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18 juillet 2016
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Horizons et debats  >  archives  >  2009  >  N°34, 31 aoÛt 2009  >  «We care, you too?» [Imprimer]

«We care, you too?»

Un projet d’ardoises à écrire pour une première classe en Gambie

hd. Avec le prix de reconnaissance et d’encouragement «We care, you too?», la «Direction du développement et de la coopération» (DDC) et le «Secrétariat d’Etat à l’économie» (Seco) ont récompensé en septembre 2007 des projets de développement innovateurs et efficaces réalisés par des jeunes. De cette manière, on veut promouvoir et encourager l’engagement contre la pauvreté, l’injustice et les catastrophes humanitaires. Plus de 100 projets déposés montrent de manière impressionnante que la jeunesse suisse fournit un grand engagement pour un monde juste sans pauvreté.
Nous vous présentons ci-dessous le projet du centre de jeunesse «Funky» à Illnau dans le canton de Zürich.

En avril 2007, moi, Theresia Baker, responsable du centre de jeunesse Funky à Illnau et mon mari étions en Gambie. Comme mon mari est originaire de ce pays, j’ai eu la possibilité de visiter quelques institutions qui auraient été pratiquement inaccessibles pour moi en tant que touriste. La voisine de notre famille à Farato est enseignante dans une première classe d’une école publique de Farato au Busumbala.
Elle m’a invitée à rendre visite à sa classe. Elle a 67 filles dans cette classe. La salle de classe est dénuée de tout et les chaises nécessaires y manquent. Les enfants doivent s’asseoir sur les quelques bancs et tables. Tous savent compter jusqu’à cent et réciter l’alphabet. La langue scolaire est l’anglais.
Les élèves ne parlent pas l’anglais quand ils débutent à l’école, ils parlent les différents dialectes qui sont parlés en Gambie, le Mandingue, le Wolof, le Pullah ou d’autres. L’enseignement n’a lieu qu’oralement car il n’y a pas de papier pour écrire. L’alphabet, les chiffres, les noms d’animaux et d’autres termes sont transmis la plupart du temps musicalement ou visuellement. Les enfants savent merveilleusement chanter, mais l’entraînement à l’écriture manque complètement.
Lorsque je suis revenue, les jeunes du centre de jeunesse voulaient tout savoir sur ma visite en Gambie: comment les individus vivent là-bas, quelles sont les infrastructures, comment sont les écoles, ce que mangent les gens et davantage encore. Nos adolescents étaient profondément touchés par mes récits et ont demandé spontanément: «Que pouvons-nous faire pour aider les enfants?»

C’est ainsi que notre projet a vu le jour

Nous avons regardé ensemble les photos et les jeunes étaient consternés par le fait que les écoliers de la première classe n’avaient même pas de papier pour écrire. Il y a eu des discussions, nous avons réfléchi à ce que nous pourrions faire pour contribuer à un changement.
Les jeunes sont convaincus que la formation peut faire sortir de la pauvreté. Comme nous n’avons pas de gros budget au centre de jeunesse, nous en sommes venus à cette solution: nous fabriquerons des ardoises pour écoliers. Nous sommes convaincus de l’efficacité de cette solution, les ardoises pourront être utilisées par beaucoup d’enfants.

80 ardoises pour écrire et dessiner

Contreplaqué 6mm, format A3 (297mm x 420mm), poli 3 ou 4 fois d’un côté et peint avec de la peinture acrylique noire. L’autre côté est poli, le bord est peint en noir et revêtu d’un folio adhésif vert pour tableau noir. Sur le bord de ce côté de l’ardoise, les adolescents peignent des motifs et ils peuvent ainsi laisser libre cours à leur imagination.
Nous avons déjà de l’expérience avec les plaques en contreplaqué peintes. Au centre, elles nous servent de panneaux pour informer sur les manifestations, les heures d’ouverture et les plats offerts dans notre resto. Depuis 5 ans, on y écrit 3 fois par semaine les infos et il pourra être utilisé encore les années prochaines.
Pour dessiner, on achète des craies de couleur parce qu’on peut s’en procurer aussi à un prix abordable en Gambie. Pour écrire, on achète des crayons d’ardoise en craie et les tailles crayons correspondants. Pour nettoyer les ardoises, on se procure des éponges chez un fabriquant de notre région.
Les adolescents du centre de jeunesse accomplissent tous les travaux pendant leurs loisirs. Jusqu’à présent, 15 à 20 adolescents entre 13 et 20 ans y ont participé. Une des adolescentes est même âgée seulement de dix ans. Chez nous au centre, il est tout à fait possible que jusqu’à l’achèvement, d’autres adolescents s’associent encore. La moyenne d’âge s’élèvera probablement quelque peu.
Nous prévoyons d’avoir fini les ardoises pour les vacances d’automne 2007.
Celles-ci seront alors transportées par bateaux conteneurs et acheminées vers leur des­tination en Gambie. Un Gambien de Zurich organise régulièrement ces transports: les ardoises sont directement envoyées à l’enseignante de la première classe.

Mesures supplémentaires

Nous pensons que nous pourrons acheter dans une prochaine étape de la peinture pour la salle de classe afin qu’on puisse la peindre. Le parterre doit être rénové. Il faut également des pupitres. Nous voudrions bien fabriquer un modèle de salle de classe pour motiver les institutions compétentes à aménager d’autres salles de classe adaptées aux enfants. Ceux-ci ont en tout cas besoin de cahiers et de crayons, de jeux éducatifs, d’un globe ainsi que de tout ce qui fait partie d’un enseignement intéressant et instructif. Nos adolescents ont eu l’idée qu’on pourrait enregistrer un CD avec des chansons des élèves pour le vendre ici en Suisse et ainsi récolter de l’argent.
Comme nous avons déjà produit un CD au centre, nous disposons du matériel, des appareils et du savoir-faire respectif.
La fabrication de ces ardoises signifie beaucoup d’heures de travail. Cela nous a procuré du plaisir et les ardoises valent la peine d’être vues. Entre-temps, celles-ci sont arrivées en Gambie et sont utilisées par les enfants.
Nos jeunes sont donc prêts à s’engager pour une bonne cause! Nous pouvons dire qu’ils ont fait preuve de compétence sociale. Les adolescents ont aussi une manière de se parler vraiment agréable. C’est formidable que la jeunesse s’engage pour le bien commun et que ce ne soit pas seulement l’attitude de consommateur qui domine.    •

Accompagnement du projet et coordination:
Theresia Baker, responsable du centre de jeunesse Funky à Illnau.

Source: www.funky-illnau.ch
(Traduction Horizons et débats)