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18 juillet 2016
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Horizons et debats  >  archives  >  2009  >  N°13, 6 avril 2009  >  Les listes noires [Imprimer]

Les listes noires

A Rome dans l’Antiquité, les listes noires contenaient les noms des ennemis politiques qu’on devait encore assassiner. A l’époque du national-socialisme, c’était notamment Reinhard Heydrich qui avait fabriqué de telles listes où se trouvaient entre autres les noms d’Ernst Böhm et du chancelier du Reich, von Schleicher. Tous les deux ont été assassinés. On appelait également «listes noires» les inventaires d’après lesquels on choisissait «les écrits nuisibles et indésirables» pour l’autodafé des livres de mai et juin 1933.
La liste noire de l’OCDE est, strictement parlant, une liste du FATF (Financial Action Task Force on Money Laundering). Lors du sommet du G-7 en juillet 1989 à Paris, celui-ci a été installé comme groupe d’experts avec la tâche d’analyser les méthodes du blanchiment d’argent et de développer des mesures pour le combattre. A présent, le FATF est une commission interétatique pour le combat du blanchiment d’argent et il a son siège à Paris auprès de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).
La liste de cette Task Force s’appelle «Annual Review of Non-Cooperative Countries and Territories» ou bref NCCT Review. On y avait enregistré des Etats qui s’opposaient aux règles légales contre le blanchiment d’argent. Sur cette liste figuraient – à part les différentes îles de pirates, les soi-disant paradis offshore, qui, à l’époque, abritait purement et simplement toutes fortunes de n’importe où – également la Russie et la Principauté de Monaco.
Mais aujourd’hui, la liste est vide. Oui, vide. Cela veut dire qu’aucun pays du monde n’est à présent surveillé par le FATF. Le dernier rapport annuel date du 12 octobre 2007 et il affirme avoir enlevé comme derniers pays la Birmanie, le Nigeria et l’île Nauru en Océanie. L’allusion à cette liste noire est donc ridicule, mais le procédé dans le contexte général ne l’est pas. Comme la Suisse, encore sous la conseillère fédérale Kopp, avait introduit des lois contre le blanchiment d’argent qui sont devenues une mesure internationale, il n’y a rien à critiquer de ce côté-là. Au contraire, depuis plus de deux ans déjà, des experts des institutions suisses contre le blanchiment d’argent déclarent dans des entretiens personnels que beaucoup de demandes du fisc allemand aux institutions d’aide judiciaire sont douteuses. On ment beaucoup et on prétend des choses, uniquement pour savoir quels citoyens allemands ont des comptes en Suisse. Ces demandes étaient alors presque aussi malhonnêtes, que celles des institutions américaines demandant des renseignements concernant des «terroristes» en Suisse.
Mais revenons aux attaques allemandes: on ne doit pas se laisser tromper par ces quelques voix allemandes douces qui critiquent Steinbrück de manière homéopathique. Le jeu «Good cop, bad cop» est également connu en Suisse. Nous sommes des enfants des Alpes, mais pas naïfs.
Celui qui menace son voisin du fouet voit en lui un être inférieur ou un valet. La réponse appropriée de notre ministre des Affaires étrangères aux instigateurs de Steinbrück serait: «Comment est-ce que vous, les grands seigneurs, apprenez à vous comporter en bons voisins? Si Steinbrück aime les fouets, qu’il aille dans un établissement correspondant.» Elle a raison aussi en disant que l’Allemagne n’a pas besoin de déclarer la guerre à la Suisse, juste parce que son trésor public est vide. Il serait meilleur marché d’apprendre de la Suisse comment on gère une communauté de manière bienveillante et libérale, avec peu d’impôts, peu de corruption, peu de chômeurs, de manière démocratique et sans politique étrangère agressive.
Felix Meier, Staad