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18 juillet 2016
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Horizons et debats  >  archives  >  2009  >  N°44, 16 novembre 2009  >  L’éducation est demandée! [Imprimer]

L’éducation est demandée!

par Elisabeth Nussbaumer

Récemment, la chronique psychologique d’un journal a publié la question d’une mère: «Est-ce que j’ose prescrire à ma fille à quelle heure elle doit rentrer le soir? Elle pense que nous, les parents n’avons pas le droit de lui donner des ordres.»
L’incertitude des parents qui se demandent s’ils osent encore éduquer est très répandue. Beaucoup de parents ne savent pas s’ils doivent interdire quelque chose à leurs enfants mineurs et s’ils peuvent exiger quelque chose. Conséquence du mouvement des années 1968 (l’influence de l’Ecole de Francfort), l’opinion très répandue dit que le fait d’éduquer serait répressif. Les enfants dev­raient trouver eux-mêmes leur voie dans la vie, personne ne devrait s’en mêler. L’anti-pédagogie a déclaré comme péché mortel de fixer des limites aux enfants, d’interdire quelque chose ou d’exiger d’eux quoi que ce soit.
Depuis lors, nous nous retrouvons avec les conséquences sociales de cette théorie erronée, et cela dans une mesure que beaucoup de gens ne savent plus par où commencer pour limiter les dégâts. Des scienti­fiques de l’éducation et des psychologues recommandent depuis longtemps aux parents de ne pas tolérer la mauvaise conduite de leurs enfants, mais d’exiger une coopération positive. Malgré tout beaucoup d’éducateurs sont inquiets. «Mais, est-ce que je peux tout simplement interdire à mon fils de jouer aux jeux vidéos pendant des heures, et puis-je exiger de ma fille de treize ans qu’elle s’habille dignement et qu’elle ne sorte pas avec le ventre nu et avec un grand décolleté?»
Eh oui, les parents peuvent, ils doivent le faire! Ils ont le devoir d’influencer leur enfant de façon positive. C’est-à-dire de renforcer un comportement positif de leurs enfants avec attention et estime et d’arrêter fermement un comportement négatif. Le seul bon exemple des parents ne suffit pas, bien qu’il soit une des bases de l’éducation. Les adolescents ont besoin de prises de position claires de leurs parents et instituteurs. Ils sont exposés à des influences négatives multiples. L’industrie électronique exerce un attrait dangereux. Elle essaie d’utiliser notre jeunesse à ses propres fins. Des jeux vidéos et les entraînements à la violence et au meurtre, ainsi que des téléphones portables dont dispose aujourd’hui presque chaque enfant, des images, des messages et la musique peuvent être transmis au-delà du contrôle des parents et les enfants et les adolescents peuvent s’accorder et se donner rendez-vous, et tout cela en l’espace d’une poignée de secondes.
A part les influences des médias électro­niques, les conséquences d’exemples violents et d’un comportement copié sur des jeux de guerre sont virulents parmi les enfants et les adolescents. Il faudra des efforts à long terme des parents, des écoles et du domaine des loisirs pour empêcher que le comportement de nos adolescents ne dégénère en un nuisible et criminel comportement.
Ainsi nos enfants doivent chercher leur chemin dans la vie entre deux mondes: le monde familial normal et le monde électronique séduisant sans aucune orientation de valeurs.
Pour trouver le bon chemin il leur faut des coordonnées et un compas. Ils ont besoin de parents et d’instituteurs qui leur trans­mettent ce qui est juste et ce qui est faux, ce qui est bon et ce qui est mauvais, ce qui a de la valeur pour la vie et ce qui ne vaut rien. Ils ont besoin d’éducateurs qui osent prononcer des interdictions et exiger la coopération, l’honnêteté et des efforts, des adultes qui leur donnent de l’orientation et du soutien de façon droite et décidée. Ils ont besoin de pères et de mères qui n’ont pas peur que leurs enfants puissent se sentir offensés et de leur reprocher d’être autoritaires.
Le récit d’une jeune femme de 20 ans montre clairement ce dont nos jeunes ont besoin:
«Pendant longtemps mes parents m’ont laissé faire tout ce que je voulais. Ils ne me disaient pas de faire soigneusement mes devoirs scolaires et de rentrer de bonne heure le soir. Ils ne m’ont pas interdit de traîner chaque soir à la gare. Lorsque je n’arrivais pas à sortir du lit le matin, ma mère a signé simplement la lettre d’excuse que j’avais écrite moi-même. A cette période, j’avais l’impression de ne pas avoir de l’importance pour mes parents, que ça leur était égal où je traînais, si je prenais des drogues, si je devenais toujours plus mauvaise à l’école et ne trouverais par conséquent pas de place d’apprentissage.
Je me suis demandé si j’avais de l’importance pour eux, jusqu’à ce qu’un jour mon père ait pris la parole et que j’aie senti que ma mère aussi l’appuyait. J’avais alors 14 ans. Au début j’ai protesté de manière offensée et effrontée.
Mais j’ai senti qu’ils avaient raison, que je ne pourrais pas apprendre un métier si je continuais ainsi. Aujourd’hui je suis heureuse qu’ils aient maintenu leur fermeté conséquente. A partir de ce moment je me suis améliorée à l’école et j’ai trouvé une place d’apprentissage.
Aujourd’hui je suis fleuriste et mon métier me fait plaisir. Il y a quelque temps j’ai appris que c’était mon oncle qui avait encouragé mon père à se comporter en éducateur – et tout simplement à éduquer.    •