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18 juillet 2016
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Horizons et debats  >  archives  >  2008  >  N°10, 10 mars 2008  >  Le Kosovo sera-t-il encore la marionnette des Etats-Unis? [Imprimer]

Le Kosovo sera-t-il encore la marionnette des Etats-Unis?

Un journal slovène met en ligne le procès-verbal d’un entretien entre des diplomates de l’UE et des USA

me. Le 16 février dernier, le quotidien autrichien Standard a révélé à nouveau une chose incroyable: On a fait parvenir au quotidien slovène Delo un procès-verbal de 9 pages sur les entretiens entre le directeur politique du ministère slovène des Affaires étrangères Mitjia Drobnic, le Secrétaire d’Etat adjoint des Etats-Unis Daniel Fried et Rosemary ­DiCarlo. Le journal a mis en ligne ce document saisissant le 28 janvier. L’entretien avait eu lieu à la mi-décembre 2007. Ce document montre que dans la question du Kosovo, la Slovénie, qui préside l’UE (et détermine donc la politique européenne) est pilotée directement par Washington. C’est lors de cet entretien qu’ont été discutées la procédure d’indépendance et les intrigues en coulisses qui ont eu lieu par la suite.
Rappelons-nous à ce sujet les articles sur l’abandon de souveraineté des Etats européens et le passage à une nouvelle société féodale suscité par le Traité de Lisbonne (qui a remplacé la Constitution européenne) ainsi que le passage de l’interview accordée par Henry Kissinger au Spiegel qui confirme cette perte de souveraineté. En conclusion: Les citoyens d’Europe sont gouvernés par une élite de collaborateurs à la botte de Washington.
L’encadré ci-contre reproduit des extraits dudit procès-verbal.    •

La Déclaration d’indépendance doit avoir lieu un dimanche

«La Déclaration d’indépendance coordonnée ne doit pas être liée aux élections en Serbie. Pour DiCarlo, il conviendrait que la séance du Parlement kosovar au cours de laquelle la déclaration d’indépendance sera adoptée ait lieu un dimanche car la Russie n’aura pas le temps de convoquer le Conseil de sécurité. Les premières reconnaissances arriveront déjà entre-temps.
Fried pense qu’il ne faut pas chercher à obtenir que tous les membres de l’UE reconnaissent le Kosovo. Ce qui est important, c’est la décision sur la mission de l’UE et l’ouverture d’un bureau de l’UE au ­Kosovo (International Civilian Office) et nous ne devrions pas nous préoccuper des critiques de la Russie et de la Serbie.»

15 parmi les 27 Etats suffisent

«Fried encourage la Slovénie à être le premier pays à reconnaître le Kosovo. Les USA estiment qu’au début, six pays ne ­reconnaîtront pas le Kosovo, mais s’il y en a 15 sur 25, cela suffira. La présidence slovène de l’UE jouera là un rôle clé.»
«Momentanément, les Etats-Unis évitent de se prononcer sur l’indépendance du Kosovo, mais quand elle aura été proclamée, ils seront les premiers à la reconnaître. Ils font en sorte que dans les premiers jours, le plus grand nombre possible d’Etats hors UE reconnaissent le Kosovo. Ils se livrent à un intense lobbying auprès du Japon, de la Turquie et des Etats arabes, qui se sont dits prêts à reconnaître le Kosovo sans tarder. L’adjoint de Fried explique que la Turquie se montrera sans doute coopérative quant à la définition du statut du Kosovo (lien ­islamique, question de la République ­turque de Chypre).»

Il ne faut pas que l’ONU empêche l’envoi de troupes

«Concernant le soutien du Secrétaire général des Nations Unies à l’envoi au Kosovo d’une mission de l’UE, Fried déclare que M. Ban Ki-moon subit des pressions de la Russie, ce qui le met dans une situation délicate. Cependant les Etats-Unis ont l’assurance que le Secrétaire général ne s’opposera pas à cet envoi. […] Les Etats-Unis aideront le Secrétaire général dans ses problèmes avec la Russie, mais il faut que la Slovénie obtiennent au sein de l’UE l’envoi rapide de la mission.»
«DiCarlo: On est persuadé que Ban peut difficilement demander [à l’UE] de se charger de la mission avant la déclaration d’indépendance. Il faut reconnaître le Kosovo tout de suite après cette déclaration car c’est seulement à ce moment-là que le Secrétaire général pourra constater que la situation sur place a changé et qu’il pourra demander à l’UE de se charger de la mission. […] Alors Ban n’aura plus qu’à insister sur le fait que les choses ont changé et à inviter l’UE à envoyer sa mission. Il n’a pas besoin pour cela de décision du Conseil de sécurité.»

Brammertz doit se rendre en Serbie

«Drobnic explique que la Belgique et les Pays-Bas insistent pour que soit respectée rigoureusement la condition du TPIY [coopération totale de la Serbie avec le Tribunal pénal international de La Haye] à la signature de l’Accord de stabilisation et d’association (avec la Serbie). […] DiCarlo, Bertram Braun (adjoint au conseiller américain à la sécurité): Il serait très souhaitable que la Serbie signe l’Accord avant la déclaration d’indépendance du Kosovo parce qu’après on aurait l’impression que c’est une récompense [manifestement un dédommagement] de l’UE pour la perte du Kosovo, ce que les Serbes n’apprécieraient pas.
Les Etats-Unis parleront avec les Pays-Bas. […] Ils aident davantage la région en obtenant l’agrément de la Serbie qu’en insistant sur le strict respect de la coopération avec le TPIY. Peut-être serait-il utile que le ­nouveau procureur général (Serge) ­Brammertz se rende en Serbie dans les premiers jours de janvier et qu’il attribue des notes un peu plus positives que (son prédécesseur) ­Carla del Ponte l’année précédente.»

Sources: Standard (Vienne) du 16/2/08
http://delo.si/index.php?sv_path=41,35,267847
(Traduction Horizons et débats)