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18 juillet 2016
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Horizons et debats  >  archives  >  2008  >  N°33, 18 août 2008  >  Nous ne nous laisserons pas voler la Suisse [Imprimer]

Nous ne nous laisserons pas voler la Suisse

thk. Une excursion dans l’Oberland bernois avec la traversée du Lötschberg constitue un beau but de voyage. A quelques kilomètres de Berne déjà, on a vue sur la trinité imposante de l’Eiger, du Mönch et de la Jung­frau, montagnes aux neiges éternelles qui ­donnent son caractère à cette région. Peu après Thoune, on quitte l’autoroute et on roule en direction de Kandersteg, car c’est là que se trouve la gare de chargement pour la traversée du Lötschberg. On monte la vallée de la Kander en passant par de petits villages qui, il y a trois ans, ont dû mener un dur combat contre les masses d’eau des ruisseaux de montagne qui se sont jetées dans la Kander et ont inondé une grande partie de la vallée. Mais plus rien ne rappelle ces jours drama­tiques. Les petits commerçants qui avaient été durement éprouvés vaquent à leurs affaires et malgré les vacances, on constate une animation laborieuse. De même, en cette journée d’été chaude et ensoleillée, on rencontre des paysans dans les champs et dans les prés. Ils font les foins et cela dans des conditions très difficiles car la vallée est étroite et les pentes sont raides.
De grands tronçons de la route sont aujourd’hui très bien aménagés. L’intermi­nable montée sur des routes étroites aux ­virages en épingle à cheveux appartient au passé et malgré tout cette vallée est représentative de centaines de vallées qui font le charme de la Suisse. On est fasciné par la diversité des particularités régionales de l’architecture. Des fermes et des maisons typiquement bernoises bordent les routes. Souvent, on découvre une ferme dans les prés verts tout en haut de la vallée. Ce qu’on peut découvrir ici est en général typiquement suisse et donne le sentiment d’être chez soi et en sécurité.
Après un long bout de route droit, on arrive au bourg de Frutigen. Nous suivons le panneau indiquant la direction de la gare et, en traversant un pont, nous voyons à gauche les rails qui mènent directement aux trous noirs du tunnel de base du Lötschberg. Voici donc cette réalisation historique qui a englouti 4,5 milliards de francs provenant de l’argent des contribuables. A droite, on voit la gare de Frutigen. Nous nous approchons du site, descendons de voiture et regardons la gare.
On a épargné l’ancien bâtiment et on lui a ajouté une construction en acier lors de sa rénovation totale. Quelle faute de style! pense-t-on immédiatement. Cela ne s’accorde pas du tout avec le paysage et gêne considérablement l’observateur. Et cette impression se renforce quand on met le pied sur le quai. Rien de la fascination des vieilles gares qu’on trouve surtout dans nos petites villes. L’atmosphère est stérile: 10 voies parallèles. Tout est très moderne, sans caractère, sans charme, rien que du béton et de l’asphalte. Pourquoi?
A quoi bon cet énorme aménagement nouveau? Qu’est-ce qui va se passer dans cette gare? Alors que tout à l’heure on était à l’aise dans un paysage et une architecture harmonieux, on se trouve maintenant dans un autre monde, un monde qui n’a plus rien de suisse. Pour qui a-t-on construit tout cela?    •