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18 juillet 2016
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Horizons et debats  >  archives  >  2009  >  N° 9, 16 mars 2009  >  Ne résolvons pas les fautes commises dans le passé par des dettes publiques [Imprimer]

Ne résolvons pas les fautes commises dans le passé par des dettes publiques

Un professeur d’économie de l’Université de St-Gall craint les conséquences désastreuses des dettes publiques

Tous les Etats sont endettés. Et les dettes publiques ne sont pas à priori une mauvaise chose, souligne Jürg Baumberger, professeur d’histoire de l’économie à l’université de St-Gall. Mais: «La crise provoque la tentation de vouloir résoudre tous les problèmes survenus suite aux fautes commises dans le passé à l’aide de dettes publiques.» La conséquence en est que les pays industrialisés accumulent des montagnes de dettes comme nous les connaissions jusqu’à présent uniquement dans les pays en développement ou de l’après-guerre. Suite à la Seconde Guerre mondiale, toute l’Europe était grandement endettée. Même la Suisse. Mais la situation a rapidement été réglée. D’abord, les pays ont pu diminuer leurs dépenses, avant tout pour l’armement, et ensuite, la haute conjoncture a généré de nouveaux revenus.
Qu’une telle diminution des dettes réussisse, c’est l’exception qui confirme la règle. La situation difficile de beaucoup de pays en développement, qui sont victimes d’une spirale des dettes à laquelle ils ne savent guère échapper, le montre bien. Une situation pareille menace actuellement aussi les pays industrialisés, suite aux paquets de sauvetage, prévient le professeur Baumberger.
Le risque numéro un: Les pays sont rapidement embourbés dans un tel tas de dettes qu’ils ne savent plus comment payer le service de leur dette sans s’endetter davantage. «Cela fait augmenter les dettes publiques sans qu’on fasse rien de plus.»
Le risque numéro deux: Pendant des années, les dépenses de l’Etat croissent plus vite que l’économie. «Et si la volonté politique n’existe pas de contenir ces déficits primaires, tout le processus peut devenir incontrôlable.» Et la spirale descendante des dettes s’enfonce encore davantage. Pour pouvoir obtenir de nouveaux crédits, le pays doit payer des taux d’intérêt toujours plus élevés. Cela fait augmenter les frais pour le service de la dette. Les entreprises, elles aussi, doivent payer des taux d’intérêt plus élevés. L’économie commence à stagner. En fin de compte on ne peut plus payer le service de la dette, et la faillite est à la porte. C’est le Fonds monétaire international qui, dans de pareils cas, joue le sauveur. C’est ce qui s’est passé récemment en Lettonie et en Ukraine.
Une deuxième stratégie pour se débarrasser de dettes, c’est de mettre en marche la planche à billets. «Il y a la tentation de mettre la Banque centrale sous la tutelle de la Trésorerie ou du ministère des Finances.» Il faut que la Banque centrale imprime des billets pour payer les dettes de l’Etat. La semaine dernière, la Grande-Bretagne a fait un premier pas dans ce sens, en annonçant que la banque centrale rachètera des obligations d’Etat anglaises pour 75 milliards de livres. C’est aussi Outre-Atlantique que de telles idées sont émises. Le président de la Réserve fédérale des Etats-Unis, Bernanke, a ouvertement désigné la planche à billets comme arme secrète. Le professeur Jürg Baumberger met en garde contre de telles actions: «Car les gens ne seront pas dupes, ils verront ce qui se passe à la Banque centrale, et ils l’anticiperont.» Le résultat en sera que les citoyens perdront la confiance dans leur monnaie et l’argent perdra sa valeur.
Quand un pays est tombé aussi bas, il est inévitable qu’un processus d’adaptation douloureux se mette en marche. «Alors il faut effectivement une fois faire des sacrifices. Et on les fera en réduisant les dépenses publiques; en augmentant les impôts et/ou en dévaluant simplement les fortunes nominales des gens par une inflation renforcée.» En évoquant de tels scénarios, l’historien économique ne pensait, jusqu’il y a peu de temps, qu’aux pays en développement. Mais entre temps, il craint que ces scénarios ne deviennent très bientôt aussi réalité dans les pays industrialisés.     •

Source: Radio DRS, Echo der Zeit du 7/3/09
(Traduction Horizons et débats)