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18 juillet 2016
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Horizons et debats  >  archives  >  2010  >  N°9, 8 mars 2010  >  Cyclones et incendies ravageurs [Imprimer]

Cyclones et incendies ravageurs

«Plus un Etat est démocratique, moins il se soumet aux OGM»

thk. Celui qui croyait jusqu’ici que l’on pourrait supprimer la faim dans le monde par des organismes génétiquement modifiés (OGM), doit absolument lire le livre de Klaus Faissner intitulé «Wirbelsturm und Flächenbrand» [Cyclones et incendies ravageurs].
Sur 150 pages l’auteur analyse l’ère de la technologie génétique et où celle-ci nous mènera. En même temps, il montre comment, dans de plus en plus nombreux pays, se créé une sérieuse résistance. Surtout en Europe, et contrairement aux Etats-Unis, les champs sont encore largement exempts de technologie génétique, et l’UE, suivant de préférence le modèle américain, subit au sein de la population une pression et une résistance de plus en plus forte. Pourtant, selon les promoteurs de la technologie génétique, celle-ci contribuerait à résoudre la crise de la faim dans le monde, à nous tirer de la crise écologique, à sortir de la crise énergétique, voire de la crise financière. On a inventé un remède universel, voilà ce qu’on veut nous faire croire, qui va résoudre les problèmes du monde entier.
Mais c’est une erreur capitale! Klaus Faiss­ner rassemble des faits effrayants et étaie ses déclarations de sources précises. Il montre comment la procédure d’admission pour des nouveaux produits est bâclée. Le secteur tout entier constitue une immense affaire, et des multinationales telles que Monsanto, Dow Chemical et Syngenta, pour n’en mentionner que quelques-unes, réalisent des affaires en or avec des méthodes pas sérieuses. La lutte pour les brevets prend des formes grotesques. Selon Faissner, Monsanto a déposé aux USA des demandes de brevets pour l’élevage de cochons, et a formulé celles-ci de manière qu’outre le droit à quelques milliers de variantes de gènes du cochon, l’animal lui-même est inclus dans le brevet. Même les semences naturelles doivent pouvoir être brevetées selon Monsanto et la compagnie Pioneer/Dupont a demandé des brevets pour des espèces de soja asiatiques et diverses sortes de maïs mexicain. On essaye de priver des pays de leurs propres aliments de base traditionnels pour les remplacer par des espèces aux gènes manipulés. La survie de peuples entiers serait ainsi décidée par des firmes de biotechnologie dont la seule motivation est de faire monter le cours des actions.
Al Gore, vice-président sous Bill Clinton, et lui-même candidat des démocrates à la présidence, s’est pour le moins fait un nom dans l’industrie chimique par un film sur la catastrophe climatique. Selon Faissner il plaide dans ses conférences grassement rémunérées «en faveur des biocarburants et par conséquent indirectement en faveur de la technologie génétique», car les plantes génétiquement manipulées amélioreraient les récoltes et augmenteraient la quantité de biocarburants produite. Ce n’est pas étonnant que les multinationales pétrolières luttent en faveur de la production de biocarburants. Ainsi elles peuvent tirer profit des deux sources et se parer en même temps du manteau vert des prétendus protecteurs de la nature.
Faissner démontre dans divers chapitres les effets des OGM sur les animaux et les humains. Il apparaît clairement qu’il n’y a dans la plupart des cas pas de contrôles sérieux – et qu’il ne doit pas y en avoir – avant que les produits ne soient introduits sur le marché.
Que la question du développement des OGM n’est pas anodine est aussi une des conclusions du «Rapport sur l’agriculture mondiale» publié en 2008. Il rend attentif aux dangers et aux avantages non prouvés des plantes génétiquement manipulées. «Jusqu’ici, aucune augmentation de récoltes due à la technologie génétique n’a été prouvée. Pour évaluer sérieusement les risques pour l’environnement et la santé, il manque encore les principes et les résultats de recherches à long terme dans le domaine de la santé.» (Brochure: «Wege aus der Hungerkrise. Die Erkenntnisse des Weltagrarberichtes und seine Vorschläge für eine Landwirt­schaft von morgen.» [Des voies pour sortir de la crise de la faim. Résultats du Rapport sur l’agriculture mondiale et ses propositions pour une agriculture de demain], p. 30; contact: verlag@bauernstimme.de) Comme Faissner, le Rapport sur l’agriculture mondiale perçoit le danger de préférer la culture des biocarburants à la production alimentaire, – ce qui, aujourd’hui déjà, a provoqué l’explosion des prix des denrées alimentaires de base. Comme ça se passe surtout dans les pays en voie de développement, ce sont les pauvres qui en souffrent.
Faissner soulève toutes ces questions et renvoie au rôle peu glorieux de l’OMC. Par son objectif de libéralisation totale, celle-ci est pour une part considérable responsable de cette exploitation.
Pour empêcher l’introduction rampante des semences génétiquement manipulées, il faut de la résistance et une large information de la population. «Plus un Etat est démocratique, moins il se soumet aux OMG.» Jean Ziegler, ancien rapporteur spécial de l’ONU pour le droit à l’alimentation, critique aussi bien l’introduction des OGM que le démantèlement de l’Etat-nation favorisé par l’OMC. «Le démantèlement de l’Etat-nation est accompagné par la dissolution du contrat social et par l’atomisation des citoyens. Les Lumières se terminent: La forme de l’Etat républicain vit du citoyen souverain, des valeurs fondamentales de la souveraineté populaire, du gouvernement par délégation. Si le gouvernement n’a plus de pouvoir, le citoyen, lui aussi, est livré sans défense au capitalisme prédateur.» («Junge Freiheit» [hebdomadaire allemand] du 9/8/02)
Faissner souligne que c’est précisément en Suisse, qu’en raison de la démocratie directe, une interdiction de la culture commerciale des OGM a pu être imposée. Il considère que la participation active des citoyens constitue une chance de mettre fin à ces développements indicibles.
Ceux qui prennent ce livre en main ne le mettront de côté qu’au moment où ils seront arrivés à la dernière page.     •