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18 juillet 2016
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Horizons et debats  >  archives  >  2011  >  N°10, 14 mars 2011  >  De A à Z, cinquante-deux coups de cœur [Imprimer]

De A à Z, cinquante-deux coups de coeur

Peut-on aimer la Suisse au-delà des clichés sur les vaches, le chocolat et le «propre en ordre»? Frank Bridel* en est convaincu. Il l’a parcourue en tout sens et fouillé dans une vaste documentation pour choisir en toute indépendence ce qui le fait vibrer:
•    des sites, des monuments, des cantons et leurs peuples;
•    des œuvres et des vies d'artistes, d'écrivains et de chefs;
•    des destins émouvants de femmes et d’hommes exceptionnels;
•    des institutions, des traductions bien vivantes, des hauts faits et d'autres
grandes pages d'histoire.
Cette sélection, Frank Bridel la présente sous la forme de 52 brefs sujets groupés par ordre alphabétique. Ce livre n’est pas un guide de plus. C’est un chant d’amour que l’auteur destine non seulement à ses compatriotes, mais aussi aux étrangers qu’intéresse la Suisse. Voici deux extraits de cet ouvrage:
***

Ma déclaration d’amour

La Suisse est ma passion, à tous les niveaux.
D’abord celui des viscères, le plus mystérieux. Pourquoi, dès l’enfance, s’attacher à son pays? Dans quel tréfonds surgit cet élan, spontané comme l’amour filial, peut-être porté par un besoin de sécurité et, déjà, de racines?
Ensuite, l’amour des sens. Mes yeux voient la splendeur du Léman et des Alpes, mon nez se rappelle des odeurs familières: celle du lac, qui change avec la météo, celles des sapins humides ou secs; celle, vive et soudaine, des orchis vanillés au détour d’un sentier. Ma peau se souvient des torrents et des herbes. Mon oreille est pleine de chants aimés, comme le récitatif d’un ruisseau, le grand air des cascades, le sifflement d’un merle … tant d’autres.
Mon cœur, pourquoi bat-il plus vite lorsque passe le drapeau, quand le voilier Alinghi gagne une régate, quand l’avion de Bertrand Piccard carbure au soleil? Le cœur a ses raisons …
Or ma raison, précisément, s’enchante des mécaniques communales, cantonales et fédérales, compliquées, retardatrices, fondées sur le compromis qui ne satisfait personne, mais qui sera durable s’il passe les mailles du filtre fondamental, celui des scrutins fédéraux. Chrétien, j’admire que catholiques et protestants vivent en paix, après tant d’affrontements. Amoureux des langues, j’aime que mon pays m’en offre quatre, sans compter ses innombrables dialectes. Mais je vois bien les risques de faiblesse, d’éclatement et de conflits auxquels nous exposent cette complexité et ces diversités. J’ai compris tôt que mon pays est délicat, qu’il faut donc y ménager l’entente confédérale, et le moderniser comme on le fait sans cesse, mais sans le brutaliser.
La raison n’est rien sans la mémoire et l’expérience. Adolescent, j’ai vécu au temps où le nazisme, régime honni aux antipodes de la démocratie et du fédéralisme suisse, tenta – mais vainement – de nous subvertir par l’idéologie, annexa l’Autriche, dé­truisit la France et nous menaça d’invasion. Douze ans sous cette pression, dont six de guerre en Europe, voilà qui fait éprouver l’extrême vulnérabilité d’un petit peuple, mais aussi la valeur de ses ressorts intellectuels et moraux.
«A la bonne et sincère amour est crainte perpétuellement annexée», écrivait Rabelais voilà plus de cinq siècles. Je crains les attaques internes et extérieures contre mon pays. Je souffre quand je le vois attaqué et mal défendu, mais ne l’en aime que davantage.
Ma déclaration d’amour, je l’ai faite, par ordre alphabétique, en cinquante-deux couplets qui sont mes coups de cœur face à la nature, aux hommes, à ce qu’ils ont construit. Je décris des peuples, des cantons, des montagnes, des lacs. Je vante des héros, des chefs, des hauts faits, des réussites. Je décris des fêtes. Je raconte des peintres, des sculpteurs, des poètes, des musiciens, des humoristes …Si vous les connaissez, vous les retrouverez avec joie; sinon, vous les découvrirez. Suivez l’amoureux!

*    Frank Bridel a publié dix livres en 25 ans, notamment «Non, nous n’étions pas des lâches» et «Pour en finir avec le Rapport Bergier».
Il a été rédacteur en chef de la Gazette de Lausanne après avoir travaillé comme correspondant; à Paris pour la Gazette, puis pour la Tribune de Genève; à Berne pour ce journal et pour la Radio suisse romande.