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18 juillet 2016
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Horizons et debats  >  archives  >  2009  >  N°10, 23 mars 2009  >  L’expérience britannique [Imprimer]

L’expérience britannique

Le 5 mars, la Banque centrale d’Angleterre (BoE) annonçait qu’elle abaissait de moitié son taux directeur, le faisant passer de 1% à 0,5%. En fait, cette mesure efface complètement les taux britanniques officiels, la banque centrale britannique rejoignant ses homologues américaine et japonaise en toutes choses, à l’exception de l’élimination de l’escompte que doivent payer les banques commerciales désirant emprunter à la banque centrale des «réserves excédentaires».

Cette mesure était attendue presque dans le monde entier et n’a pas fait couler beaucoup d’encre dans la presse qui a relaté l’événement.
Ce qui a fait couler énormément d’encre, c’est l’annonce faite par le gouverneur de la BoE Melvyn King que la banque avait décidé d’injecter directement de l’argent neuf dans l’économie en faisant fonctionner la planche à billets et en utilisant cet argent pour acheter des créances émises par le gouvernement britannique. Cette «décision» a été prise avec l’assentiment du Chancelier de l’Echiquier britannique Alistair Darling. Comme l’a déclaré l’homologue de Mr Darling sur les bancs de l’opposition, le Chancelier «fantôme», «il s’agit effectivement d’imprimer de l’argent, mais comme toutes les autres politiques du gouvernement ont échoué, je ne pense pas que la Banque d’Angleterre ait eu le choix.» En réalité, comme le montre cette citation, la décision était bipartisane.
Souvenons-nous que la Grande-Bretagne fut le premier pays anglo-saxon à commencer de nationaliser son système bancaire en rachetant Northern Rock en février 2008, une année avant que la BoE annonce, en février, qu’elle abaissait son taux d’intervention de 1,5% à 1%.
Un effet capital, beaucoup trop peu commenté dans les médias, de cette baisse de taux a été le tollé qu’elle a provoqué dans l’opinion britannique. Les protestations n’étaient absolument pas limitées à ceux de qui on les attendait: les retraités et les personnes ayant un revenu fixe. Elles sont venues de l’ensemble de la population. Les petits entrepreneurs étaient contre, de même que les salariés. Même un nombre important de détenteurs d’hypothèques étaient contre, se rendant compte, à juste titre, que les économies qu’ils pouvaient faire dans le remboursement de leurs hypothèques seraient plus qu’englouties par la chute potentielle de la valeur à la revente de leur bien.
A la fin février, on a appris qu’en janvier, les épargnants du Royaume-Uni avaient retiré la somme record de 2,3 milliards de livres de leurs comptes bancaires. C’était le plus important retrait mensuel au cours des 12 dernières années, supérieur de plus de 53% au précédent record de 800 millions de livres. Il a été noté que depuis le milieu de 2008, la BoE avait ramené ses taux de 5,0% à 1,0%. Cela signifie qu’un épargnant qui avait déposé 100 000 livres dans une banque avait vu le rendement annuel de son argent passer de 3700 à 290 livres. Malgré les «garanties du gouvernement», il estimait qu’il ne valait pas la peine de laisser son argent à la banque.    •

Source: The Privateer No 624, mars 2009
(Traduction Horizons et débats)