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18 juillet 2016
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Horizons et debats  >  archives  >  2013  >  N°13, 1 avril 2013  >  Il faut comprendre l’Iran! [Imprimer]

Il faut comprendre l’Iran!

par Gotthard Frick, Bottmingen

Dans les médias occidentaux, l’Iran est présenté comme un pays lugubre et hostile, pourtant nous devrions, nous les Suisses, montrer une grande compréhension et une sympathie à l’égard de ses efforts à vouloir poursuivre une politique indépendante. Le pays a été pendant une grande partie du XXe siècle dominé par la Grande-Bretagne et les Etats-Unis. Bien que pays neutre pendant la Seconde Guerre mondiale,  il a été envahi et occupé dans une action militaire commune de la Grande-Bretagne et de l’Union soviétique, qui s’est jointe plus tard encore aux Etats-Unis et il a dû renoncer à sa neutralité. Le Président Mossadegh, élu démocratiquement après la guerre, a été renversé lors d’un coup d’Etat initié par les puissances occidentales alors qu’il avait étatisé l’industrie pétrolière, et le Schah qui lui a succédé était une marionnette des USA, qui déterminaient sa politique par le biais de leur ambassade à Téhéran, ce qui a été prouvé après sa chute.
Un scientifique spécialisé dans l’histoire de l’antiquité a autrefois reproché à l’auteur de cet article, dans le cadre d’un grand projet, que les Européens ne voyaient l’Iran qu’à travers les lunettes des anciens Grecs pour qui les Perses étaient des barbares. Dans l’antiquité, ce mot n’exprimait pas des «sauvages non civilisés» comme aujourd’hui, mais voulait seulement dire qu’ils ne parlaient pas le grec.
L’Iran est un pays de haute culture ancienne et était dans l’Antiquité à la pointe au niveau technique. Ainsi avait-on développé, par exemple, des installations frigorifiques sophistiquées pour des maisons d’habitation, et les gens de la classe privilégiée mangeaient à l’époque des mets glacés au plus chaud de l’été.
Vis-à-vis de son passé empreint d’ingérence extérieure, l’objectif actuel du pays d’être indépendant au niveau politique, économique mais aussi dans le domaine de la défense du pays, est très compréhensible. Pourquoi l’Iran doit-il soumettre son programme nucléaire à un contrôle international, tandis qu’un autre pays dans la région n’a à craindre aucune sanction, grâce au soutien de l’Occident, peut se soustraire à tout contrôle international, détenir un arsenal d’armes nucléaires et ignorer les résolutions de l’UNO?
On reproche au pays de vouloir éliminer Israël. Mais si les traductions disponibles du texte original persan sont exactes, alors la menace se dirige directement contre le régime actuel, donc le gouvernement d’Israël et sa politique d’annexion. Les dirigeants iraniens distinguent aussi officiellement entre le judaïsme valorisé positivement et le sionisme perçu comme négatif.
La variante iranienne de l’Islam chiite (imâmisme) avec sa pratique du martyre, déconcerte quelque peu les Européens, en particulier quand par un jour férié des milliers d’hommes défilent torse nu et se flagellent le dos jusqu’au sang avec des fouets. D’un autre côté, le pays protège ses autres communautés religieuses anciennes, les Juifs, les Arméniens, les chrétiens assyriens et chaldéens et les partisans de Zoroastre, qui ensemble ont un droit constitutionnel à cinq sièges au Parlement, dont un pour les Juifs. Ces minorités disposent ainsi d’une représentation largement au-delà de toute proportion. Rien que dans l’actuelle Téhéran, il y a au moins onze synagogues florissantes, en partie reliées à des écoles hébraïques. Il existe des boucheries et des restaurants casher, un cimetière juif et l’interdiction de danser et boire de l’alcool ne vaut pas pour la communauté juive lors de ses jours fériés. Le pays héberge la seule communauté juive importante, comptant presque 35000 membres (deux fois plus qu’en Suisse!), dans l’ensemble du Moyen-Orient musulman. Cependant, des relations avec Israël lui sont interdites.
Il serait grand temps que nous montrions davantage de sympathie et de compréhension envers ce pays.     •

Source: sephardisticstudies.org, youtube.com, ­theintelligence.de

(Traduction Horizons et débats)