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18 juillet 2016
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Horizons et debats  >  archives  >  2012  >  N°17, 30 avril 2012  >  Libertés civiques en Amérique: Le «Grand Frère» devient de plus en plus grand [Imprimer]

Libertés civiques en Amérique: Le «Grand Frère» devient de plus en plus grand

par Jack A. Smith

La surveillance par le gouvernement et les violations de la sphère privée des citoyens américains étaient déjà assez grave à l’époque de Bush, mais elles deviennent pires dans les années Obama.
Beaucoup d’excès du président George W. Bush comme le Patriot Act ne sont pas seulement maintenus, mais l’ère du président Barack Obama fait apparaître sans cesse de nouvelles informations concernant l’affaiblissement des libertés civiques par le gouvernement fédéral, les tribunaux et les divers corps de police.
Le 2 avril, la Supreme Court a ajouté à la violation des droits de la personnalité une injustice judiciaire en décidant par 5 voix contre 4 que des fonctionnaires de prisons peuvent procéder à une fouille corporelle chez chacun qui se fait arrêter et amener en prison pour n’importe quelle infraction, même pour des bagatelles, et même s’il vient seulement pour une audition ou une audience. Monsieur le juge Anthony M. Kennedy s’est joint aux quatre juges ultraconservateurs.
D’après la déclaration de Steven R. Shapiro de l’American Civil Liberty Union ACLU (association nationale pour les libertés civiques) «cette décision viole la sphère privée des millions de personnes qui sont arrêtées chaque année et amenées en prison, souvent pour des infractions minimes. Etre forcé à se déshabiller complètement est une expérience humiliante que personne ne devrait subir sans soupçons fondés.»
Un jour avant le scandale de la fouille corporelle, le «New York Times» a rapporté que «la surveillance de téléphones portables par le service de détention […] est devenue un instrument de surveillance puissant et utilisé largement par les agents de polices locaux, dans des centaines de petits et grands services qui, comme des documents le prouvent, l’utilisent souvent de manière agressive et sans surveillance juridique […]. Un manuel pour la formation de policiers décrit les téléphones portables comme ‹le biographe effectif de nos activités quotidiennes›.»
D’autres violations des droits civiques arrivent de plus en plus souvent, mais le tollé public s’est tu en grande partie, ce qui signifie un encouragement pour l’administration à aller plus loin. Le 23 mars, l’ACLU rapporte: «L’administration Obama a prolongé pour le National Counterterrorism Center (NCTC) la durée de récolte et de mémorisation des données de citoyens et habitants des USA de 180 jours à 5 ans, même si ces personnes n’ont pas de relations supposées avec des terroristes. Les nouvelles directives NCTC, autorisées par le ministre de la Justice Eric Holder, donnent aux services secrets un accès beaucoup plus étendu aux informations sur les Américains, gardées dans les diverses banques de données de l’Etat …
L’autorisation de mémoriser des informations ‹à durée limitée› pendant 5 ans, sur les citoyens et les habitants qui n’ont aucune relation avec le terrorisme, élimine les conditions qui empêchent une collection complète de nos données personnelles par le gouvernement, et expose tous les Américains au risque d’un contrôle injustifié. Une telle collection illimitée menace de faire revivre le Total Information-Awareness Programme de l’administration Bush, aboli par le congrès en 2003.»
La nouvelle n’a apparemment pas été vraiment époustouflante. Tom Engelhardt a écrit le 4 avril: «Pour la plupart des Américains cela correspondait tout simplement à la vie que nous connaissions depuis le 11 septembre 2001, depuis que nous avons une peur mortelle et que nous avons accepté qu’à peu près tout est possible, tant que cela nous protège des terroristes. Des informations ou des désinformations fondamentales – qui portent possiblement sur toi – devront être sauvegardées pendant cinq ans – ou bien jusqu’à ce qu’un ministre de la Justice ou un directeur du service secret intérieur croie qu’il serait plus pratique et plus effectif de te garder pour dix ans, vingt ans, ou même jusqu’à la mort dans ces dossiers – et cela n’a même pas fait de vagues.»
Une semaine auparavant, de nouvelles informations sur l’interprétation secrète du Patriot Act par Washington ont été dévoilées. La plupart des Américains ne connaissent que la version officielle de cette loi sournoise du gouvernement Bush que le congrès a voté dans un véritable accès de panique peu après le 11-Septembre. La Maison Blanche et les dirigeants au Congrès et au département de la justice ont un entendement secret sur les futurs buts et l’application du Patriot Act.
Alex Abdo, du projet de sécurité nationale de l’ACLU, a dévoilé le 16 mars:
«Le gouvernement vient d’affirmer officiellement ce que nous supposions depuis longtemps: Il existe des prises de position secrètes du département de la justice concernant le paragraphe 215 du Patriot Act qui permet au gouvernement d’obtenir des décrets secrets d’un tribunal spécial de surveillance (Tribunal FISA) demandant aux prestataires d’Internet et d’autres entreprises de livrer ‹toutes choses saisissables›.
Hier, tard dans la nuit, nous avons reçu du gouvernement la première pile de documents en réponse à notre demande concernant le Freedom of Information Act, sur tous les dossiers concernant l’interprétation juridique du paragraphe 215. Les dossiers libérés concordent avec toute une série de mises en garde de la part de deux sénateurs au sujet de l’interprétation secrète de la loi par le gouvernement. D’après les observations des deux sénateurs, cette interprétation ne choquerait pas seulement l’Américain moyen, mais même leurs collègues dans le législatif ne siégeant pas dans un comité des services secrets.
Nous sommes encore en train d’évaluer les documents, mais nous n’en attendons cependant pas trop en vue d’une déclaration quelque peu probante du gouvernement sur leur accaparation secrète du Patriot Act.»
Les sénateurs participants n’ont pas été nommés, mais c’étaient Ron Wyden (démocrate, Oregon) et Mark Udall (démocrate, Colorado), qui tous deux, ont rendu public le Patriot Act secret en mai dernier. Wyden a déclaré alors: «Si la population américaine découvre comment leur gouvernement a secrètement interprété le Patriot Act, elle sera stupéfaite et elle sera scandalisée.» Udall a répété: «Les Américains seraient alarmés s’ils savaient comment cette loi est réalisée.»
Le gouvernement Obama n’a pas essayé d’affaiblir le Patriot Act ni de l’abolir. Les dix dernières années et demie, depuis la votation de la loi, elle n’a été que renforcée, et l’on a libéré la voie pour d’autres lois qui attaquent les libertés civiques et renforcent la surveillance de l’Etat.
Il y a trois mois, par exemple, Obama a signé le National Defense Authorization Act (NDAA), qui contient le droit mondialement illimité de l’arrestation, ce qui permet à l’armée américaine de mettre en prison des étrangers et des citoyens des USA sans accusation et sans procédure juridique.
C’est justement le mois dernier que le magazine Wired a dévoilé des détails sur la façon dont la National Security Agency NSA [le plus grand service secret des USA, qui est actif dans le monde entier] «a installé sournoisement à Bluffdale, Utah, le plus grand centre d’espionnage du pays».
Le journaliste d’investigation James Bamford a écrit que la NSA a établi des postes d’écoute partout aux USA pour récolter des millions de messages courriel et d’appels téléphoniques et les fouiller, qu’ils proviennent des USA ou de l’étranger. Le centre de surveillance à Utah saisira des banques de données énormes pour mémoriser toutes sortes de communications collectées par l’Agency. Avant, la NSA avait nié qu’un espionnage ait lieu à l’intérieur du pays.
Dans son article, Bamford cite un ancien fonctionnaire de la NSA qui «a bien serré son pouce et son index» en disant: «C’est ça la distance qui nous sépare d’un Etat totalitaire.»
L’Associated Press a poursuivi la police new-yorkaise pendant plusieurs mois pour dévoiler ses activités d’espionnage à l’intérieur de l’Etat. Le 23 mars, elle a rapporté que les «fonctionnaires de la police de la ville de New York ont participé sous couvert [pendant des années] à des réunions d’organisations politiques libérales et maintenu des dossiers de services secrets sur les activistes qui ont planifié des protestations partout dans le pays; cela ressort d’interviews et de documents qui montrent comment la police se sert de tactiques de combat contre le terrorisme pour surveiller même des activités légales.» Quelques-unes des ces activités d’espionnage ont eu lieu très loin de New York – dans un des cas à la Nouvelle Orléans.
Dans un commentaire concernant les nouvelles directives qui permettent à Washington «de garder tes données personnelles pendant 5 ans,» le journal satirique Ironic Times écrit le 26 mars: «Si vous n’êtes coupable d’aucun acte punissable et vous n’avez jamais eu des dettes d’argent, si vous n’avez pas de nom qui ressemblerait au nom de quelqu’un qui a eu des difficultés ou qui a eu des dettes, et que ces cinq ans à venir il n’y a absolument pas de panne d’ordinateur dans le système électronique suranné du gouvernement, alors vous n’avez aucune raison de vous faire du souci.»
La population d’Amérique a bien sûr beaucoup de raisons de se faire du souci, depuis que les deux partis politiques au pouvoir se sont mis d’accord pour pénétrer plus profondément dans la vie privée et dans les affaires politiques des citoyens des USA. L’unique recours pour le peuple c’est de renforcer les activités au nom des libertés civiques.    •

Source: Global Research du 10/4/12
(Traduction Horizons et débats)