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18 juillet 2016
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Horizons et debats  >  archives  >  2008  >  N°15, 14 avril 2008  >  Courrier des lecteurs [Imprimer]

Courrier des lecteurs

Campagnes de relations publiques contre des initiatives populaires

La campagne menée actuellement par des agences de relations publiques contre l’initiative populaire fédérale «Souveraineté du peuple sans propagande gouvernementale», qui a été désavouée dès le début par le terme «initiative muselière» introduit par des agences de relations publiques, est le meilleur exemple pour montrer l’éloignement du Conseil fédéral et de l’administration fédérale de l’obligation d’une information neutre fixée par la Constitution fédérale. Jusqu’aux années 50, des «relations publiques», menées activement par le gouvernement et financées par les impôts pour faire passer «leurs» projets, étaient inimaginables et les conseils fédéraux ne traversaient pas le pays avec des exposés pendant le combat électoral. Il n’y avait pas d’interviews avec les chefs des départements et l’on ne se laissait surtout pas embrigader dans des débats médiatiques contradictoires. Le déroulement des combats électoraux était l’affaire des partis, des associations, des organisations et des médias dont à cette époque-là, la plupart étaient liés aux partis politiques. Le Conseil fédéral se contentait d’accepter la décision des citoyens comme mission et n’avait pas la vocation de faire de la propagande et d’informer avec partialité avant les votations pour influencer sur les décisions du peuple.
Les cas se sont multipliés ces dernières années où le gouvernement a essayé de faire échouer des initiatives populaires, de gauche et de droite qui ne leur convenaient pas, en recourant à des agences de relations publiques. Voici quelques exemples: l’initiative populaire «Droits égaux pour les personnes handicapées» a été rejetée à cause de la massive propagande gouvernementale. L’Office fédéral de la santé publique (OFSP) voulait investir environ 300 000 francs suisses des deniers publics, pour mieux combattre l’initiative populaire «Oui aux médecines complémentaires» à l’aide d’une agence de relations publiques externe. Les votations sur une «Extension de la libre circulation des personnes» et sur la «Loi sur l’asile» le montrent clairement. Des organisations caritatives auraient reçu des dons de la Confédération pour les engager dans la propagande. Le Conseil d’Etat de Bâle-Ville a ajouté aux bulletins de votes pour la votation fédérale «Fonds de cohésion» une lettre dont le contenu servait à encourager le peuple à mettre un OUI dans les urnes.
Déjà en 1997, lors du scrutin «Pour l’interdiction d’exporter du matériel de guerre», le conseiller fédéral Adolf Ogi s’était présenté plusieurs fois à la télévision pour assurer le peuple que la Suisse allait mener dans l’avenir une politique très restrictive concernant l’exportation de matériel de guerre.
Il est aussi grave que le Conseil fédéral et l’administration fédérale financent leur campagnes avec des deniers publics et recourent à des agences de relations publiques. Les résultats des enquêtes de la Commission de gestion (CdG) du Conseil des Etats montrent que l’administration fédérale dépense entre 600 et 700 millions de francs suisses par an pour des conseillers en relations publiques. A côté des conseillers internes fédéraux en relations publiques qui doivent coûter dans les environs de 100 millions de francs suisses, une grosse partie du gâteau externe doit donc aussi affluer dans la campagne des agences de relations publiques. Même la «Neue Zürcher Zeitung» trouve que ce n’est pas «la tâche des conseillers fédéraux et des fonctionnaires zélés de mener des combats électoraux littéralement eux-mêmes». Si après une votation la population a le sentiment, et pas à tort, de ne pas avoir assisté à un processus démocratique mais à une politique d’information du Conseil fédéral, ceci nuit à l’acceptation et à la crédibilité du Conseil fédéral et au climat politique en Suisse.

P. Aebersold, Zurich