et aux bovins et même, en hiver, à nos poules. Lorsque, récemment, après une attaque de loups, j’ai osé lancer le slogan «Aujourd’hui les génisses, demain les enfants», je me suis rendu compte que je n’étais pas si éloigné de la réalité, vu les expériences faites par d’autres pays.
Le fait de tirer tel ou tel loup ne suffit pas à résoudre le problème. Quand les loups se seront accouplés en Suisse, nous ne pourrons plus maîtriser les meutes. J’espère que lors de la session d’automne, le Parlement fédéral abordera enfin les interventions en suspens concernant le problème des loups. Elles demandent notamment la suppression du statut de protection absolue, davantage de compétences des cantons pour la régulation préventive et l’élimination des loups des alpages que l’on ne peut pas protéger.    •
(Traduction Horizons et débats)