«Ne touchez pas à l’essence de l’être humain!»

Le bureau de communication Farner a conseillé au camp des militants pour le Diagnostique préimplantatoire (DPI) le procédé suivant: pour gagner la votation populaire sur le sujet, il faut éviter de citer les thèmes d’«eugénisme» et de «sélection». Cependant, Felix Gutzwiller, bien connu sur la scène politique suisse et très actif en faveur du DPI, a déclaré dans la «Neue Zürcher Zeitung» du 27 mai 2015: «Le plus grand acteur dans le domaine de l’eugénisme, c’est la nature, car elle élimine un grand nombre d’embryons incapables de se développer. Dans les laboratoires, nous ne faisons rien d’autre.»
On ne peut que se féliciter de connaître cette phrase de Felix Gutzwiller! S’il place la nature et les laboratoires au même niveau, il avoue qu’il s’agit bel et bien d’eugénisme. Dans le laboratoire, c’est l’être humain qui intervient sur le patrimoine génétique de ses semblables dans un but déterminé. La nature c’est tout autre chose! Les représentants du darwinisme social et M. Gutzwiller (dans la citation) prétendent que l’évolution agit de la même manière que l’être humain. Donc, l’homme peut lui-même prendre en main l’évolution… Nous savons tous où cela nous a mené dans le passé. La nature a développé la vie au cours de plus de quatre milliards d’années. Et nous voudrions savoir le faire en à peine une cinquantaine d’années? Le bureau de communication Farner conseille au camp des pro-DPI d’argumenter en disant que le camp des anti-DPI veut rendre effrayant l’eugénisme. Personnellement, j’ai réellement peur des personnes qui n’ont pas peur d’intervenir dans le patrimoine génétique de l’être humain, comme s’il s’agissait de petits pois! «Ne touchez pas à l’essence de l’être humain!», voilà la mise en garde pressante du grand anthropologue Adolf Portmann dans les années 60 lorsque les eugénistes réapparurent au devant de la scène.

Moritz Nestor, psychologue, Uzwil (SG)