L’article ci-contre de Christoph Reichmuth évoque deux positions suisses actuelles mais fondamentalement opposées concernant l’Afghanistan: Albert A. Stahel en retrace le destin depuis les années 1980. Il connaît ce pays et ses habitants à la suite de nombreux voyages, visites et entretiens. Il est non seulement considéré en Suisse comme un excellent connaisseur de l’Afghanistan mais il jouit là-bas d’un profond respect. Depuis quelque temps, il caresse l’idée d’une conférence de paix en Suisse (cf. «Horizons et débats» no 44 du 16/11/09).
Le Département fédéral des Affaires étrangères, quant à lui, a déclaré que par solidarité avec ce pays et tous les pays qui sont engagés dans sa sécurisation, on allait soutenir ses institutions et mettre 180 000 francs à la disposition de l’OTAN pour l’achat de médicaments et de matériel médical destinés à l’armée afghane.
«Horizons et débats» a demandé à plusieurs personnalités quelle politique elles conseilleraient à la Suisse: soutenir financièrement l’OTAN ou adopter une attitude neutre et lancer, avec d’autres pays, l’idée d’une conférence de paix? Il ressort qu’elles sont toutes attachées sans ambiguïté à la neutralité suisse, concept de paix plus actuel que jamais. Il convient de réfléchir à des choses essentielles. L’article de Marianne Wüthrich en page 2 rappelle à ce sujet des fondements du droit international.
Après que, peu avant Noël, l’ambassadeur des Etats-Unis ait attiré l’attention de son gouvernement sur le fait qu’il n’est plus recommandé de collaborer avec le gouvernement Karzai en raison de son haut degré de corruption et d’incompétence et qu’il faut se retirer le plus vite possible d’Afghanistan (cf. «Ambassador to Kabul offered bleak warning», «International Herald Tribune» du 27 janvier), le point de vue d’Albert A. Stahel devrait être considéré avec attention.
A propos du projet soumis au peuple le 7 mars et concernant la recherche sur l’être humain, il est également impératif de se rappeler les fondements d’une vie en société fondée sur le libéralisme, l’humanité, la démocratie et l’Etat de droit, que l’on ne doit pas remettre en question. On ne saurait porter un peu atteinte à la dignité humaine: elle est intangible.
La liberté de la recherche trouve son sens dans son indépendance par rapport à l’économie et à la politique. Aussi devrait-elle être au service de la dignité humaine, lui être subordonnée. Le siècle dernier nous a offert suffisamment d’exemples des possibles conséquences d’idéologies de toutes provenances qui ont commencé à entamer ce fondement de la vie en société.
Erika Vögeli