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18 juillet 2016
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Horizons et debats  >  archives  >  2013  >  N°4, 28 janvier 2012  >  L’amourette de Widmer-Schlumpf avec Barroso: une trahison de la démocratie [Imprimer]

L’amourette de Widmer-Schlumpf avec Barroso: une trahison de la démocratie

 

par Marianne Wüthrich, docteur en droit

La Suisse est un Etat libre et souverain. En 1291, nos ancêtres ont conclu un pacte, ils se sont réunis comme union de protection et de défense de citoyens égaux sur une base coopérative et se sont libérés des baillis et des juges étrangers. A travers les siècles, ils ont défendu ce pacte de toutes leurs forces et l’ont élargi et, même si la communauté de solidarité s’est vue confrontée à de nombreuses tensions internes et attaques de l’extérieur, les Confédérés n’ont jamais perdu de vue la chose commune. Grâce à leur volonté inébranlable de sauvegarder leur pacte, les Suisses ont pu retrouver leur indépendance même après la période difficile de l’occupation française, lors de l’époque de l’Helvétique, pour ensuite fonder l’Etat fédéral de 1848 – unique à l’époque comme aujourd’hui. Au XXe siècle, nos arrière-grands-parents, grands-parents et parents ont réussi à sauvegarder notre pays, grâce à une force créatrice inépuisable et une volonté de résistance inébranlable, au travers des périodes caractérisées par de graves menaces existentielles et de grandes privations en raison des deux guerres mondiales.

Notre modèle d’Etat – un héritage précieux

Tous ces Suisses et Suissesses qui nous ont précédés nous ont légué, à la génération d’après-guerre, un héritage précieux: un modèle d’Etat unique, une structure limitée à l’espace de 26 cantons souverains très divers – cantons urbains, cantons ruraux et cantons de montagne, cantons de langues et de cultures diverses – et d’environ 3000 communes autonomes, un pays prospère avec des finances publiques stables aux trois niveaux de l’Etat grâce au droit de contrôle de la démocratie directe et au grand nombre de personnes qui occupent une fonction bénévole pour quelques francs et assument leur responsabilité au sein de la communauté.
Et là, une caste politique, une cinquième colonne, se permet depuis 20 ans de s’attaquer à notre Suisse libre, souveraine et bien organisée pour la démonter – là, une «élite» a le front de jeter tout notre héritage matériel et idéel en pâture à une meute de bureaucrates européens avides, qui cherchent à s’extraire de la banqueroute politique et économique fomentée par eux-mêmes, en tentant d’absorber un pays pour pouvoir le saigner à blanc financièrement – un pays qui n’a absolument rien à voir dans leur faillite.
Non pas avec nous, pas avec le peuple suisse! Nous savons ce que nous avons à défendre! Nous entrons en résistance tout comme nos parents et grands-parents.

Attitude et contenu honteux

Le 15 juin 2012, l’ancienne présidente de la Confédération, Eveline Widmer-Schlumpf, a écrit une lettre au président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, lettre que l’administration fédérale a gardée sous clé plusieurs mois avec de bonnes raisons – tant l’attitude et le contenu exprimés dans cette lettre étaient honteux.
Qu’est-ce qui a pris cette femme pour faire ainsi du zèle auprès de Messieurs Barroso et consorts au point de leur vendre notre Etat de droit par empressement servile, sans rien nous demander? Comment se fait-il que cette femme – qui a obtenu son siège au Conseil fédéral suite à un véritable putsch – se permette de «promettre» à l’UE la reprise de l’acquis communautaire dans son entier, pas seulement à l’avenir mais aussi rétroactivement, en sachant pertinemment qu’elle ne pourra jamais tenir une telle promesse? Car en Suisse, c’est toujours encore le peuple qui décide.
Que fait-elle d’un des piliers fondamentaux de notre Etat («pas de juges étrangers»), quand elle annonce vouloir adopter l’interprétation de la Cour de justice et quand elle demande obséquieusement que la Suisse puisse aussi y présenter des pièces écrites? Et il y a encore pire: Ce «serviteur du peuple», que devrait être Mme Widmer-Schlumpf, offre à l’UE encore d’autres contributions au titre de la cohésion, à hauteur de milliards financés par nos impôts – comme si nous étions responsables du manque de cohésion, c’est-à-dire du démembrement imminent de l’UE.
Le Conseil fédéral doit défendre les intérêts de la Suisse et de sa population. Il a des «obligations» uniquement envers notre pays et nos traditions humanitaires. Outre le respect des accords négociés, il n’est engagé en rien auprès de l’UE ou d’autres grandes puissances. Mais ce respect doit être réciproque. Si l’un des partenaires ne remplit pas ses obligations contractuelles, il n’y a aucune raison que nous fassions des pieds et des mains pour nous jeter dans la gueule du loup.

Récapitulons: Non pas avec nous, pas avec le peuple suisse!

Nous savons ce que nous avons à défendre! Nous entrons en résistance tout comme nos parents et grands-parents. Nous revendiquons nos droits populaires. Nous avons l’habitude de récolter des signatures – exprimons la volonté du souverain!    •