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18 juillet 2016
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Horizons et debats  >  archives  >  2012  >  N°26,25 juin 2012  >  De l’aide qui va du cœur au cœur [Imprimer]

De l’aide qui va du cœur au cœur

Une organisation d’aide suisse «Good hearts Organisation» (GHO) aide avec grand succès les plus pauvres des pauvres dans le bidonville de Kibera à Nairobi

Entretien avec Alex Weigel, fondateur et directeur du GHO

thk. Lorsqu’on se demande comment une coopération raisonnable et couronnée de succès  dans l’aide au développement doit se présenter, on trouve dans l’œuvre sociale «Good Hearts Organisation» un exemple qui représente les principes fondamentaux d’une coopération au développement suisse couronnée de succès, parce que l’organisation s’oriente avant tout sur les besoins et conditions de la population locale.
Le fondateur et directeur de cette organisation est le Suisse Alex Weigel. Il a commencé à construire de tout cœur une école pour les enfants du bidonville à partir de rien et il a connu un grand succès.
Bien que le Kenya ne soit pas un pays cible de la coopération suisse au développement, Alex Weigel reçoit aussi du soutien de la Suisse officielle.
Alex Weigel nous confie dans l’interview ci-dessous ce qui l’a amené à s’expatrier à Nairobi et d’après quels principes il a construit son école «KidStar Academy» et comment il la gère.

Monsieur Weigel vous êtes le fondateur et le directeur de l’organisation d’aide «Good Hearts Organisation», qui dirige une école et un dispensaire médical à Kibera dans le plus grand bidonville de Nairobi. Comment en êtes-vous arrivé là?

C’est une longue histoire. Pendant mon temps au gymnase, j’ai eu le privilège de pouvoir faire un voyage au Mexique et là, pour la première fois de ma vie, j’ai vu la pauvreté de mes propres yeux. Cela m’a beaucoup touché et je me suis dit qu’à un moment donné de ma vie je ferai quelque chose pour y remédier, à un moment donné je tâcherai de lutter contre la pauvreté et d’aider les gens concernés par la pauvreté, la faim et tout ce qui en découle. Dans le fond je me suis toujours intéressé aux affaires sociales mais finalement je me suis engagé dans une carrière dans une assurance qui, au fil du temps, a été reprise par une banque. Mon vrai but cependant je ne l’ai jamais abandonné, c’est-à-dire de m’engager dans la coopération au développement. Alors j’ai eu la chance de diriger pour quelques années le service clients d’une grande organisation d’aide et de cette manière j’ai pu me rapprocher un peu de mon idée d’aider les gens du tiers monde. Ce désir a grandi d’autant plus que j’ai eu l’occasion de prendre connaissance de ces circonstances. L’impression s’est encore renforcée lorsque j’ai eu la chance de guider un voyage de parrains et de sponsors en Amérique latine. Là-bas nous avons visité en particulier des projets au Nicaragua. Alors, mon désir de devenir moi-même actif s’est renforcé encore. J’avais déjà visité d’autres projets sur d’autres continents, j’ai aussi été une fois en Asie, mais je n’avais encore jamais visité le continent africain. Après avoir vu quelques continents plusieurs fois, le moment était venu pour moi de visiter l’Afrique. Lorsque ma fille a eu ses 18 ans, nous avons décidé de faire un voyage de vacances à un endroit tout à fait différent. Cette fois-ci, le voyage ne nous a pas conduit en Californie ou sur l’île de Crète, mais à Kibera, le plus grand bidonville de Nairobi. Là-bas nous n’avons pas eu de grands projets, sauf une safari de quatre jours dans le Masai Mara et de passer le reste du temps à Kibera dans le bidonville le plus densément peuplé d’Afrique.

Qu’est-ce qui a amené le déclic pour plier bagage et déménager à Kibera, de changer votre vie réglée contre une vie pleine d’incertitude?

Nous y avons rencontré tant de gens et nous leur avons parlé et nous avons vu tant de choses que je me suis dit: Maintenant tu dois faire quelque chose. Si je ne le fais pas maintenant, je perdrais toute crédibilité devant moi-même. J’ai démissionné de mon poste. Peu avant Noël de la même année, j’ai fais le voyage à Nairobi. Là-bas, j’ai contacté les gens que j’avais rencontrés la première fois dans le bidonville et j’ai évalué ce que je pouvais faire de sensé.

Comment l’idée est-elle née de fonder une école?

J’avais bien l’idée dans ma tête de fonder une organisation d’aide, mais il fallait d’abord voir si et comment ce serait possible. Au bout de peu de temps, début janvier, nous avons commencé avec l’école. J’avais traversé le bidonville et j’ai évalué plusieurs régions. Et là, j’ai constaté que la partie dans laquelle se rencontrent Raila, Gatwekera et Soweto Ouest est bien la partie la plus pauvre. J’ai rencontré les aînés du district sous un toit en tôle et j’ai discuté avec eux pour savoir ce dont ils ont besoin le plus urgemment.

Qu’est-ce que ces gens vous ont proposé?

Nous avons rempli toute une page A4 avec des projets et des activités souhaitables. Finalement nous nous sommes donné encore une fois beaucoup de temps pour définir ensemble les priorités. Comme résultat, la première priorité revenait à une clinique opérant sept jours sur sept et 24 heures sur 24. J’ai dû dire à ces gens que je ne pouvais pas commencer avec ça parce que ça dépasse de loin mes moyens comme personne privée. Déjà en deuxième place venait une école pour des enfants encore assez petits, à partir de trois ans. Alors les parents peuvent avoir une activité payée pendant que nous nous occupons des enfants la journée. Cette idée était dans le cadre de mes possibilités et en même temps cela ouvrirait les portes vers les familles et leurs problèmes. Commençons donc avec ça.

J’imagine que ce n’est pas du tout simple de fonder comme étranger une école dans un bidonville chez les plus pauvres des pauvres. On rencontre une culture toute différente et des êtres humains qui se trouvent du côté sombre de la vie. Comment avez-vous procédé?

J’ai contacté une enseignante dont j’avais fait la connaissance lors de la première visite avec ma fille et son amie.

Comment avez-vous connu cette enseignante?

Ça s’est fait tout à fait par hasard. A cette époque nous étions en contact avec un groupe de jeunes dans le bidonville qui a organisé le nettoyage du bidonville. Nous, les visiteurs nous les avons volontiers aidés et l’enseignante y a été présente à ce moment-là. Nous avons engagé la conversation. C’était une enseignante Montessori dans une école établie au sein du bidonville. Dans cette école, cela faisait des mois qu’elle n’avait plus reçu de salaire. Elle était donc prête à construire quelque chose de neuf. Nous avons aussi pris une bénévole, une enseignante qui cherchait du travail. C’est ainsi que tout a commencé.
Lorsqu’en avril je suis revenu en Suisse, le projet était mis en marche avec plus de 20 élèves. Mais il n’y avait pas encore d’organisation.

Cela veut dire que vous avez tout démarré à partir d’une impulsion personnelle, et jusqu’à ce moment-là vous avez tout porté vous-même, les coûts inclus?

Oui, c’est juste. Cela s’est fait par nécessité. Lorsqu’on voit ce qu’il faut, on ne peut pas faire autrement. J’ai donc engagé mes modestes moyens et avec mon argent j’ai fait aussi des fautes, parfois graves, et j’ai beaucoup appris. La première année, c’est moi qui ai financé le tout du point de vue opérationnel et financier et après je voulais fonder une association pour pouvoir donner un fondement officiel à tout ce projet grandissant. Lorsque j’ai eu la certitude de pouvoir diriger le projet à long terme et que mes moyens personnels touchaient à leur fin, c’est là que l’association est entrée en jeu. Tout s’est passé relativement vite et je suis reconnaissant à tous ceux qui m’ont aidé. Pour rédiger les statuts et pour la création de l’association j’ai pu contacter des amis du temps de mon travail au sein d’une organisation d’aide.

Comment se présente l’état actuel de l’école, comment ce projet s’est-il développé? Comment les gens sur place ont-ils réagi?

En Afrique j’ai toujours été reçu avec beaucoup de gentillesse. Les Kényans qui ne me connaissent pas, qui n’ont peut-être pas un horizon très large, voient un blanc comme moi simplement comme un distributeur d’argent. En plus, beaucoup de gens, avant tout les enfants ont beaucoup de confiance envers les blancs. Car la plupart des blancs qui viennent là-bas et prennent vraiment contact avec les gens veulent aider. Cela a beaucoup simplifié les débuts. Parfois on ne peut pas réaliser les attentes des gens qui ne pensent qu’à court-terme. Beaucoup pensent voici un blanc, il doit me donner de l’argent. C’est ce que nous ne faisons pas.
Ce qui a aussi facilité les débuts c’est que nous n’avons travaillé qu’avec des personnes habitant le bidonville. C’était une symbiose optimale. Je l’ai expliqué au chef de tribu de la façon suivante: C’est comme du chocolat. Il est composé des meilleurs produits agricoles africains qui se trouvent dans le chocolat, combiné avec un peu de technologie qui a été trouvée en Suisse, à Zurich. Et la synthèse de ces deux ingrédients donnent le meilleur chocolat que nous aimons des deux côtés du globe. C’est ce que nous pouvons atteindre si nous donnons le meilleur de nous même des deux côtés. C’est d’après ce principe que nous avons construit l’école. L’acceptation des gens nous a aidés, le fait que les gens nous ont simplement ouvert les portes, et aussi les autorités locales. Là nous avons vraiment défoncé les portes ouvertes. Le problème se pose là où les autorités pensent qu’ils peuvent recevoir de l’argent, mais là nous sommes très conséquents: nous ne soutenons absolument pas la corruption. Nous ne le faisons pas par principe,  là c’est mon obstination d’origine toggenbourgoise qui m’aide.

Parlons encore de l’école. Comment se passe le quotidien scolaire? Quelles sont vos expériences?

Dans le quotidien de l’école nous avons eu dès le début plein de défis. Ainsi nous avons appris qu’il faut donner un repas de midi aux enfants. Nous savions déjà qu’il faut leur donner le petit déjeuner, mais il était vite clair qu’il fallait aussi un repas à midi. Les enfants peuvent certes rentrer à la maison à midi mais là il n’y a rien à manger. Avec ça, j’ai fait une expérience impressionnante. Comme nous travaillons par principe de façon participative, ce qui veut dire que les gens contribuent eux-mêmes, nous apportons la nourriture et les assiettes, mais nous voudrions que les enfants apportent leur cuillère de chez eux, avec laquelle ils mangeront leurs repas chez nous. Et les cuillères sont bien sûr restées à l’école. Deux parents nous ont dit que ça n’allait pas comme ça. Et à ma question une mère m’a répondu: Tu sais c’est notre seule cuillère et j’en ai besoin pour cuisiner quand je fais  à manger le soir. Et cette cuillère nous la partageons pour manger. Nous sommes une famille de huit personnes.

C’est comme ça que cela se passe pour les gens là-bas. J’ai eu honte et j’ai dû cacher mes larmes, mais j’étais reconnaissant pour cette réponse ouverte. Nous en avons beaucoup appris.

L’école a grandi, de plus en plus de parents ou de personnes de l’entourage ont amené les enfants. Ainsi nous avons eu une impression plus profonde du monde de ces gens et nous nous sommes vus confrontés à beaucoup de problèmes. Pas seulement lorsqu’une ou un des élèves tombait malade, mais aussi lorsque n’importe qui de la famille tombe malade, les parents ou ceux qui s’occupent des enfants, ou l’un des frères et sœurs, ils ont besoin d’urgence de soins médicaux parce qu’autrement sous peu, tous souffriront et «notre» enfant ne pourrait pendant longtemps pas venir à l’école. Il fallait donc ajouter un programme médical. C’est-à-dire moi, ou l’une des aides, amenons tous les jours quelques enfants vers notre doctoresse Dorah qui est un médecin expert, qui a travaillé longtemps dans un des plus importants hôpitaux de l’Afrique de l’Est et dirige maintenant dans le bidonville des stations de malades et une clinique obstétrique. Elle travaille 24 heures sur 24. C’est quelqu’un de merveilleux.

C’est impressionnant ce qu vous avez mis sur pied en si peu de temps. L’avenir de l’école est-il assuré?

Nous avons grandi et nous pourrions continuer à grandir, mais malheureusement la place est limitée. Nous devons limiter le nombre d’enfants maintenant à 80 élèves, notamment pour pouvoir maintenir la qualité. Comme nous offrons de l’aide médicale et nous réalisons un programme alimentaire dans le cadre du programme alimentaire mondial de l’ONU (PAM), nous atteignons actuellement 800 êtres humains dans le bidonville. Ce sont les parents, les frères et sœurs et la parenté de nos enfants et quelques familles très pauvres que nous connaissons parce que nous y sommes déjà depuis trois ans. Le PAM a confiance en nous parce que nous soignons les gens comme il faut, directement et d’après leurs besoins, et que nous tenons le registre sur les denrées alimentaires fournies et l’état de santé des enfants. C’est la situation actuelle. Nous servons 800 êtres humains, mais l’école devrait pouvoir continuer à grandir. Nous pourrions potentiellement atteindre beaucoup plus de gens. Nous voudrions bien de ce côté du bidonville offrir une clinique et établir un programme pour des personnes atteintes du HIV et du Sida. Nous nous occupons aussi d’eux à l’occasion. Nous avons vu des cas très graves, nous voudrions tout simplement faire davantage. Il faudrait aussi une possibilité pour beaucoup d’orphelins pour qu’ils puissent dormir dans un endroit sûr. Il arrive souvent que les familles sont séparées et que les enfants vont n’importe où, où ils ne peuvent probablement pas aller à l’école ni se développer comme il faut. Nous voulons développer des possibilités pour et avec ces personnes. Tout cela nous l’avions planifié depuis longtemps, mais auprès du gouvernement nous n’avons rencontré que de l’ignorance et cela pour la simple raison que je ne suis pas prêt à soutenir la corruption. Lorsque je présente notre concept, ce que j’ai déjà fait quatre fois, je n’y ajoute pas de billets bien que je sache que l’autre l’attende. Je ne le fais pas malgré tout.

Vous êtes confronté à d’autres impossibilités?

En ce moment nous avons la situation que notre école et les habitations pour d’autres 6000 personnes doivent faire place à un projet de route, et cela pour la simple raison que quelques descendants corrompus de hauts dignitaires du régime se sont attribué de vastes terrains, et le tracé d’une très grande route sera modifié par rapport aux projets initiaux. Cela se voit aussi sur les plans de la ville. Maintenant très bientôt 5 écoles, 2 hôpitaux, 3 églises et beaucoup d’habitations de bidonville seront détruits, naturellement sans compensation.

Et alors, comment ça continuera pour l’école?

D’un côté c’est une menace parce qu’on ne sait jamais à quel moment les bulldozers viendront. Cette situation a empêché les habitants et moi de dormir déjà bien des nuits. Les bornes sont déjà déplacées et dans un ou deux mois tout y sera nivelé. Le terrain entier a été remesuré par une entreprise de construction chinoise qui exécute les travaux sous protection de deux unités spéciales de la police qui n’hésitent pas à avoir recours aux armes et au gaz lacrymogènes.
J’ai appris en Afrique, face à tous ces problèmes, à y reconnaître aussi nos chances. Nous avons déposé une demande en plus haut lieu, auprès du Premier ministre, nous demandons un terrain que nous avons choisi en remplacement. Le terrain est très en pente et jusqu’à présent personne ne s’y est intéressé parce qu’il ne se prête pas facilement à la construction. C’est pour cette raison que ce terrain est resté libre, comme fait pour nous. Autrement on construit partout où c’est possible. En partie il y a des cabanes dans cette pente et les gens doivent dormir en pente, c’est terrible. En plus les eaux usées coulent à travers ce terrain.

Mais comment pouvez-vous y construire quelque chose?

Je reviens au chocolat. Faire quelque chose avec notre technologie, combiner nos connaissances et notre savoir-faire avec les possibilités et les ressources sur place. Nous devons terrasser ce terrain et sur ces terrasses nous pourrons installer nos projets. Nous qui venons de Suisse, nous avons l’expérience de nos régions montagnardes et même à Zurich on a beaucoup construit sur les pentes raides. Pour l’engineering  nous aurons de l’aide professionnelle de Suisse. Ensemble, avec tous ces gens au chômage sur place, nous allons pouvoir terrasser le terrain. Nous pourrons y construire tout ce qu’il faut: une école plus grande, une clinique, un centre de communauté, un centre HIV-Sida et beaucoup d’autres activités, jusqu’à une serre pour cultiver la nourriture dont on a besoin et une installation de biogaz avec laquelle on pourra utiliser les eaux usées du bidonville pour gagner de l’énergie et en même temps pour obtenir une bonne terre. On ne manque pas de projets, mais il faut qu’on nous attribue le terrain.

Quelles sont les chances d’obtenir ce terrain?

Nous sommes optimistes parce que d’autres organisations seraient à peine capables d’y faire quelque chose. En quelque sorte, ce terrain nous est tout simplement destiné. Au Kenya c’est l’année électorale et le Premier ministre veut devenir président. Notre projet est situé dans son district électoral. Objectivement, il n’est pas réellement possible pour nous d’obtenir ce terrain et de réaliser tous ces projets nécessaires, à moins que beaucoup de gens qui ont du cœur à ce propos nous soutiennent pour que l’aide du cœur au cœur continue. C’est ça notre credo, lorsqu’il s’agit de coopération au développement. Nous ne voulons pas simplement réaliser des projets, mais nous voulons créer des liens. Nous estimons qu’il est essentiel de créer des liens entre tous les participants pour une aide efficace. Ces relations sur place doivent être renforcées pour que le filet, le réseau soit assez solide, afin que les êtres humains puissent vivre en dignité. C’est notre conviction: d’être humain à être humain, du cœur au cœur. De cette façon, nous pouvons mettre en place une coopération au développement qui mérite d’être appelée durable. Ainsi les dons, petits et grands deviennent de vrais investissements. Ce que nous avons vécu là-bas ces dernières trois années nous montre que nous sommes sur le bon chemin pour arriver à un avenir meilleur pour ces êtres humains, et avec cela aussi pour la Suisse. Plus les gens au Tiers monde ont des problèmes, plus les problèmes augmentent chez nous en Suisse. Notre monde est tellement relié en réseaux, économiquement, politiquement et à beaucoup d’autres égards que nous (en Occident) ne devrions pas nous tromper nous-mêmes en continuant à ne pas voir plus loin que le bout de notre nez. Et lorsque les autres gens vont mieux, c’est ce que le chansonnier bernois Mani Matter savait, alors nous aussi nous allons mieux. («Dene, wos guet geit, giengs besser, giengs dene besser, wos weniger guet geit.» Ceux qui vont bien iraient mieux, si ceux qui vont moins bien allaient mieux.)

Je pense que dans tout ce que vous venez de rapporter, vous et vos collaborateurs, vous méritez toute notre considération pour votre engagement quotidien, ce que vous faites pour les plus pauvres des pauvres. Je peux imaginer qu’on se trouve toujours devant de grands défis, surtout au niveau humain …

Là, je dois dire, que le plus grand soutien, à part celui de ceux qui travaillent directement à Kibera, vient de Suisse. Mais nous sommes soutenus aussi localement par des paysans bio qui nous apportent quelques têtes de choux ou quelques bananes plantains ou des betteraves, tout ce que la Providence nous donne pour rendre plus variés les menus pour nos enfants. En plus, nous sommes évidemment heureux de recevoir des visites et du soutien par l’ambassade suisse à Nairobi. Cette année, elle nous aide avec une contribution unique, pour que nous puissions payer les prix des aliments qui ont fortement augmenté et affronter l’explosion du prix dans le domaine médical, et aussi assumer les salaires que nous avons dû adapter en conséquence. Cela nous a donné une sécurité de base pour pouvoir planifier de façon raisonnable. L’école et ses programmes peuvent ainsi continuer, surtout maintenant où nous nous préparons au déménagement dans un nouvel endroit. Le tout est surtout soutenu par des relations personnelles. Le soutien de l’ambassadeur, son assistance personnelle, est important pour moi. Il m’amène toujours à nouveau à me dire: «Non, Alex, bien qu’il y ait beaucoup de choses et beaucoup de forces qui s’y opposent, tu ne dois pas abandonner, il y a une voie.» Les difficultés que je rencontre aussi dans mon travail, je peux les déposer à un endroit propice et retrouver de la compréhension. L’ambassade suisse à Nairobi est une bénédiction pour nous. Et Dieu est toujours du côté des pauvres, il est donc aussi de notre côté.

Monsieur Weigel, nous vous souhaitons pour l’avenir tout le bien possible et que l’école puisse continuer son travail bénéfique. Merci bien de cet entretien.     •

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