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18 juillet 2016
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Horizons et debats  >  archives  >  2009  >  N°46/47, 7 decembre 2009  >  Créer la paix [Imprimer]

Créer la paix

Exposition d’art de Theo Dannecker à l’église réformée de Niederurnen en Suisse

par Vera Ziroff Gut

«Créer la paix» – voilà le titre de l’exposition de l’artiste conceptuel zurichois Theo Dannecker. Après avoir présenté ses œuvres à l’église de Balgrist à Zurich au cours de l’été 2008, son exposition élargie est actuellement visible à l’église réformée de Niederurnen (canton de Glaris) du 25 novembre au 18 décembre. Elle est composée d’un ensemble de peintures, d’objets et d’installations qui thématisent d’une part la guerre et illustrent d’autre part les conditions individuelles et sociétales du sujet «Créer la paix».

«Vers la paix perpétuelle» – voilà comment Emmanuel Kant intitula son essai de 1795 développant une première esquisse du droit international. Il passe pour être le traité philosophique le plus important qui existe en langue allemande, ayant pour sujet la paix et la guerre. Kant prétend avoir trouvé cette formule comme inscription gravée sur le panneau d’une taverne hollandaise, accompagnée de l’image d’un cimetière. L’ambiguïté du titre, le silence du cimetière et la béatitude éternelle, Kant les a exploités en commençant  son traité de la manière suivante: «Peu importe si ces paroles, gravées avec une intention satirique sur l’enseigne de ce tavernier hollandais, accompagnées de l’image d’un cimetière, visaient les hommes en général ou particulièrement les têtes couronnées jamais rassasiées de guerres, ou encore les philosophes rêvant ce doux rêve.»1
Et Kant a ajouté cette phrase remarquable que la paix éternelle n’est pas une idée dénuée de tout sens, mais plutôt une tâche qui doit être accomplie pas à pas. Sur le plus grand des tableaux de l’exposition «Créer la paix» de l’artiste conceptuel Theo Dannecker, on retrouve à droite Kant, installé à une table.
Au début de la visite de l’exposition, qui a trouvé un cadre très agréable à Niederurnen, il vaut la peine de s’attarder devant ce tableau qui nous montre clairement la tradition dans laquelle se placent le sujet de l’exposition aussi bien que les convictions de l’artiste lui-même.
Friedrich Schiller, figure qui se trouve tout à droite du tableau, à moitié coupée et tournant le dos à l’observateur, était un grand admirateur de Kant et, d’abord, tout comme le maître à penser lui-même, fasciné par les idéaux de la Révolution française. Mais quand Schiller entendit parler des  exécutions, il s’en détourna, indigné, et commença même à rédiger un plaidoyer pour défendre Louis XVI. Ainsi se trouve-t-il, non seulement en poète de la liberté personnelle et politique que nous connaissons, à la tête de la table d’esquisse, mais comme médiateur qui expose, dans ses «Lettres sur l’éducation esthétique de l’homme» (1795) qu’une amélioration des conditions politiques n’adviendra que par «l’ennoblissement du caractère», l’instrument conduisant à cette transformation n’étant rien d’autre que «les beaux arts».
Le contemporain de Schiller, Heinrich Pestalozzi, pédagogue et réformateur social, se trouvant directement derrière Kant, ajoute un accent humanitaire important aux protestations contre la guerre en aidant précisément les orphelins de guerre. Son but est de renforcer l’homme entier par une éducation et une formation en accord avec sa nature de sorte que l’enfant déjà, puisse développer ses capacités intellectuelles,  éthiques et artisanales.
C’est à maintes reprises que le tableau insiste sur l’importance de l’éducation à vivre ensemble en paix. Au premier plan se trouve Erasme de Rotterdam, humaniste, élégamment vêtu et portant dans sa main un rouleau manuscrit, en compagnie du comte Léon Tolstoï, dans son habit modeste de coton blanc, tous deux ayant reconnu l’importance de l’idée pédagogique, comme Alfred Adler, dont Sibil – l’épouse de l’artiste et pédagogue elle-même – est en train de sortir l’ouvrage intitulé «Sur le sens de la vie» de la bibliothèque. Sur le rouleau manuscrit d’Erasme on peut lire la phrase, citée de sa «Plainte de la paix», traité essentiellement pacifiste: «Il n’est presque pas de paix, aussi injuste soit-elle, qui ne serait pas préférable à toute guerre ‹prétendument juste›». Erasme s’est consacré à l’éducation du dauphin, le futur Charles V, pour jeter les bases d’une politique de paix, tandis que Tolstoï fondait des écoles en faveur de ses serfs, des plus pauvres, du peuple. Il ne commença sa carrière d’auteur de manuels et de romans tels que «Guerre et Paix» que lorsque les autorités du tsar eurent fermé ses écoles libertaires. Alfred Adler, lui, a profondément analysé les questions pédagogiques, la dimension sociale de l’homme, son esprit communautaire et promulgué ses idées à travers ses publications scientifiques.
L’artiste exprime le lien intérieur qui existe entre Tolstoï et Gandhi par un trait extérieur, c’est-à-dire par leurs habits simples en coton. Gandhi apparaît sur le tableau en compagnie de deux colombes qui font allusion à sa conception de la résistance non-violente. Gandhi, par son refus de collaborer avec les colons anglais, devint le guide politique et spirituel de son pays forçant les Anglais, en 1947, à accepter la déclaration d’indépendance de l’Inde.
Albert Schweitzer, philosophe et médecin, quitte son pays (ce qui est symbolisé par le fait qu’il sort, sur le devant du tableau, littéralement de son cadre) pour travailler comme médecin-missionnaire en Afrique, en faveur de ceux qui souffrent des maladies tropicales. Dans le contexte de cette exposition, rappelons surtout le fait qu’Albert Schweitzer s’est engagé contre l’armement nucléaire. Le 23 avril 1957, sur radio Oslo, il fit diffuser son «Appel à l’humanité» pour sensibiliser le monde entier aux «dangers d’une guerre nucléaire» et œuvrer en vue du «renoncement aux explosions atomiques d’essai». Le mouvement anti-nucléaire n’a pas pu empêcher l’armement atomique, mais il a néanmoins abouti au Traité d’interdiction partielle des essais nucléaires dans l’atmosphère, toujours en vigueur. Ce mouvement a alarmé la conscience collective d’une manière beaucoup plus efficace que ce que nous en savons aujourd’hui.
Trois autres personnages, assemblés autour de la table d’esquisse, ont accusé la guerre et ses crimes: Berta von Suttner avec son roman «Die Waffen nieder» (Bas les armes!) et les deux peintres assis auprès d’elle, Francisco Goya et Pablo Picasso. Goya tient son tableau bouleversant «La fusillade des insurgés du 3 mai 1808 à Madrid, par les grenadiers de Napoléon». Il a été l’un des premiers à oser représenter, sur une toile, la cruauté d’une fusillade. Quant à Picasso, il a créé, avec son fameux tableau «Guernica» le tableau le plus important du mouvement anti-guerre du XXe siècle. Il le composa en 1937, répondant ainsi à l’attaque aérienne de la Légion Condor allemande sur la petite ville basque de Guernica. Ce tableau-là a accompagné Theo Dannecker depuis sa jeunesse, il fut pour lui le modèle encourageant à créer un tableau anti-guerre dans notre époque et contre nos guerres.
Sur le tableau nous retrouvons l’artiste lui-même, debout devant son chevalet en train de faire le portrait de Käthe Kollwitz, peintre allemande qui, après avoir perdu son fils dans la Première Guerre mondiale, s’engagea de toutes ses forces pour la paix.
C’est à ce moment-là que nous nous rendons compte qu’avec ce grand tableau, il s’agit en effet d’un tableau d’atelier, d’une installation qui s’empare de l’espace et qui rassemble près de la toile des études préalables, des ustensiles de peinture, des livres et des esquisses de ses élèves de dessin. Voilà donc des êtres humains rassemblés en train de protester contre la guerre, par la plume et par le pinceau, par la parole et par leurs actes. Ce sont des hommes et des femmes qui ont contribué au développement de l’éducation populaire, de la pédagogie, des droits de l’homme, du droit international, à la fondation de la Croix-Rouge et des Bons offices, des individus qui se sont engagés, avec leurs forces vitales, pour l’indépendance politique et une vie communautaire en paix et sans violence. Ils peuplent l’ancien atelier de l’artiste qui se trouvait, à l’époque, à la Kreuzstrasse 64 à Zurich, endroit qui lui servait, d’une part d’atelier et d’école d’art et qu’il faut comprendre, d’autre part, comme lieu de rencontre aussi, où l’on a affaire à toute notre histoire et toute notre société. Voilà donc réunis les hommes et les femmes qui ont incité l’artiste à travailler sur le sujet de la «paix».

Theo Dannecker, un artiste conceptuel

Pour répondre à la question de savoir où placer les tableaux de l’artiste conceptuel qui s’adressent d’une manière si directe au spectateur, il faut remonter au XXe siècle.
Celui-ci fut marqué, en histoire de l’art, par la peinture abstraite. On s’est concentré sur les couleurs et les formes faisant ainsi abstraction de l’objet auquel on reprochait de nous détourner de l’art pur. L’art conceptuel s’est développé dans les années 60, issu de la peinture abstraite et du Minimal Art, il a réintroduit les premiers objets – souvent des trouvailles – dans le tableau et mis surtout l’accent sur le concept, sur l’idée de base. Les œuvres ne se présentent pas comme objets fixes, refermées sur elles-mêmes, mais se constituent d’abord par leur contenu idéel. Ainsi le spectateur se trouve dans une situation beaucoup plus exigeante. Il ne se voit plus limité à l’observation, mais il est censé lire les textes, reconstruire les idées. L’œuvre d’art sort de sa sphère d’entité close. Theo Dannecker a évolué avec cette approche, il a mis l’accent sur le contenu et la création conceptuelle. Il s’adresse directement au spectateur, à travers la forme ouverte de ses objets qui sont souvent accessibles, dont on peut ouvrir et refermer des parties entières et qui sont donc modifiables. Le spectateur est constamment encouragé à approfondir son observation, à se laisser toucher par ce qu’il voit, à y réfléchir et y faire son choix.
En effet, même la pancarte «Créer la paix» – installée au milieu du trafic, prend la dimension d’un appel au visiteur à agir.
L’artiste conçoit chaque exposition comme un tout conceptuel qu’il aménage selon le lieu d’exposition et la situation historique. Qu’en est-il de cette exposition-là?

La faim et l’adoration du veau d’or

Tout de suite, en entrant dans la nef de l’église, le visiteur se voit confronté avec une installation à tête de Janus lui mettant en évidence les problèmes actuels, notamment ceux de l’année passée: «La faim (2008) et «L’adoration du veau d’or» (2009). Ces deux œuvres d’art sont exposées à Niederurnen pour la première fois.
Dans une soupière vide, une bande écrite mène vers le fond. On peut y lire: «Ils promirent la nourriture et ils amenèrent la faim, la pauvreté et la mort.» En noir sur un carton blanc, on peut voir une scène de basse-cour avec des ombres en noir et blanc, une scène où des aides tentent de sauver des personnes affamées, optiquement, réduites à des silhouettes, de simples lignes de profil. Theo Dannecker accuse à juste titre: «Plus de 800 millions de personnes souffrent de la faim.» Il leur faut de l’aide de nous tous. D’après les connaissances les plus récentes dont témoigne le Rapport mondial sur la nourriture du mois d’octobre 2009, ce sont déjà plus d’un milliard de personnes qui souffrent de la faim. Une personne sur six n’a presque rien à manger. Dans les régions rurales du tiers monde vivent 70% des affamés. Bien qu’on sache que la famine ne devrait de nos jours plus être un problème – le rapport remarque explicitement qu’une agriculture régionale, écologique et paysanne est la bonne réponse à la famine –, il n’y a jamais eu autant de gens souffrant de la faim que de nos jours. Et jamais il n’y a eu une telle concentration des richesses comme en 2009. Pendant que les uns meurent de faim, le show continue, l’adoration du veau d’or avec les actions et les hedge funds conduisent à des gains énormes. Dans cette situation Theo Dannecker dit clairement stop et demande à y remédier. Ce n’est qu’en nous laissant toucher, en souffrant avec les autres, que nous aurons le désir de changer quelque chose. Sinon nous acceptons que la  souffrance s’aggrave, comme on peut le voir dans les tableaux sur la guerre.

Réflexions sur la guerre

Les réflexions sur la guerre de Theo Dannecker se concentrent dans plusieurs tableaux et objets, qui documentent la longue occupation de l’artiste avec ce thème: La conception complexe «Nous, êtres humains, et la guerre» est née déjà en 1977 en tant qu’écho à la guerre du Vietnam; «La tête pleurante» de 1990, un dessin au trait expressif, exprime la tristesse devant l’état des hommes, qui, après la fin de la soi-disant guerre froide ne peuvent toujours pas vivre en paix. «Le monument contre la guerre» (2001), une tête en plâtre noir et gris sur un socle haut, sur lequel les noms des récentes guerres sont gravés, a été modelée d’après une pierre que l’artiste avait trouvée à Venise le jour même que les Américains ont commencé à bombarder l’Afghanistan. Elle symbolise d’un côté, dans ses parties détruites, dans sa surface défoncée, la souffrance des victimes de guerre, et de l’autre côté, dans ses parties élevées la grimace des agresseurs. Avec la petite pierre à côté de la grande tête, l’on reçoit aussi directement l’inspiration artistique de ce monument. Theo Dannecker ne fait pas de secret de ses inspirations pour son travail. C’est plutôt la clarté de l’expression qui lui est importante, l’intelligibilité de ses objets. Cela fait partie de l’art conceptuel que le façonnement des œuvres ou leur genèse – comme la petite pierre – soient transmis en même temps et que l’observateur puisse ainsi mieux saisir les idées de l’artiste.
De petits objets en carton noir sur un chevalet, qui peuvent s’ouvrir, montrent les crimes, les conséquences immédiates et les répercussions à long terme des guerres récentes. Ils nous montrent que la paix est encore loin aujourd’hui. Des soldats fortement armés tirent sur des enfants en fuite, laissant d’innombrables morts, des régions ravagées et contaminées et procréent – comme les habitants locaux – des enfants malformés et génétiquement atteints. «Je me tais, tu te tais, nous nous taisons» conjugue Dannecker.

Les guerres naissent dans la tête

L’artiste n’en reste pas à la description de la misère et des crimes de guerre. Il se pose toujours à lui-même et aux observateurs la question: «Que faut-il pour sortir de ce chaos et pour faire la paix?»
Et avec chaque objet il tente de donner une réponse partielle. Dans le dessin scientifique «Grande tête» (2009) avec une représentation prononcée du cerveau – montré d’ailleurs pour la première fois à Niederurnen – Theo Dannecker rappelle, sur les panneaux tendus devant, que la guerre a sa source dans le cerveau de l’homme. La guerre n’est pas un phénomène naturel. Longtemps avant l’élaboration des plans d’intervention, les armes atomiques sont développées, construites, produites et achetées. Puisqu’on sait aujourd’hui que l’homme prend ses décisions sur un fondement émotionnel et que ces émotions sont formées par ses expériences personnelles et par l’influence de l’environnement – Dannecker le mentionne explicitement – alors la formation du sentiment doit être abordée avec grand soin; on ne peut être indifférent au fait que la jeunesse s’entraîne aux jeux de violence, ou au contraire qu’on l’entraîne à l’esprit d’équipe dans une association sportive. Et ce n’est pas égal si les adultes s’enivrent de pouvoir ou au contraire s’engagent dans leurs communes comme il est démontré par exemple «Dans la petite salle d’auberge» – un dessin de ce nom.

Conditions préalables pour la paix

Déjà avant que le visiteur entre dans l’église, il est introduit au thème dans le foyer par une première unité. Comme base pour une vie commune pacifique et humaine, Theo Dannecker mentionne un développement profitable dans la famille, le libre déploiement au sein de la communauté et l’indépendance politique et économique de la communauté. Une jeune mère – nommée «Sécurité» (2002) –, qui tient son enfant dans ses bras en le protégeant, représentant la relation sûre entre la maman et l’enfant; un jeune paysan – nommé «La libre parole» (2002) – s’adresse par microphone à une grande assemblée, représente la participation avec assurance dans la société. Ce développement et cet épanouissement de l’homme sont seulement possibles dans une communauté économiquement et politiquement libre – symbolisée par le bidon à lait avec le titre «Indépendance» (2009) – c’est-à-dire une société dans laquelle les besoins de base sont garantis, où les citoyens reçoivent des produits de l’agriculture locale et les paysans bénéficient de prix couvrant les frais de production et leur donnant une existence. Mais cette construction de la société ne garantit la paix que si chaque citoyen donne sa contribution à sa place, s’il s’engage avec ses connaissances spécialisées de manière responsable: si le «Journaliste» (2009) empêche la désinformation, la «Paysanne» (2009) veille à des produits agricole sains, le «Professeur» (2009) prend position contre la violence et les jeux violents de l’industrie informatique, le «Juge» (2009) stigmatise les guerres préventives comme violation du droit international et prend soin du droit, et si le «Peintre» (2009) intègre l’éthique dans son œuvre. Ses collègues artistes, qui travaillent dans ce sens, sont honorés par Theo Dannecker par les «Dessins en petit format» (2008) qui montrent une pièce spécifique pour chaque artiste nommé. Même si tous sont intéressants, Albert Anker est pris comme exemple, car il nous rappelle avec «La soupe au lait de Kappel» de 1869 un exemple de solution de conflit pacifique, qui, en même temps, devait servir de modèle pour la guerre franco-allemande qui commençaient.
Il existe, à partir de ces sujets qui sont proposés dans le hall d’entrée, des relations avec d’autres installations dans la nef, avec les œuvres dans le chœur et avec les tableaux suspendus sur lesquels se trouvent encore d’autres aspects de la vie en commun pacifique de la famille et de la société.
Regroupée autour du baldaquin, autour des paroles bibliques du Sermon sur la montagne, dans le chœur à côté du tableau d’atelier, se dévoile une œuvre principale à laquelle l’exposition prête le nom de «Créer la paix – le droit international vaut pour tous» (2007).

«Créer la paix – ­le droit international vaut pour tous»

Theo Dannecker a développé un exemple sous ce titre, comment redonner la dignité à des peuples découragés et lourdement endommagés. Au centre de cette installation se rencontrent des représentants de l’Occident avec des représentants de l’Afghanistan, de l’Irak, avec des membres de tribus africaines. Dans cette rencontre historique, le politicien occidental va à la rencontre des Afghans avec ces mots: «Nous vous avons fait du mal». Le premier pas vient donc de l’Occident. L’aveu de culpabilité, la disposition à réparer le mal causé, le fait de «s’écouter mutuellement et d’apprendre à se comprendre» sont nommés ici comme conditions pour un véritable accord de paix.

«Accord de paix»

Kant a écrit en 1795 que la paix perpétuelle n’est ni une idée creuse, ni une illusion; c’est une tâche, qui doit être accomplie pas à pas. Aujourd’hui, plus de 200 ans après la mort de Kant, l’heure de la paix perpétuelle n’a pas encore sonné. Au contraire. Il semble que les gouvernements de l’Occident se soient accordés sur un contre-programme kantien. Depuis des années ils mènent la guerre contre des pays du Sud. Leur promesse, au changement du millénaire, de réduire de moitié la faim dans le monde d’ici à l’an 2015 est repoussée au lointain. Au Sommet mondiale de l’alimentation à Rome, en novembre de cette année, les chefs d’Etats des riches pays industrialisés ne se sont même pas déplacés. Kant ne se faisait cependant pas d’illusions sur l’état des chefs d’Etats, qui – comme il l’écrit – ne sont jamais rassasiés de guerres. Toutefois, il n’a pas seulement la fin de la guerre comme objectif, mais l’éradication totale du phénomène de la guerre. En 1795, il a commencé a rédiger les premiers articles d’un droit international général, qui régit une cohabitation pacifique entre les peuples. Depuis lors, le droit international fut développé, puis complété par le droit international humanitaire et la Charte des droits de l’homme fut créée. Si nous déplorons aujourd’hui le mépris de ces droits, c’est à nous de leur donner la valeur appropriée. La paix est une si grande valeur, que nous ne pouvons pas laisser son maintien uniquement aux gouvernements. C’est une tâche, dit Kant, qui doit être accomplie pas à pas!
Theo Dannecker s’est consacré à cette tâche, suivons son appel, créons la paix!    •

Heures d’ouverture:
mardi, jeudi, vendredi: 9h30–11h30/15h00–17h00
mercredi: 9h30–11h30 /17h30–20h00
samedi: 15h00–17h00
dimanche: Visite guidée par l’artiste
après le culte: 10h45–12h00/15h00–17h00
Cette exposition est particulièrement recommandée aux classes scolaires.