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18 juillet 2016
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Horizons et debats  >  archives  >  2010  >  N°11, 22 mars 2010  >  L’UE désire une autorisation facilitée des organismes génétiquement modifiés [Imprimer]

L’UE désire une autorisation facilitée des organismes génétiquement modifiés

Le Conseil national suisse accepte la prolongation du moratoire sur les OGM

Le 8 mars, le Conseil national a voté en faveur d’une prolongation du moratoire sur l’utilisation d’OGM. La Commission préparatoire a accepté par 16 voix contre 11 la modification du moratoire sur les OGM et s’est ainsi prononcée pour un report de trois ans. Il y a cinq ans, le peuple avait accepté ce moratoire par 55,7%, ainsi que tous les cantons, pour interdire jusqu’en 2010 la culture d’OGM dans des buts commerciaux. Le Conseil national a donc, après le Conseil des Etats, accepté cette modification par 106 voix contre 68. Ainsi, ce moratoire est prorogé de trois ans. Ce pourrait être un signal fort pour les peuples européens, car il est de toute importance qu’une résistance se lève.

thk. La demande d’imposer au moratoire une limite ferme de trois ans n’a eu aucune chance au Conseil. Oskar Freysinger, qui s’exprimait au nom de la Commission, mit en évidence, dès le début des délibérations, les dangers provoqués par une action précipitée et irréfléchie dans le cas de culture commerciale d’organismes génétiquement modifiés, en soulignant l’importance de procéder prudemment en mettant l’accent sur la recherche en vue de pouvoir «être au clair sur les conséquences de leur dissémination. Ce n’est qu’alors qu’on pourra décider pour ou contre telle ou telle sorte d’OGM. Les gens n’ont toutefois pas le temps, surtout lorsqu’ils veulent le plus vite possible gagner le plus d’argent possible.»
La majorité du Conseil national suivit cette argumentation. Prétendre, comme le firent les partisans de l’économie et de la recherche, que la Suisse ne pourrait pas tenir la route face aux Etats-Unis et à la Chine, ne fut pas convaincant, étant un argument fallacieux. D’une part, la recherche n’est pas bridée par la loi, d’autre part ce ne serait pas à l’avantage de nos milieux scientifiques de répandre des organismes génétiquement modifiés sans connaître les répercussions sur les humains et l’environnement.

Les peuples d’Europe résistent

Il est heureux de constater que le Conseil national a suivi le Conseil des Etats, malgré quelque résistance, pour accepter cette prolongation, respectant une fois de plus la volonté populaire. La majorité de la population refuse les OGM et reste très critique en la matière. C’est le privilège de la Suisse que sa population peut décider dans des questions aussi sérieuses et vitales, participant ainsi activement à la politique du pays. On peut prendre note de l’état dans lequel se trouvent les populations dans les pays où ces dernières n’ont pas leur mot à dire en consultant le rapport – pourtant controversé – de l’organisation ISAAA (International Service for Acquisition of Agri-biotech Applications) proche de l’industrie génétique: En 2009, on a cultivé des OGM commerciaux dans 25 pays […] les Etats-Unis étant largement en tête avec 64 millions d’hectares, soit la moitié de l’ensemble des cultures OGM dans le monde.
Il est fort compréhensible que les peuples d’Europe soient réticents envers le maïs et le soja génétiquement modifiés de Monsanto et Syngenta. L’exemple de la Suisse donne du courage notamment en Europe, ce pays résistant à la pression de l’industrie biochi­mique et exigeant d’être débarrassé du génie géné­tique. Cette attitude critique est indispen­sable, comme le montrent les exemples suivants.

L’UE projette une admission rapide des OGM

Le 2 mars, la Commission européenne a approuvé la culture de la pomme de terre génétiquement modifiée Amflora de la multinationale allemande BASF. Elle offrirait plus d’amidon pour l’industrie du papier, qui elle-même en doute, et les déchets pourraient être utilisés pour nourrir les animaux. Ainsi ce produit industriel génétiquement modifié atterrirait dans les assiettes des gens. Dans le sillon de cette décision, l’UE a accepté l’importation de trois nouvelles sortes de maïs transgénique, en tant que produits alimentaires. Selon Klaus Faissner, auteur et journaliste autrichien, ce ne serait qu’un début. Des efforts seraient entrepris dans l’UE pour une acceptation plus rapide d’OGM comme produits alimentaires. «Ainsi toute l’Europe devrait être envahie de produits alimentaires génétiquement modifiés et leur culture dans de vastes étendues des pays de l’UE les plus tolérants seraient possibles.»

Des scientifiques critiquent la façon d’agir de l’UE

Le projet de loi a été envoyé à l’OMC pour approbation. Certains scientifiques vigilants et indépendants ont été alertés par cette façon de procéder et se sont adressés à l’opinion public. Dans une lettre adressée au président du Parlement européen à Bruxelles, Jerzy Buzek, ils mettent en garde contre le fait qu’il s’agit d’un pas de plus en direction de «mise à niveau avec les pays pratiquant le génie génétique comme les Etats-Unis et le Canada». Si l’OMC accepte le texte, ce dernier pourrait être édicté comme loi d’ici à l’été. Ce serait une manne sans limite pour les multinationales agroalimentaires. Ces scientifiques reprochent à l’UE un comportement clandestin. On cherche à introduire cette réglementation «sans en informer les populations et sans ouvrir un débat auprès des autorités européennes qui sont responsables dans les différents pays de l’analyse des risques de l’utilisation des organismes génétiquement modifiés.» Ils mettent en garde contre la volonté d’introduire d’autres OGM dans le circuit. A leur avis, l’UE veut imposer de nouvelles directives pour l’autorisation d’OGM «qui jusqu’à présent ne se justifient pas scientifiquement.»
Le signal émit par le Conseil national est important pour les populations de l’Europe pour qu’elles ne se laissent pas manipuler par les politiques et les multinationales dans le domaine du génie génétique.    •