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18 juillet 2016
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Horizons et debats  >  archives  >  2010  >  N°19, 17 mai 2010  >  Courrier des lecteurs [Imprimer]

Courrier des lecteurs

Retour à des pratiques commerciales sérieuses

Malheureusement, il est presque impossible d’échapper au dilemme, et cela pour deux raisons.
Primo, la création de monnaie est basée, dans le système financier mondial, sur l’intérêt, dont la fonction exponentielle (due aux intérêts composés) conduit, en tant qu’erreur systématique, inévitablement au surendettement: Le monde réel est pris en otage en se voyant imposer la croissance perpétuelle qui exploite toutes les ressources. (Gandhi: «Le monde dispose de suffisamment de res­sources pour satisfaire les besoins de tous, mais non pas leur avidité.»)
Secundo, la globalisation de la finance s’est depuis longtemps érigée en maître absolu de toutes les politiques nationales. Cela commence par l’emploi des mots, par exemple celui d’«industrie financière» qui laisse entendre que quelque chose est produit. C’est pourquoi les offres du monde financier sont appelées «produits», sans qu’on puisse les comparer à n’importe quel produit du commerce réel.
Le remède suggéré dans l’article est correct, moi-même étant depuis longtemps client d’une banque coopérative communale. On peut très bien vivre sans actions, sans fonds ou autres titres.
Mais lorsqu’il s’agit de lois, il doit être permis de se demander comment les imposer au niveau national et global.
Une solution pourrait par exemple consister à ralentir le marché des capitaux et les opérations à terme. C’est une vraie perversion que de transférer dans le monde quotidiennement, seconde après seconde, des sommes qui dépassent considérablement le produit social brut mondial dans le seul but de tirer profit de spéculations boursières. On est face à une maladie du système financier quand la cargaison de pétrole brut d’un na­vire change au moins cent fois de propriétaire au cours de son trajet du producteur à la raffinerie, pour que le plus grand nombre possible de spéculateurs puisse en profiter.
Une autre solution consisterait à lever des impôts efficaces sur les transactions financières qui permettent des profits sans prestations correspondantes dans l’économie réelle qui reviennent simplement à faire de l’argent avec de l’argent. Dans la logique de l’intérêt des dettes, ce comportement ne peut qu’aboutir à de nouvelles dettes, encore plus élevées. En revanche, selon ce modèle, les affaires resteraient exemptes de tout impôt pour les acteurs de l’économie réelle directe dans les domaines de l’artisanat et de l’industrie, des services, de la culture, de l’Etat et du commerce.
Une telle transformation ne reposerait pas forcément sur les idées de Silvio Gesell, mais il est grand temps, pour recourir au langage des jardiniers, de couper toutes les branches qui ne produisent pas de fruits pour la collectivité. Il faudrait proscrire le monde parallèle des élites financières dont les affaires constituent une charge pour la collectivité, comme c’est le cas des armes nucléaires, qui ap­portent également la mort. Je considère comme inévitable le retour de toutes les banques à des pratiques commerciales sérieuses si elles veulent retrouver notre confiance. Les spéculations à hauts risques n’y contribuent guère.

Dietmar Fürste, Rattiszell (D)

Le SPD, partisan de la guerre

Le gouvernement allemand, dont la chancelière Angela Merkel, justifie l’engagement dans l’Hindu Kuch mais le soutien de la population diminue chaque jour. Jusqu’à mainte­nant, 43 Allemands sont morts en Afghanistan. On ne sait pas avec autant de précision combien de dizaines de milliers d’Afghans, surtout des civils, sont morts. On ne parle pas souvent du «traumatisme» des Afghans, qui, après les Britanniques et les Russes sont depuis 8 ans frappés par une guerre qui a apporté de nouveau la misère dans le pays. Il paraît que seuls 26% des Allemands ap­prouvent maintenant le maintien de la Bundeswehr en Afghani­stan. Mais le parti social-démo­crate est toujours favorable à cet engagement. Auparavant, les Verts étaient, comme les sociaux-démo­crates, pour l’envoi de soldats en Afghanistan, prétendument pour y défendre également l’Allemagne.
Cet engagement des sociaux-démo­crates en faveur de la guerre rappelle le 4 août 1914, lorsque le groupe parlementaire social-démocrate avait voté unanimement au Reichstag les crédits de guerre et avaient rendu possible la Première Guerre mon­diale. Si, à l’époque, le parti ouvrier allemand avait voté unanimement contre ces crédits et avait appelé à la grève générale contre la mobilisation, la guerre aurait peut-être pu être évitée.
Le parlementaire Karl Liebknecht n’avait pas pris part au vote pour ne pas devoir voter contre son parti. Mais le 2 décembre 1914, il avait été le seul député du Reichstag à se prononcer contre le renouvellement des crédits de guerre.
Il avait, à l’été et à l’automne 1914, parcouru toute l’Allemagne avec Rosa Luxemburg pour, quasiment sans succès, amener les adversaires de la guerre à refuser les crédits d’armements. Il avait aussi pris contact avec d’autres partis ouvriers européens pour leur signaler que tous les sociaux-démocrates allemands n’étaient pas pour la guerre.
L’Allemagne est aujourd’hui, 65 ans après Hitler, le troisième exportateur d’armements du monde après les Etats-Unis et la Russie. Selon l’Institut suédois de recherches sur la paix SIPRI, l’Allemagne a, entre 2005 et 2009, plus que doublé ses exportations d’armes. Or elles attisent les guerres.

H. Frei, Zurich