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18 juillet 2016
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Horizons et debats  >  archives  >  2011  >  N°51, 28 décembre 2011  >  Noël, la fête de la paix … [Imprimer]

Noël, la fête de la paix …

hd. La Serbie fait partie du milieu culturel chrétien. C’est grâce à Peter Handke, que la Serbie malgré sa défaite ne soit pas complètement tombée dans l’oubli: ni le pont de Varvarin ni l’attaque menée par l’OTAN le 23 avril 1999 contre la station de télévision de Belgrade – un organisme civil. L’attaque de précision, minutieusement préparée, avait provoqué la mort de 16 ouvriers et autant de blessés.
L’Europe est censée avoir une base culturelle commune: l’éthique chrétienne et la doctrine sociale ainsi que les Lumières. Les deux piliers exigeraient de nous la compassion et le respect de la dignité humaine. Est-ce que cela n’est valable que pour les vainqueurs? Un peuple vaincu est-il effacé de la mémoire collective parce qu’il n‘y a plus de place que pour le «Tittytainment» anglo-américain? Dans la Serbie en défaite, il y a encore davantage de blessures: ceux qui sont atteints de cancers multiples et en meurent. Des formes de cancers qui n‘existaient pas avant 1999. Environ cinq ans après de tels bombardements, le nombre des malades augmente et la faucheuse de mort rentre sa récolte tardive.
Culture commune? Compassion? Dignité humaine?

C‘est arrivé le 23 avril 1999 vers deux heures du matin, lorsque des avions de l‘OTAN ont lâché leurs bombes sur le bâtiment de la RTS Radio-Televizija Srbije, la station de radio et de télévision serbe, et que 16 personnes y ont trouvé la mort.
Le directeur de la RTS, Dragoljub Milanovic, n’était pas parmi les victimes. Il avait quitté le bâtiment après une journée bien remplie, une demi-heure plus tôt, pour aller dormir. Il n’aurait pas imaginé que l’émetteur au centre de Belgrade pourrait être une cible, naïf ou pas, peu importe, c’était comme ça.
Le gouvernement serbe suivant, adoptant un autre point de vue politique, décida de condamner Milanovic à une peine de dix ans qu’il purge dans la prison de Pozarevac, au motif qu’il aurait dû faire évacuer tout le personnel à temps.
Peter Handke raconte cette histoire du point de vue d’un observateur refusant de se taire face à l’injustice manifeste. Ainsi raconte-il ce qui fut et ce qui est, pour information, avec compassion, à la fois selon plusieurs points de vue et sans détour.
* * *

«Là il faut raconter une histoire. Mais, je ne sais pas à qui. Il me semble qu’il n’y a pas de destinataire pour cette histoire, du moins pas au pluriel et même pas au singulier. Il me semble également arriver trop tard, avoir raté le moment. Et pourtant, c’est une histoire urgente. Le maître Eckhart parle une fois de son désir de prêcher qui est si fort que, s’il ne trouve personne qui l’écoute – si je me souviens bien –, il serait prêt à parler au ‹tronc des pauvres›. Ici, il n‘est pas question de sermon, mais d‘une histoire. Mais celle-ci devrait être racontée également le cas échéant, à un tas de bois ou à une coquille d‘escargot vide, ou même à moi tout seul, et ce ne serait d’ailleurs pas la première fois.»

Source: Peter Handke, «Die Geschichte des Dragoljub Milanovic», 2011, résumé sur la jaquette du livre et p. 5

ISBN 978-3-902497-93-2