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18 juillet 2016
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Horizons et debats  >  archives  >  2009  >  N°38, 5 octobre 2009  >  «On ne peut pas vivre la nature d’une meilleure manière» [Imprimer]

«On ne peut pas vivre la nature d’une meilleure manière»

Interview de Hanni Russi, contrôleuse à Andermatt dans la diligence postale légendaire du Saint Gothard

Madame Russi est contrôleuse dans la diligence postale légendaire du Gothard. «Horizons et débats» a eu l’occasion de lui poser quelques questions sur son activité exceptionnelle. C’est par hasard qu’elle a découvert sa passion et elle est fière de travailler pour le compte de la diligence postale du Gothard. Elle a maintenant passé son brevet et pourrait ainsi conduire la diligence en tant que postillon. Elle attache une grande importance à ce que les costumes correspondent exactement aux modèles historiques.

Horizons et débats: Madame Russi, qu’est-ce qui vous a amenée au métier de contrôleur dans la légendaire diligence postale du Gothard?

Hanni Russi: En 1999, nous avons monté la pièce de théâtre «La Poste du Gothard» au théâtre en plein air ici à Andermatt. Il s’agit d’une pièce qui se réfère à l’époque où le tunnel du Saint Gothard s’est ouvert et où l’on n’avait plus besoin de la diligence postale. Il y avait de nombreux chômeurs et un grand nombre d’entre eux, avant tout les jeunes, ont quitté le pays. C’est ce dont il s’agit dans la pièce en plein air. La moitié du village y a participé, toute ma famille était de la partie. On a également utilisé la diligence à cinq chevaux du Gothard. Elle a roulé sur la grande scène en plein air, le postillon était le détenteur actuel de la diligence historique. Il a participé à la pièce de théâtre et nous étions les figurants, nous avons représenté la vie du village et exprimé le plaisir que l’arrivée de la diligence nous procurait. C’était pour les gens de l’époque un grand évènement. On observait exactement la manière dont les gens ­riches descendaient et dont ils étaient habillés ainsi que la mode qu’ils portaient. On voulait voir cela. Les indigènes étaient curieux de savoir qui sortait de la diligence. Nous devions jouer cette scène à l’époque. Le postillon avait dit alors que le mieux serait pour nous de prendre une fois la diligence afin que nous puissions vraiment éprouver ce que nous devions jouer. C’est ainsi que j’ai pu aller en diligence pour la première fois. Cela m’a complètement fascinée et la deuxième fois, cela ne m’a plus lâchée.
En 2000, nous avons remonté la pièce et j’ai pu à nouveau prendre la diligence en tant que contrôleuse. Le contrôleur était blessé à ce moment-là et j’ai reçu alors un appel. On m’a demandé si je ne voulais pas voyager en diligence en tant que contrôleuse puisque j’avais fait déjà plusieurs fois le trajet, je pourrais donc les accompagner. C’est ce qui m’a menée là.
Au début, je n’avais pas beaucoup de relations avec les chevaux. C’est seulement quand j’ai participé au nettoyage et aux préparatifs du parcours en diligence que je m’y suis faite.

Combien de circuits effectuez-vous dans une année?

Au début, on en faisait 20 par saison, cela veut dire de juin à septembre et dans les cinq dernières années, environ 50 circuits. Nous sommes plusieurs contrôleurs et nous nous partageons le travail.

Combien de fois les parcours ont-ils lieu? Est-ce que le temps joue un rôle?

Pendant la saison, on fait le circuit tous les jours et par tous les temps. Même quand il fait mauvais temps, cela a ses attraits. Quand il y a eu un éboulement de pierres, nous n’avons pas pu rouler pendant deux jours. Quand il neige et que la neige reste sur la route, alors on ne peut pas non plus rouler. Nous pouvons fermer la diligence afin que les passagers ne soient pas mouillés. Seuls le postillon et le contrôleur sont dehors mais nous avons de bons vêtements, de longs imperméables et des chapeaux imperméables et nous pouvons nous protéger contre les intempéries.

Combien de personnes tiennent dans la ­diligence?

Huit personnes.

Qu’est-ce qui vous fascine dans le circuit en diligence?

C’est le sentiment d’autrefois, quand on roule au pas; on ne peut pas vivre la nature d’une meilleure manière. Lorsqu’on débute à la mi-juin les rhododendrons fleurissent et tout est rouge-rose, cela devient de plus en plus coloré, et vers l’automne tout est marron-rouge et orange. On peut vivre la végétation de manière très intense, quand on voit tout cela. En outre, on peut montrer aux passagers ce qui fleurit et où. Il me tarde d’en être à l’année prochaine.
Merci pour l’entretien.    •