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18 juillet 2016
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Horizons et debats  >  archives  >  2011  >  N°33, 22 août 2011  >  Pour le maintien des points de ventes privés dans les gares [Imprimer]

Pour le maintien des points de ventes privés dans les gares

Création d’une communauté d’intérêts des «responsables de gares»

Interview de Jakob Büchler, conseiller national PDC SG

thk. Alors que les CFF s’étaient mis à fermer les petites gares, il y a déjà bien des années – ces dernières, ayant été reprises par des privés – ils repartent à l’assaut en voulant supprimer les provisions sur les abonnements généraux vendus. Pour les CFF cela signifie peu, alors que c’est vital pour les communes aux gares délaissées. Il faut en finir de mettre à la tête de nos institutions des gens qui ignorent le bien commun et n’hésitent pas à fâcher la population. Si cette suppression devait vraiment avoir lieu, cela signifierait la disparition d’autres gares. La population se met à résister et le conseiller national Jakob Büchler soutient ce mouvement. La Suisse n’est pas épargnée par la crise économique mondiale et la disparition des profits. Et les solutions ne peuvent passer par l’arrogance, les tentatives de justification dans les réunions communales n’étant d’aucun secours.

Horizons et débats: Comment en est-on venu à fonder cette communauté d’intérêt pour le maintien des gares?

Jakob Büchler: Karl Reichenbach de Schänis s’est adressé à moi. Il s’occupe de la gare de Schänis depuis environ 10 ans, alors que les CFF avaient décidé de la fermer. Il a commencé par ouvrir un kiosque, l’agrandissant au fil du temps. Aujourd’hui on y sert du café et des croissants aux clients et depuis peu il y a même un bureau de voyage qui propose des voyages dans le monde entier. Il a donc mis en place un service qui occupe trois apprentis de commerce. C’est une activité précieuse, aussi pour notre commune. Quand on va prendre le train, on a toujours un peu de temps, on peut en profiter pour consommer quelque chose, acheter son journal, etc. C’est pourquoi il serait malheureux de supprimer cette activité. D’où la naissance de cette communauté d’intérêts, destinée à empêcher cette suppression.

Comment en est-on venu à reprendre cette gare de façon privée?

La gare fut modifiée il y a dix ans; la voie de garage fut supprimée. Alors qu’auparavant il y avait trois voies, on les a supprimées, n’en laissant qu’une seule. En fait, ce n’est plus qu’une station. Le train arrive, on monte et on descend. C’est grâce à Karl Reichenbach qu’on peut encore acheter un billet – du fait que les heures d’ouverture sont étendues, y compris en fin de semaine. Il y a aussi un automate à billets, mais on sait qu’on ne peut pas toujours s’y fier. La population apprécie hautement son service, qui est très fréquenté.

Comment se fait-il que ce service soit menacé au bout de dix ans?

Karl Richenbach s’est trouvé confronté au fait que les CFF veulent supprimer les provisions dues à la vente des abonnements généraux (AG). Cela revenait, pour l’abonnement de 1ère classe, à 420 francs. Ce montant serait réduit à 50 francs à l’avenir. Il a vite compris que cette façon d’agir avec les AG se répercuterait rapidement sur tous les autres billets. Il a donc cherché des alliés et les a trouvés. La situation est la même dans les villages d’Islikon et d’Ermatingen en Thurgovie. On trouve des exemples aussi en Bâle-Campagne où les «chefs de gares» sont bien décidés à ne pas se laisser faire. Ce sont tous ces événements qui ont provoqué la fondation de cette communauté d’intérêts. Il y aura une réunion le 27 août au cours de laquelle il sera décidé de la suite à donner.

Comment cette «communauté d’intérêts» est-elle organisée?

Il s’agit d’une association ayant des statuts et un comité. Tout un chacun peut en être membre. Plus nous seront nombreux, plus grandes seront nos chances d’être entendus. Certes, notre société est de création récente, mais nous devons nous mettre au travail. Car il est important de réagir à l’offensive des CFF. Qui ne risque rien, n’a rien. Nous devons enfoncer le clou de telle façon que tout l’ensemble tienne. La communauté d’intérêts a été créée, il s’agit maintenant d’avancer.

On observe depuis plusieurs années une extension du manque d’égards envers la population. Les CFF ferment depuis longtemps des gares, voire les détruisent. S’ils retirent leur soutien aux exploitants privés, il y en aura encore plus qui disparaîtront. Est-ce une vision correcte de la situation?

C’est bien ce qu’on peut craindre. La réduction des provisions de la vente des abonnements généraux est un premier pas. Puis suivront les billets individuels. On peut déjà deviner les arguments qui seront présentés. Une démarche semblable a déjà été entreprise avec l’annonce de la cessation de ventes de billets dans les trains, ce qui est une erreur. Ce n’est plus un service à la clientèle. Nombreuses sont les personnes qui se décident impromptu à prendre le train. Par ailleurs, il y a aussi des personnes qui ont de la peine à utiliser les automates. C’est particulièrement vrai pour les seniors. On se met ainsi sur une pente glissante. On renonce au train pour prendre la voiture. Il arrive aussi que l’automate ne fonctionne pas bien, voire soit carrément en panne. C’est arrivé à mon épouse qui a dû payer une amende lors d’un contrôle. On ne peut appeler cela un service à la clientèle de la part des CFF. Notre communauté d’intérêts doit servir à nous opposer à cette stratégie et nous permettre de prendre contact avec les dirigeants pour leur faire comprendre que cela ne peut continuer ainsi. Pour finir nous n’aurons des gares où acheter des billets plus que sur les grandes lignes, et ailleurs plus rien. C’est ce que nous voulons éviter.
Une conception uniquement marchande n’est pas admissible, on ne peut se focaliser sur la seule rentabilité. Dès lors que cela n’en vaut plus la peine, on ferme. C’est faux. Le service public est aussi valable pour la poste. Là aussi, on s’était engagé dans une certaine direction qu’on a pu corriger grâce à une pression politique. On remarque maintenant que les CFF veulent s’engager dans la même voie. D’où la nécessité de s’engager suffisamment tôt contre les tentatives de la direction des chemins de fer de n’accorder un appui qu’aux grandes gares et de laisser tomber les petites. Ce n’est pas un service à la clientèle et nous devons nous y opposer, surtout dans un pays comme le nôtre, très peuplé mais en même temps très décentralisé. C’est d’ailleurs une importante raison de promouvoir les chemins de fer au lieu de les entraver. Réduire l’offre serait une fausse politique.

Quelle a été la réaction des CFF à votre initiative?

Pour l’instant il n’y a pas eu de réponse directe. Certes, il y a eu une rencontre avec les responsables de stations, dont le résultat fut toutefois négatif. Je m’y attendais d’ailleurs. Les anciens contrats ont été résiliés et les nouveaux n’ont pas encore été dévoilés. On cherchera à nous mettre devant le fait accompli. Cela est inacceptable et ne va pas dans le sens d’un service public des chemins de fer fédéraux. Nous serions disposés à nous unir aux responsables de stations des chemins de fer privés, dans la mesure où ils seraient intéressés. Il est vrai que leur situation n’est actuellement pas encore aussi dramatique que la nôtre, leurs dirigeants n’étant pas aussi brutaux et sans égards que ceux des CFF.

Y a-t’il eu des réactions de la part de la population?

La réaction a été vive et positive. La commune de Schänis s’est immédiatement annoncée et a assuré son soutien pour s’opposer à la fermeture d’une station fort appréciée de la population, ici ou ailleurs. Il en va de même dans le domaine de la poste électronique, ce qui me donne confiance. Les médias ont également marqué leur intérêt. L’intérêt va grandissant et il apparaît que la population, les citoyens et citoyennes, se mobilise contre ces fermetures. L’activité de notre association ne pourra que renforcer cette démarche.
Dans la mesure où les CFF veulent continuer d’être un service public, ils ne pourront pas s’enferrer dans leur volonté de fermeture de stations en supprimant les bénéfices des responsables des stations, rendant impossible leur survie. Ma volonté est d’aider et contribuer à éviter cela. J’ai été contacté en tant que parlementaire fédéral et j’ai volontiers donné mon accord, aussi pour arriver à obtenir un dialogue avec les dirigeants des CFF. Nous sommes décidés à entreprendre quelque chose.    •

Soutien à la communauté d’intérêts des «responsables de gares»
Toute personne qui désire soutenir l’association peut en devenir membre.
Sur le site www.ig-stationshalter.ch vous trouverez le bulletin d’adhésion et de plus amples informations.