Le rapport sur l’agriculture mondiale remis à la ministre allemande de l’Agriculture

Lors de la Grüne Woche (semaine verte) à Berlin, les représentants de plusieurs organisations de l’agriculture, de l’environnement et du développement ont remis, le Rapport sur l’agriculture mondiale, qui venait de sortir de presse, à la ministre de l’Agriculture Ilse Aigner et l’ont invitée de se rendre à l’évidence qu’une approche radicalement différente s’imposait en matière d’agriculture et que c’était urgent et inévitable. Ils ont déclaré:
D’après les pronostics pour 2009 de l’Organisation mondiale pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) plus d’hommes que jamais souffriront de la faim sur notre planète, alors que probablement la plus grande récolte de tous les temps sera engrangée. En même temps, l’agriculture émettra plus de gaz à effet de serre que jamais, son besoin en eau augmentera et contribuera essentiellement à l’accélération de la disparition des espèces. Le Rapport sur l’agriculture mondial désigne les causes de cette misère, mais aussi les voies pour s’en sortir.
«Continuer sur la même voie n’est pas envisageable» c’est le message de plus de 400 scientifiques et experts internationaux du monde entier qui ont été chargés par la Banque mondiale et par les Nations Unies d’élaborer en quatre ans l’inventaire le plus complet de l’agriculture mondiale. Leur rapport a été signé en avril 2008 à Johannesburg par plus de 60 gouvernements. Le gouvernement fédéral d’Allemagne n’y a malheureusement pas participé. Madame Aigner a été priée de signer le rapport au moins après coup et de mettre ses recommandations en application.
Pendant des décennies, l’augmentation de la production à tout prix a été propagée comme remède contre la faim. Sans succès: Le nombre d’affamés augmente à une vi­tesse alarmante. Le Rapport sur l’agriculture mondiale montre qu’il n’importe pas de produire de plus en plus, mais de rendre disponibles les produits alimentaires là où l’on en a besoin. Cela signifie aussi qu’à l’avenir la production de biocarburants et de viande de fabrication industrielle dans les proportions actuelles n’est plus justifiable et que les subventions étatiques doivent être supprimées.
L’agriculture industrielle et les monocultures détruisent nos ressources natu­relles aux dépens des plus pauvres et aux dépens des générations futures. Le Rapport sur l’agriculture mondiale dit par contre: Ce n’est pas l’agro-industrie mais les plus de deux milliards de petits paysans et paysannes qui assurent et assureront le ravitaillement mondial – aujourd’hui et à l’avenir. Ils ont besoin d’une sécurité juridique et d’un accès équitable à la terre, à l’eau, aux semences, au savoir-faire et aux marchés locaux.
A cela s’ajoute le droit à l’autodétermination des nations et des régions en ce qui concerne leur production alimentaire. Cette souveraineté alimentaire est menacée tout aussi bien par les règles du marché mondial qui ne sont pas équitables que par des subventions non durables, ainsi que par la concentration mondiale de l’industrie et du marché agricole.
La dépendance de l’agriculture des énergies fossiles et de l’agrochimie met en danger notre sécurité alimentaire. Elle est aussi responsable du fait que la production alimentaire représente aujourd’hui l’un des plus grands dangers pour le climat. Des alternatives agro-écologiques et biologiques sont déjà à disposition et doivent être développées. Leur multitude représente le meilleur point de départ pour nous adapter au changement du climat inévitable des décennies à venir. Depuis trente ans, le génie génétique n’a pas apporté de solutions.
Qui veut éviter d’autres victimes et de futures catastrophes doit prendre au sérieux les vérités simples du Rapport sur l’agriculture mondiale et agir. Le gouvernement fédéral, l’industrie agricole et l’association des pay­sans doivent se rendre compte: La folie de l’agriculture industrielle et de sa croissance illimitée est finie.    •

Source: www.weltagrarbericht.de du 15/1/09

Informations supplémentaires: www.agassessment.org