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18 juillet 2016
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Horizons et debats  >  archives  >  2009  >  N°42, 2 novembre 2009  >  Surmonter solidairement la crise renforce la Suisse [Imprimer]

thk. Vouloir comparer les événements politiques réels et les activités politiques actuelles peut sembler absurde. Voici ce qui s’est passé il y a deux semaines. La «Neue Zürcher Zeitung» du 17 octobre présente de manière légèrement critique le projet du Conseil fédéral de réviser la Loi sur les denrées alimentaires, projet que l’Union suisse des arts et métiers considère comme «un retour au Moyen-Age», accusant l’Etat de «mise sous tutelle des consommateurs». Le communiqué de presse de l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) y voit des ajustements au droit de l’UE, mais ils vont plus loin.

Les restaurants au pilori?

Cette nouvelle loi permettra de rendre publics les contrôles alimentaires, ce qui signifie que, pour les restaurants et les autres entreprises de l’alimentation, les contestations et les classements officiels seront publiés. Est-il besoin d’expliquer que cela peut signifier un arrêt de mort pour certains restaurateurs. A juste titre, ces contrôles restaient jusqu’ici confidentiels. Le restaurateur était tenu de répondre à certaines exigences s’il voulait poursuivre son activité. Il aurait encore cette possibilité mais les conditions sont plus sévères. Même les chimistes cantonaux sont opposés à une levée du secret professionnel parce que les contestations sont le plus souvent fondées sur une impression momentanée et qu’une correction peut être apportée rapidement. Ils estiment que les mesures à la disposition des contrôleurs sont efficaces et tout à fait suffisantes.

Le «politiquement correct» alimentaire

Cette révision de la loi comporte une classification des produits alimentaires en fonction de leur qualité: On leur attribue des points rouges, jaunes ou verts pour que le consommateur reconnaisse les produits alimentaires «physiologiquement utiles» et que, lors de ses achats, il soit parfaitement conscient que ce qu’il dépose dans son panier est «politiquement correct».
Ajoutons encore la demande des chi­mistes cantonaux de soumettre aussi au contrôle légal l’alimentation animale afin que tous les aspects de la sécurité alimentaire soient bien intégrés dans la législation. L’Union suisse des paysans a déjà signalé son opposition catégorique.
Un «Office fédéral de la protection des consommateurs» doit aussi être créé afin de permettre la coordination.

Qualité remarquable des produits suisses

On peut dire à juste titre que la sécurité des denrées alimentaires en Suisse dépasse largement celle de l’UE. La qualité des produits suisses jouit d’une réputation mondiale et la question se pose de savoir pourquoi il faudrait alors, en période de crise, procéder à une révision qui entraînera davantage de bureaucratie et moins d’indépendance? Le fait que l’on prenne l’UE comme critère alors qu’en matière de sécurité alimentaire, on a assisté en Europe à toute une série de scandales (viande avariée, etc.) n’a pas de fondement objectif et semble ne relever que du programme politique de quelques stratèges fédéraux.

L’indépendance et l’autonomie plutôt que l’aide sociale

Une question primordiale se pose: quelles sont les priorités? Les exemples des communes zurichoises de Regensdorf et de Kloten (cf. page 4) montrent clairement où se trouvent les vrais problèmes auxquels notre communauté sera bientôt et est déjà confrontée et mettent en évidence l’attitude constructive de notre population à cet égard. L’attachement, aussi chez les plus démunis, à l’indépendance et à l’autonomie joue un rôle particulièrement important. Au lieu de devenir dépendant de l’assurance chômage, on vit un certain temps du minimum vital. C’est à contrecœur que les citoyens solli­citent l’aide de l’Etat et ils travaillent pour des salaires qui leur permettent à peine de survivre. L’interview de la cheffe des Services sociaux de la commune de Regensdorf sur le problème des «working poor» met particulièrement en évidence le sens profond des responsabilités et le désir d’indépendance de ces personnes.

Solidarité des habitants de la commune

La situation économique de la commune zurichoise de Kloten est inquiétante. La commune devra lever des impôts pour compenser dans une certaine mesure la perte de recettes en cette période de crise. Les responsables, comme il ressort de l’article sur le déficit fiscal de la commune de Kloten (cf. page 4), devront limiter les dépenses au maximum, mais les dépenses courantes sont à peine modifiables. La solidarité des habitants de la commune est donc sollicitée. Le maire espère que le Conseil général tiendra compte de cette réalité et que l’on se serrera la ceinture pendant un certain temps.
Ces deux exemples illustrent clairement la situation dans notre pays et il faut espérer que la Confédération se montrera solidaire de la population de nos communes et lui viendra en aide en prenant des mesures constructives et soli­daires.

Des employeurs disposés à coopérer

Il est absurde et extrêmement contestable, dans les conditions actuelles, de relancer le débat sur l’adhésion à l’UE, comme le font surtout des politiques de gauche. Le Département de Moritz Leuenberger, membre du Parti socialiste, s’est-il déjà éloigné à ce point de la vie réelle qu’il plane comme un vaisseau spatial au dessus des citoyens, de leurs besoins et de leurs problèmes?
En fait, la justice sociale, que la social-démocratie a inscrite à son programme, semble n’être plus qu’un camouflage. Quand le président du PS suisse Christian Levrat parle d’une part d’une «relance de la lutte des classes» et plaide d’autre part pour une adhésion à la structure néolibérale qu’est l’UE, on peut se demander dans quel siècle il vit, au service de qui il s’est mis et qui va payer la note. En outre, l’interview de la cheffe des Services sociaux de Regensdorf montre à quel point de telles déclarations sont injustes en regard de l’ouverture à la coopération et des efforts et des soucis, également des employeurs, en période de crise.
La situation est grotesque. Au lieu de s’employer de toutes ses forces à combattre ensemble la crise – comme beaucoup de personnes le font déjà dans nos communes – on creuse des fossés, on mène des débats oiseux qui n’apportent aucune solution à la crise. La politique doit collaborer avec les citoyens et c’est en tenant compte de leurs besoins et de leurs soucis que nous maîtriserons la crise et que nous donnerons à chacun la conscience que son engagement est absolument nécessaire.     •