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18 juillet 2016
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Horizons et debats  >  archives  >  2008  >  N°13, 31 mars 2008  >  Ils nous conduiront jusqu’au bord de l’abîme [Imprimer]

Ils nous conduiront jusqu’au bord de l’abîme

par Reinhard Koradi, Dietlikon

Combien de fois n’avons-nous pas déjà entendu parler du conte de fée à propos des forces autoguérissantes du marché libre? Depuis des décennies, on nous a rabâché que les interventions régulatrices de l’Etat nuisent à l’économie. Les masses profondément crédules ont suivi les gourous du capital et de l’économie. La propriété publique a été jetée aux pieds du marché libre à des prix dérisoires sous le titre de «libéralisation et privatisation». Le marché néolibéral global s’est établi en tant que système hautement efficient en ce qui concerne la destruction du capital national et la recherche du profit maximal des «élus», c’est-à-dire des propriétaires. Le chemin de fer, le téléphone, la poste, l’approvisionnement en énergie et en eau, les hôpitaux et autres établissements de la vie publique ont été affectés au capital privé à l’aide d’offres bon marché. L’attaque contre le capital des banques nationales a été lancée par le Fonds monétaire international (FMI), qui a forcé par décret les instituts financiers à dissoudre leurs réserves d’or pour les remplacer par du papier-monnaie sans valeur.
Sous le slogan «le commerce libre conduit à des prix plus bas et favorise la croissance économique», les économies nationales stables et gérées de manière circonspecte ont été assaillies par l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Des attaques qui ont déstabilisé la souveraineté des Etats nationaux et leur politique économique axée sur le bien de la population. On a miné la politique économique nationale contre toute conviction en affaiblissant la souveraineté alimentaire et en sacrifiant les objectifs visant à la stabilité (une croissance économique adéquate, le plein-emploi, des prix stables, la distribution équitable des revenus, une balance des paiements équilibrée d’une politique de croissance unilatérale (y compris l’ouverture des marchés)). Et nous obéissons encore sagement aux chantres de l’économie de marché libre.
Même la chute dramatique sur les marchés financiers affecte à peine la majorité de la population. Nous nous laissons encore mettre an état de torpeur par les «experts financiers». Divers commentaires sur la crise financière ou des déclarations issues du milieu bancaire doivent préparer lentement et prudemment le géant endormi à la razzia par l’élite financière, sur l’argent provenant des impôts, des revenus privés des petits épargnants, des retraites et des salaires. Ainsi, Josef Ackermann, chef de la Deutsche Bank a exigé lundi dernier que le gouvernement américain intervienne sur le marché face à la crise financière déclenchée par les crédits immobiliers douteux des USA. Selon un porte-parole, Ackermann a déclaré: «Je ne crois pas ici uniquement aux forces autoguérissantes des marchés». Ce sont ceux qui ont profité jusqu’à maintenant du marché libre qui réclament au moment de la crise le secours de l’Etat et ainsi invitent l’ensemble de la population à passer à la caisse! On entend des paroles semblables provenant de certains côtés bien informés: Si la banque UBS (grande banque suisse) devait s’enfoncer encore davantage dans la crise, alors l’Etat devrait intervenir. Tout ceci selon le principe «privatiser les profits et socialiser les pertes». Dans le monde entier, les banques nationales ont investi des centaines de milliards de dollars dans les marchés financiers pour repousser encore un peu l’effondrement. Ce sont les masses qui paient ces milliards par l’inflation et les pertes sur leurs revenus privés. Mais ces masses ne bougent toujours pas.
Peut-être nous réveillerons-nous encore avant d’être poussés dans l’abîme – au plus tard quand nous réaliserons que nous finançons les guerres en Irak, en Afghanistan et en Palestine avec la perte de nos revenus et l’inflation galopante. Ne devrions-nous pas, face à ces perspectives, nous lever déjà aujourd’hui?    •