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18 juillet 2016
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Horizons et debats  >  archives  >  2009  >  N°3, 26 janvier 2009  >  A propos des carnages perpétrés par Israël dans la bande de Gaza – à l’aide d’armes américaines [Imprimer]

A propos des carnages perpétrés par Israël dans la bande de Gaza – à l’aide d’armes américaines

par Stephen Sniegoski, USA

D’après ceux qui critiquent l’ouvrage «Le lobby pro-israélien et la politique étrangère américaine» (La Découverte 2007), ses auteurs, John J. Mearsheimer et Stephen Walt, ont beaucoup exagéré l’importance  de ce lobby. Le soutien à Israël ne ferait que refléter l’opinion du peuple américain. Or la récente résolution du Congrès concernant le conflit dans la bande de Gaza semble leur donner tort et souligner l’immense pouvoir du lobby. Le Congrès a approuvé à la quasi unanimité le carnage infligé aux civils de Gaza par les forces israéliennes, lequel implique, naturellement, l’utilisation d’armes américaines. Le Sénat a soutenu la décision unanimement par acclamation. A la Chambre des représentants, 390 députés ont voté pour et seulement 5 contre (Kucinich, Moore (WI), Paul, Rahall, Waters).
Cependant, l’opinion du peuple américain était nettement différente. Comme le montre les extraits suivants d’un article de Boo Man, une nette majorité du peuple américain est opposée à ce carnage insensé:
«Les Américains, bien que beaucoup plus favorables à Israël qu’aux Palestiniens, sont très divisés quant à savoir si l’Etat hébreu doit intervenir militairement contre les militants de la bande de Gaza. 44% y sont favorables alors que 41% estiment qu’Israël aurait dû essayer de trouver une solution diplomatique au problème.» (Rasmussen Reports, 31/12/2008).
L’auteur poursuit: «Si 41% sont opposés aux opérations militaires, il est certain qu’une proportion inférieure approuve le massacre disproportionné de plus de 700 civils. Et pourtant 89,6% de nos représentants se sont prononcés en faveur du soutien apporté à ce crime par notre gouvernement. Moins de 1% des membres de la Chambre des représentants ont voté «non».
L’auteur s’étonne, ou plutôt feint de s’étonner: «Comment en sommes-nous arrivés à cette considérable distorsion, à cette coupure entre l’opinion du peuple et le vote de ses représentants? Cela mérite réflexion.»
Faisons une hypothèse. Malgré les médias qui ont couvert les événements dans la bande de Gaza de la manière la plus favorable possible à Israël (tout autrement que dans le reste du monde), le peuple américain est divisé sur le bien-fondé de l’attaque israélienne. Le fait que le Congrès soutienne presque unanimement Israël (même si ce soutien est contraire à l’intérêt national américain puisqu’il augmente la haine du monde à l’égard des Etats-Unis) semble prouver la puissance du lobby pro-israélien.
Très peu des Américains qui sont opposés aux attaques d’Israël contre Gaza ­fondent leur soutien politique et leur vote sur la question israélo-palestinienne et même ceux – peu nombreux – qui le font n’ont pas les moyens financiers nécessaires pour avoir une influence politique. En revanche, le lobby pro-israélien peut exercer un pouvoir considérable (grâce à son argent et aux médias) contre les représentants du Congrès qui sont opposés auxdites attaques. Comme la plupart des membres du Congrès ont tendance à manquer de convictions sincères et de courage politique, ils ne sont pas disposés à risquer de s’opposer au lobby pro-israélien. Et naturellement il en va de même pour les médias: s’opposer au lobby ne permet pas de faire carrière. La grande majorité des gens préfèrent réussir leur carrière dans les médias ou la politique plutôt qu’être des martyrs que les médias majoritairement favorables à Israël pourraient diaboliser. Les Américains moyens ne font pas un grand sacrifice en s’opposant à Israël. Dans la plupart des cas, leurs emplois ne dépendent pas de leur opinion à l’égard de la politique israélienne.    •
(Traduction Horizons et débats)

Résolution du Congrès à propos du conflit dans la bande de Gaza

par Boo Man, USA

La «Résolution sur le conflit dans la bande de Gaza» atteint des sommets de partialité. Son texte contient un certain nombre de faits contestables mais son véritable défaut réside dans sa sélection arbitraire des faits. Pourtant il ne sera pas question ici d’examiner de manière critique le fondement factuel de cette résolution. Elle a été rédigée soigneusement afin d’être approuvée le plus largement possible. Et en effet, la Chambre des représentants l’a approuvée par 350 voix contre 5 et 22 abstentions démocrates, 16 députés n’ayant pas participé au vote.
Les 5 députés qui ont voté contre la résolution sont Dennis Kucinich (démocrate, Ohio), Gwen Moore (démocrate, Wisconsin), Ron Paul (républicain, Texas), Nick Rahall (démocrate, West Virginia) et Maxine Waters (démocrate, Californie). Je pense que 21 des 22 démocrates qui se sont abstenus sont des membres du Progressive Caucus [aile gauche du Parti démocrate].
L’important est que 390 membres de la Chambre des représentants aient voté une résolution qui appelle notamment tous les pays:
a)    à condamner le Hamas parce qu’il cache délibérément ses combattants, ses chefs et ses armes dans des habitations privées, des écoles, des mosquées, des hôpitaux et qu’il se sert de civils palestiniens comme de boucliers humains pendant qu’il cible des civils israéliens.
b)    à rejeter sur le Hamas la responsabilité de la rupture de la trêve et des pertes civiles qui en ont résulté dans la bande de Gaza.
Cette manière de considérer le conflit est minoritaire dans le monde. Certes, le monde n’aime guère le gouvernement du Hamas dans la bande de Gaza et la plupart des gens condamnent les attaques de roquettes contre le territoire incontestablement souverain d’Israël. Mais l’idée que la responsabilité des quelque 700 civils tués dans la bande de Gaza incombe totalement au Hamas n’est pas populaire (et c’est peu dire). Donner l’impression que toutes les pertes civiles proviennent du fait que les hommes du Hamas se ­cachent dans des mosquées, des ­écoles, des hôpitaux et des habitations privées constitue une dénaturation considérable et choquante des faits. Il est vrai que les chefs du Hamas ne s’alignent pas sur des champs de bataille pour y être massacrés. Il est également vrai qu’Israël a bombardé une école et un abri de l’ONU et qu’il a rasé des immeubles d’habitation de plusieurs étages. Mais la responsabilité en incombe totalement aux Israéliens. Personne ne les a forcés à tuer des civils sans discrimination.
Le problème posé par la résolution est qu’il s’agit d’un texte non contraignant qui n’a pas force de loi et que son seul objectif est de montrer l’écrasant soutien américain aux opérations d’Israël dans la bande de Gaza qui ont fait 700 morts parmi les civils. Pourtant, les Américains qui ne soutiennent pas ce massacre absurde sont loin de constituer une majorité écrasante. Bien qu’ils soient beaucoup plus favorables à Israël qu’aux Palestiniens, ils sont très divisés quant à savoir si l’Etat hébreu doit intervenir militairement contre les militants de la bande de Gaza. 44% y sont favorables tandis que 41% estiment qu’Israël aurait dû essayer de trouver une solution diplomatique au problème.
Si 41% sont opposés aux opérations militaires, il est certain qu’une proportion inférieure approuve le massacre disproportionné de plus de 700 civils. Pourtant 89,6% de nos représentants se sont prononcés en faveur du soutien apporté à ce crime par notre gouvernement. Moins de 1% des membres de la Chambre des représentants ont voté «non».
Comment en sommes-nous arrivés à cette considérable distorsion, à cette coupure entre l’opinion du peuple et le vote de ses représentants? Cela mérite réflexion. Ce qui est moins important et devrait être moins sujet à controverse est l’effet qu’elle produit sur le monde extérieur. Alors que le Conseil de sécurité de l’ONU a appelé à un cessez-le-feu (les Etats-Unis se sont abstenus) et que la Croix-Rouge reproche à Israël son inhumanité, la Chambre des représentants se prononce par 90% de voix contre 1% en faveur de la politique d’Israël.
Comment un tel spectacle pourrait-il ne pas scandaliser le monde et inciter les gens à nous faire du mal?
Et nous touchons ici à l’aspect vraiment critique de la question. Qu’est-ce que cette résolution a apporté à Israël? C’est une question sincère. Que lui a-t-elle apporté de valable? Et qu’a-t-elle apporté à l’Amérique si ce n’est un risque accru de représailles et plus de tensions dans nos relations avec nos alliés arabe de la région?
Donnez-moi la réponse! Car moi, je pense que le lobby pro-israélien a forcé le Congrès à négocier son allégeance à Tel Aviv aux dépens de la sécurité de l’ensemble des citoyens américains aux Etats-Unis et dans le monde. Il s’agit là d’un troc dégueulasse. Mais maintenant Israël sait au moins où sont ses «ennemis»:
Les «non» (Kucinich, Moore (WI), Paul, Rahall, Waters)
et les abstentionnistes (Abercrombie, Blumenauer, DeFazio, Dingell, Edwards (MD), Ellison, Farr, Grijalva, Hinchey, Johnson (GA) Kilpatrick (MI), Lee (CA), McCollum, McDermott, George Miller, Moran (VA), Olver, Payne, Sanchez (Loretta), Stark, Watson, Woolsey).
Je pense que ces «ennemis» sont en fait les meilleurs amis d’Israël.

Source: www.boomantribune.com/story/2009/1/9/145856/9720  
(Traduction Horizons et débats)