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18 juillet 2016
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Horizons et debats  >  archives  >  2009  >  N°8, 4 mars 2009  >  Maintenir le secret bancaire, adapter le droit pénal fiscal et ne pas vouloir sauver l’UBS à tout prix [Imprimer]

Maintenir le secret bancaire, adapter le droit pénal fiscal et ne pas vouloir sauver l’UBS à tout prix

A propos de solutions, de trouillards et de moyens de riposte

me. Pendant une crise financière, tout le monde a besoin d’argent. Les Etats de l’UE et les USA ont injecté des sommes colos­sales dans des «plans de sauvetage» pour des banques et des sociétés en situation désespérée. La thérapie a commencé avant que le diagnostic ait été clairement établi. Maintenant, toutes les cartouches sont brûlées, avec un piètre effet. Beaucoup d’Etats de l’UE sont tellement endettés qu’ils sont menacés de faillite.
Peut-être était-ce l’intention de ceux qui jouent un rôle décisif: faire pression sur les Etats pour qu’ils mettent sur pied un plan de sauvetage après l’autre: croulant sous le poids des dettes et menacés de faillite, ils accepteront plus facilement un nouvel ordre mondial. Mais nous n’en sommes pas là. N’anticipons pas.
Pour le moment, tout le monde ne veut qu’une chose: de l’argent, beaucoup d’argent pour compenser l’erreur de ces plans de sauvetage. Avec une guerre non déclarée qui n’en est pas une, nos agresseurs veulent faire sauter le «coffre-fort suisse». C’est là que repose tout de même un tiers des fortunes privées mondiales.
L’UE et les USA agissent de façon concertée, mais en se partageant les tâches. L’EU veut avoir un accès direct aux données bancaires, les Américains veulent obtenir par le chantage et un arbitraire répugnant l’accès direct à l’argent. Il est temps d’abandonner nos illusions à propos d’Obama qui ne se distingue même pas de Bush par sa rhétorique.
En avril aura lieu le deuxième sommet du G20, cette fois à Londres, deuxième centre nerveux du système financier anglo-saxon chancelant. Chaque pays essaye au préalable de sauver ses paradis fiscaux. Ce sont les Britanniques qui en ont le plus, sous le contrôle du Commonwealth: île de Man, Guernesey, Jersey, Gibraltar, îles Vierges, Anguilla, Bermudes, îles Caïman et Marshall, etc.. Les Français se servent de Monaco, les Américains blanchissent leur argent dans les Caraïbes, îles de pirates, ainsi qu’en Floride et au Delaware.
Le dénigrement de la Suisse et les déclarations de guerre de Paris et de Berlin font penser aux malfaiteurs qui crient «Au voleur!» pour détourner l’attention.

Ne sous-estimons pas la Suisse

Jusqu’à présent la Suisse a facilité la tâche des agresseurs de plusieurs manières. On l’a déjà fait chanter à la fin des années 1990 dans le cadre des discussions autour de la Seconde Guerre mondiale. Cela attire les récidivistes.
Et puis, avec son gouvernement de sept conseillers fédéraux et son système multipartite, la Suisse a besoin de plus de temps pour réagir aux agressions. (cf. «L’expérience de Globi
 à l’intention du Conseil fédéral», p. 4). De plus, elle ne fait pas partie de l’UE mais cette dernière voudrait l’intégrer depuis longtemps. C’est pourquoi elle a acheté plusieurs repaires de collaborateurs, et pas seulement dans les médias et en politique (cf. «Un pamphlet contre la Suisse publié par Bertelsmann», p. 7). Malgré cette guerre menée sur deux fronts, la Suisse ne doit pas se laisser isoler, comme l’affirme le banquier Konrad Hummler (cf. «Non aux manœuvres de diversion pour cacher les erreurs américaines», p. 3).
L’UBS a admis avoir enfreint de façon quasi obscène des lois américaines et elle frétille maintenant à l’hameçon des autorités américaines. Il reste à élucider qui l’a poussée à cette imprudence criminelle et pour quelle raison elle a mordu à l’hameçon. Quel rôle a joué Marcel O.? Et pourquoi a-t-il protégé aveuglément le siège américain de la si sérieuse UBS? Qu’a-t-il de commun avec Bill Clinton? L’agent de sécurité Meili vous salue! A qui profite le crime? (cf.  «Il faut garder le secret bancaire mais on peut le faire évoluer et l’adapter», p.  4)
La Suisse a un avantage. Depuis les discussions déloyales avec le Congrès juif mondial à la fin des années 1990, elle a une bonne expérience de la guerre médiatique. Cette expérience est largement répandue et sera utilisée.
Un exemple en est donné par le livre récemment paru intitulé «Mon banquier a dit… Qui veut détruire la banque suisse?», lequel contient des contributions d’éminents spécialistes du monde de la banque et de l’économie. Il faut absolument qu’il paraisse aussi en allemand. (cf. «Mon banquier a dit…», p. 6/7)

Stratégie offensive

Une stratégie offensive pourrait être la suivante: Maintenir le secret bancaire comme composante de la liberté, adapter le droit pénal fiscal et abandonner la différence – manifestement difficile à comprendre par un étranger – entre fraude fiscale et soustraction fiscale. En échange, on pourrait offrir l’impôt anticipé à tous les Etats.
Finalement, on n’a pas encore vraiment expliqué pourquoi l’UBS serait tellement indispensable à l’économie suisse. Le rabâchage de ce dogme n’est pas honnête. Des choses essentielles ne sont pas dites. Les PME suisses se sont en tout cas depuis longtemps tournées vers les banques Raiffeisen, la banque Migros et les banques cantonales. La vie pourrait continuer en Suisse sans l’UBS.

Les atouts de la Suisse

La stratégie doit avoir une composante offensive imaginative. La politique timorée doit cesser. Il faut chercher le talon d’Achille de l’adversaire qui doit sentir la menace de la massue. Oswald Grübel a commencé lorsqu’il a menacé Obama de retirer l’UBS des Etats-Unis, ce qui ferait 35 000 chômeurs coûteux de plus. (cf. «Oswald Grübel renvoie la balle», p. 2)
L’ancienne ambassadrice américaine en Suisse Faith Whittlesey remet les choses en place: la Suisse est un Etat de droit sur lequel on peut compter. Elle estime même que les entreprises suisses installées aux Etats-Unis donnent du travail à 50 000 Américains (cf. «La Suisse est un pays stable et conscient de ses responsabilités», p. 5). Il n’est pas sûr que cela va durer. Cela ferait du bruit si l’ambassadeur Borer ou des particuliers expliquaient la chose au président Obama au moyen d’une campagne d’annonces dans les principaux journaux américains.
Alors, on examinerait les plaintes déposées contre les responsables de la crise financière. Les banques américaines ont transformé en «instruments financiers» des hypothèques sans valeur, les agences de notation ont anobli ces titres toxiques en leur attribuant trois A, puis ces non-valeurs ont été vendues à des caisses de pensions en Europe et en Asie. Le droit pénal appelle cela une escroquerie. Ces banques américaines et leurs complices, les autorités de surveillance, ont déclenché la crise mondiale et causé dans le monde entier des dommages incommensurables et des souffrances difficiles à évaluer. Il faut leur demander des comptes. Elles doivent payer des dommages-intérêts. (cf. «Actions en justice contre les responsables de la crise financière», p. 2)
La Suisse doit également rapatrier l’or de la Banque nationale qui repose aux USA. Il serait grand temps de le faire. En outre, elle pourrait fermer les représentations diplomatiques qu’elle entretient au nom des Etats-Unis à Cuba et en Iran. Et les antennes du système d’écoutes et de transmissions Satos des services de renseignements suisses de Leuk pourraient nécessiter subitement des travaux d’entretien urgents. On sait qu’en matière de technique, les ruses du diable sont imparables. De plus, on pourrait faire des révélations sur divers comptes de particuliers en Suisse (pas seulement sur celui du ministre allemand des finances Peer Steinbrück qui a été vu à la Bahnhofstrasse de Zurich). Finalement, la Suisse pourrait être pionnière en matière d’assèchement de paradis fiscaux (cf. «La Suisse pourrait offrir d’aider tout le monde à assécher les paradis fiscaux», p. 3). Ainsi elle pourrait créer une institution destinée à aider les autres pays à assécher les paradis fiscaux. Elle pourrait obtenir le statut de droit international comme le CERN ou le CICR et jouirait de l’immunité. Un silence embarrassé régnerait bientôt à Londres, à Paris et à New York, car là-bas, on n’est pas si regardant sur les paradis fiscaux.

Les petits Etats maîtrisent plus facilement la crise

Ceux qui ont une vision de l’avenir se ­rendent compte que le temps travaille pour nous. G20 ou pas, la crise s’étend inexorablement. Le Sommet du G20 de Londres n’est-il pas condamné à échouer? Un petit Etat décentralisé, pratiquant la démocratie directe et doté d’un système de milice peut mobiliser davantage de forces dans la crise financière, mieux s’adapter, lutter plus longtemps et résoudre les tensions sociales de manière plus juste et plus solidaire que les structures centralisées comme l’UE ou les Etats-Unis. L’approvisionnement économique du pays doit également être renforcé de manière prévoyante. Nous serons de nouveau reconnaissants d’avoir nos propres produits alimentaires.

Imagination et courage

La présente édition fait entendre des voix diverses. Aiguisons nos esprits en vue de solutions d’avenir et de mesures offensives, loyales et imaginatives. Courage!    •