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18 juillet 2016
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Horizons et debats  >  archives  >  2009  >  N°24, 22 juin 2009  >  La bataille de Solferino et le CICR – Comment une attitude intérieure devient un mouvement mondial [Imprimer]

La bataille de Solferino et le CICR – Comment une attitude intérieure devient un mouvement mondial

Engagement croissant de la jeunesse internationale

Le 24 juin 2009 est le 150e anniversaire de la bataille de Solferino, qui a pris une place dans l’histoire comme peu d’autres événements militaires auparavant. Le commerçant suisse Henry Dunant, alors en voyage en Lombardie, a joué un rôle décisif dans cette bataille sans y être impliqué, mais en étant le témoin de ce carnage épouvantable. Touché par la misère des morts et des blessés, il a pris l’initiative de créer cette institution qui sera connue dans le monde entier et dont on ne peut plus imaginer qu’elle n’existe pas: Le Comité International de la Croix-Rouge.
thk. Ce jour-là, le 24 juin 1859, plus de 300 000 soldats armés se sont affrontés: des troupes autrichiennes d’un côté, des troupes françaises soutenues par des troupes sardes et piémontaises de l’autre. Le combat dura 15 heures et laissa des dizaines de milliers de morts et de blessés sur le champ de bataille.

thk. Lorsque, le soir du 24 juin, le commerçant genevois Henry Dunant arrive à Solferino, il est le témoin de cette misère humaine et consigne ses impressions dans le livre «Un souvenir de Solferino»: «Dans le silence de la nuit on entend des gémissements, des soupirs étouffés pleins d’angoisse et de souffrance, et des voix déchirantes qui appellent du secours. Qui pourra jamais redire les agonies de cette horrible nuit! Le soleil du 25 juin éclaira l’un des spectacles les plus affreux qui se puissent présenter à l’imagination. Le champ de bataille est partout couvert de cadavres d’hommes et de chevaux; les routes, les fossés, les ravins, les buissons, les prés sont parsemés de corps morts, et les abords de Solferino en sont littéralement criblés.»

«Comité International des Sociétés d’aide pour les soins aux blessés»

Rentré à Genève quelques jours plus tard, Henri Dunant couche sur le papier ses impressions dans une description émouvante et bouleversante. Animé par l’idée de tirer des conséquences de cet événement épouvantable, il fait imprimer en 1862 ses descriptions et donne au livre le titre déjà cité «Un souvenir de Solferino». Il l’envoie à des personnalités politiques et militaires de premier plan et lance l’initiative qui conduit en 1863 à la fondation du Comité International des Sociétés d’aide pour les soins aux blessés. Pour que ce comité puisse travailler sans obstacles, il faut un consensus international auquel tous les pays devaient souscrire. Grâce à l’engagement infatigable de Dunant, la première Convention de Genève, qui règle le comportement envers les blessés sur un champ de bataille,  peut être signée en 1864 déjà.
Pendant la guerre franco-allemande de 1871, la Croix-Rouge est déjà opérationnelle. Dunant fait le voyage à Paris pour pouvoir contribuer aux soins des blessés. Désormais la Croix-Rouge occupe une place irremplaçable dans notre monde.

Neutralité comme condition préalable d’une véritable humanité

La stricte règle du Comité International de la Croix-Rouge (CICR) – c’est le nom de la société depuis 1876 –, c’est la neutralité, inscrite aussi comme principe fondamental dans la Constitution de la Suisse de 1848. Déjà avant la fondation de sa Société Internationale d’aide, ce principe représentait pour Henry Dunant une conviction profondément ancrée en lui-même. L’aide aux blessés et les victimes d’une guerre ne doit pas faire de différence entre amis et ennemis, elle doit toujours être humaine. Cette disposition intérieure, il l’avait remarquée à Solferino chez les femmes qui ont soigné les blessés avec Dunant. Il écrit:
«Mais ces femmes de Castiglione voyant que je ne fais aucune distinction de nationalité, suivent mon exemple et témoignent la même bienveillance à tous ces hommes d’origines si diverses et qui leur sont tous également étrangers. ‹Tutti fratelli› répétaient-elles avec émotion. Honneur à ces femmes compatissantes, à ces jeunes filles de Castiglione.»
Cet esprit de neutralité et donc de véritable humanité demeure le concept fondamental du CICR, celui qui lui donne la possibilité d’être présent dans des conflits armés pour travailler dans le sens d’un véritable humanisme. Ce n’est pas un hasard si le CICR a été fondé précisément en Suisse. En effet, seul un Etat neutre pouvait en offrir la caution indiscutable. Lorsque de nos jours, à l’occasion du 150e anniversaire de la bataille de Solferino, on attire l’attention sur la valeur irremplaçable de la Croix-Rouge, il faut être conscient de cette signification.

Le Suisse Henry Dunant pose la première pierre de l’édifice du Droit international humanitaire

Le Comité International de la Croix-Rouge, dans la tradition de Henry Dunant, a participé de manière décisive à la création et au développement du Droit international humanitaire et l’a introduit dans la conscience des hommes. Au courant des décennies il y a eu plusieurs développements de l’idée de la Croix-Rouge.
Tout d’abord, en 1864, la Turquie a signé la Convention de Genève et a fondé en 1868 la première organisation nationale du Croissant-Rouge, auquel a été accordé, dans le sens de la Convention de Genève, le même statut qu’à la Croix-Rouge. Puis en 1919, après la première guerre mondiale, c’est-à-dire il y a 90 ans, a été fondée la Ligue des Sociétés de la Croix-Rouge qui a été rebaptisée en 1991 Fédération des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant Rouge. L’idée était de créer une organisation analogue à la Société des Nations qui s’engagerait mondialement pour l’amélioration de la santé, la prévention des maladies et le soulagement des souffrances.
Les développements du Droit international humanitaire et l’adoption de la troisième et de la quatrième Convention de Genève sont dus à l’initiative du CICR. Il y a exactement 60 ans, en 1949, les quatre Conventions de Genève ont été adoptées et ratifiées par presque touts les Etats du monde. Elles forment le noyau du Droit international humanitaire, qui précise aujourd’hui encore les directives humanitaires fondamentales à respecter lors d’affrontements militaires.

Grand engagement de la jeunesse internationale

L’année 2009 est à maints égards une année de jubilée pour la Croix-Rouge, puisqu’on y commémore les 150 ans de la bataille de Solferino, les 90 ans de la Fédération des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant Rouge, les 80 ans de la Convention de Genève relative au traitement des prisonniers de guerre et les 60 ans de la révision et de l’adoption des quatre Conventions de Genève. Pour marquer cet événement, il y aura plusieurs manifestations destinées avant tout à faire connaître à la jeune génération la Croix-Rouge et ses engagements humanitaires, sous la devise «our world – your move» (notre monde – votre action).
L’intérêt croissant de la jeunesse pour les questions touchant l’humanitaire et concernant le Droit international doit beaucoup aux différentes initiatives de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge. Les nombreuses manifestations du 150e anniversaire offrent aujourd’hui aux enseignants une possibilité exceptionnelle de sensibiliser leurs élèves à leur devoir d’humanité, pour qu’ils contri­buent à amener plus d’humanité et de paix dans notre monde.     •