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18 juillet 2016
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Horizons et debats  >  archives  >  2013  >  N°6, 11 février 2013  >  «Stratégies de la vie» [Imprimer]

«Stratégies de la vie»

 

«La prévoyance dans le monde animal»

thk. Le livre illustré, intitulé «Strategien des Lebens – Vorsorge in der Tierwelt» [Les stratégies de la vie – la prévoyance dans le monde animal], publié par le groupe d’assurance suisse «Mobilière», qui est une société coopérative, en collaboration avec le zoo de Zurich, fait mieux connaître les réalités de la vie (animale) à ses lecteurs. Les titres de chaque chapitre, «Loger mieux dans le règne animal», «Tout tourne autour de la couvée» ou «La vie et la survie dans la masse», documentent déjà le fait que l’animal et l’être humain ne sont pas très éloignés l’un de l’autre dans certains domaines.
Les animaux, ainsi que l’être humain doué de raison, s’orientent en principe selon l’environnement et sa réalité et tirent – pour la plupart du temps ensemble – des conclusions de leur expérience. Un avantage des animaux, c’est qu’ils ne peuvent pas être manipulés par des intérêts privés ou politiques, mais ils ne se fient qu’à eux-mêmes, leurs instincts, leurs expériences et leurs congénères. La lecture nous amène vite à la question de savoir ce que nous, les êtres humains, pouvons apprendre des animaux qui sont exposés à une multitude de menaces dans la nature. Un tour d’horizon à travers l’ouvrage présent nous donne la réponse: un tas de choses.
Au cours de la longue période de leur existence, les animaux ont développé des stratégies complexes qui assurent leur survie commune. Le PDG de la «Mobilière» suisse, Markus Hongler, en vient au fait dans la préface de ce magnifique livre illustré: «Strictement parlant, la nature est une merveilleuse ‹société d’assurance›». Les menaces, auxquelles les animaux sont exposés, sont multiples et mettent souvent la vie en danger, donc il est d’autant plus important que tous les êtres vivants puissent développer une protection de la vie qui soit adaptée à leurs besoins. «Toutes les espèces pratiquent leur propre prévoyance alignée avec précision à leurs besoins spécifiques afin de survivre dans la nature rude.»
Et comment est-ce que nous, les humains, nous nous comportons? Parfois, on pourrait croire que ce degré sain et naturel du sens des réalités, qui nous caractérise au degré le plus haut, s’est perdu ces dernières décennies en raison de trop de prospérité et d’insouciance. (cf. encadré)
Ainsi, les gens dans notre pays vivent souvent allègrement au jour le jour. Ils sont à peine conscients du fait que tout ce que nous avons aujourd’hui comme acquis positifs, telle une nourriture suffisante, une médecine performante, une bonne formation scolaire, une démocratie qui fonctionne très bien, une vie pacifique, a été conquis par nos ancêtres, non seulement avec beaucoup d’engagement et avec tout leur cœur, mais aussi dans un suprême effort et sous des privations – en fin de compte sous la menace de leur propre existence. Ils nous ont donné, comme à leur progéniture, ce patrimoine extrêmement précieux dans la confiance que nous allons le maintenir, le cultiver et le défendre contre les attaques externes et internes.
Dans le monde animal, la sauvegarde de la vie est primordiale. Alex Rübel, directeur du zoo de Zurich, qui est en contact étroit avec ses animaux chaque jour, raconte de première main dans la préface: «De nombreux modèles de comportement sont conçus pour éliminer ces risques ou au moins les minimiser.» La sauvegarde de l’espèce est primordiale. «Le premier cercle», explique Alex Rübel, «tourne autour du comportement social, la vie familiale, la rencontre avec les congénères, la reproduction et l’élevage des petits. Le deuxième cercle tourne autour de l’approvisionnement en nourriture. Dans le troisième cercle, que nous sous-estimons souvent en ce qui concerne le temps investi, il s’agit d’éviter les dommages venant de l’extérieur, pour ainsi dire, de prendre des mesures de prévoyance pour protéger soi-même et sa progéniture.» Est-ce que cela ne rappelle pas quelques principes qui sont aussi décisifs pour la vie commune des êtres humains? A savoir la solidarité des générations, le système de milice, notre communauté de la démocratie directe dans le sens de l’autonomie communale, la formation scolaire vaste, la protection de la jeunesse, l’agriculture durable, la défense nationale militaire …?
Ce qui demande toujours un effort de conviction chez nous êtres humains, semble être tout naturel pour certains animaux, comme pour ces geladas: «Mieux il [un groupe d’animaux] est organisé et préparé aussi à des surprises, mieux couronnée de succès est la vie des individus et de l’ensemble du groupe.»
Dans de nombreux exemples, l’auteure Claudia Schnieper parle dans les textes très intéressants, accompagnés de magnifiques photographies, de la vie des animaux, de l’insecte le plus petit jusqu’à la baleine grise de 15 mètres, un mammifère dans nos mers, montrant un comportement social prononcé.
Ce livre est indispensable pour tous ceux qui sont inspirés par le monde animal et veulent apprendre des autres grands ou petits terriens. Qu’il s’agisse d’oiseaux, d’insectes, de poissons ou des «Mungga» (marmottes) familiers de nous tous: tous les animaux ont quelque chose de fascinant et font partie de notre création.     •

«Nous, en tant qu’êtres humains, nous nous sommes éloignés de nos racines naturelles, et de nouveaux risques menacent notre vie et celle de nos familles. Cependant, personne ne nous empêche de bien nous rendre compte de ces nouveaux risques et de prendre des précautions à leur encontre. Ce qui s’est développé dans l’évolution au cours de millions d’années et ce qui a fait ses preuves, ne peut pas être si mauvais que ça. Pourquoi ne pas regarder comment les animaux assurent leur prévoyance [...] dans tous les domaines de la vie? [...] Car cela est toujours d’actualité: mieux vaut prévenir que guérir.»

Alex Rübel, directeur du zoo de Zurich

Les animaux ont développé des stratégies intelligentes pour sauvegarder et faire passer la vie. Les uns investissent dans le luxe ostentatoire et les autres dans des constructions solides. Ils font un chemin de plusieurs milliers de kilomètres et jeûnent pendant des mois, pour que leur progéniture puisse grandir dans des conditions optimales. Avec des provisions et l’hibernation, on brave le froid et la disette. Que ce soit dans les Alpes ou dans la forêt tropicale humide: la prévoyance a fait ses preuves comme stratégie de survie, également dans le règne animal. Pour les uns cela fait un sens de s’organiser en grand nombre pour faire un pied de nez à un prédateur. D’autres économisent de l’énergie suite à des techniques de locomotion uniques ou, dans le même but, prennent tout leur temps pour se déplacer. Et si tout cela ne suffit pas, Mère Nature ouvre la botte secrète: tricher et bluffer est permis quand il s’agit de sauver sa peau …

Texte de la couverture du livre

(Traduction Horizons et débats)

Il y a plusieurs bonnes raisons de vivre en communauté avec ses congénères. Les herbivores doivent trouver une réponse équivalente à l’ingéniosité des carnassiers, sinon, tôt ou tard, ils se retrouveraient du côté des perdants, et cela non seulement comme animal individuel, mais aussi comme espèce. Il s’agit de développer une défense correspondante à chaque stratégie d’attaque. La méthode la plus sûre de se protéger contre des agresseurs, c’est de ne pas être découvert. A cette fin, de nombreux animaux se retirent dans un coin tranquille où ils sont en plus protégés contre tous les temps. Les animaux de proie investissent davantage. Pour des raisons de sécurité, ils créent des abris ou des gaines protectrices, que ce soit un terrier, une coquille d’escargot, le carquois d’une larve de phrygane, une coquille ou la carapace d’une tortue.

Labyrinthes souterrains

Les marmottes des Alpes passent la plupart de leur vie sous la terre. Elles savent extrêmement bien creuser avec leur corps musculeux et trapu, ainsi que leurs griffes longues et puissantes, qui sont émoussées car elles fouissent inlassablement la terre. Avec les pattes antérieures aux quatre doigts, les marmottes ameublissent la terre et les pierres qui sont ensuite projetées en arrière hors du terrier avec les pattes postérieures aux cinq doigts. Souvent, les marmottes lèvent de grands fragments de pierre avec leurs dents. Ainsi, il y a souvent d’immenses constructions souterraines, dont on peut estimer la taille en regardant le matériel de déblais formant des collines considérables à l’entrée des terriers.
Leur ennemi prédateur le plus dangereux, l’aigle royal, ne peut pas les suivre dans ces galeries et cuvettes. Chez les marmottes, il n’y a d’ailleurs pas de gardiens spécifiques qui avertissent leurs congénères d’un danger en sifflant, bien qu’on continue obstinément à le prétendre: s’il y a un danger, ce sont surtout les animaux se trouvant devant un terrier et pouvant se mettre à l’abri qui sifflent, alors que les autres courent pour sauver leur vie. Avec des sifflements différents, ils informent leurs congénères sur le degré du danger et probablement aussi sur l’identité de l’agresseur. C’est la raison pour laquelle, bien que les aigles royaux se précipitent sur une cible visée dans un vol en piqué rapide, les marmottes ont de grandes chances de sauver leur peau.
De groupes familiaux jusqu’à vingt membres partagent le même terrier. Environ fin septembre, ils disparaissent sous la terre pour six ou sept mois en se blottissant étroitement les uns contre les autres dans le fond de leur terrier bien tapissé de foin. Ceux qui en profitent, ce sont surtout les jeunes et les animaux adultes n’étant pas suffisamment nourris, parce qu’ils ne s’étaient pas enrichis d’assez de graisse en été pour éviter la mort de froid. Au cas extrême, la température corporelle peut tomber à 1,8°C, mais elle remonte dans des intervalles réguliers et pour un bref moment à presque 40°C. D’ailleurs, ce sont en premier lieu les pères et les frères qui s’occupent des jeunes. Pour Walter Arnold, qui a fait des recherches sur les marmottes des Alpes dans le parc national de Berchtesgaden et dans la vallée d’Avers dans les Grisons, cela a été une surprise: «Tout au contraire des mâles de la plupart des mammifères, les pères marmottes sont très attentionnés et aux petits soins de leur progéniture, et les frères aînés semblent déjà exercer ce rôle en tant qu’assistants. Une femelle marmotte serait complètement surmenée, si elle devait encore s’occuper des jeunes pendant l’hibernation après le temps fatigant de la gestation et de l’allaitement. Même un couple parental, s’il est seul, a des difficultés d’hiberner les jeunes. Seule l’hibernation dans la grande famille, dans laquelle les efforts énergétiques pour chauffer les jeunes se répartissent sur plusieurs animaux apparentés, garantit la survie de la marmotte dans les hivers rudes de la haute montagne.»

Extrait du livre «Strategien des Lebens», p. 59/60

(Traduction Horizons et débats)