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18 juillet 2016
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Horizons et debats  >  archives  >  2012  >  Nº36, 3 septembre 2012  >  USA: image disparate avec une note inquiétante [Imprimer]

USA: image disparate avec une note inquiétante

Un de nos rédacteurs voyage en ce moment en Amérique du Nord et analyse le pays et ses habitants. Priorité Etats-Unis et Canada. Environ 100 jours avant l’élection présidentielle, les USA montrent une image disparate avec une note inquiétante. Des économes pessimistes parlent même d’un crash économique se profilant à cause de la situation piteuse de beaucoup de régions, de communes et de villes américaines. Avec en plus un taux de chômage de 8,2% selon des statistiques officielles, celui-ci reste inquiétant. Mais ces statistiques sont – beaucoup d’économes sont du même avis – très minimisées, voire faussées! Elles ne prennent pas en considération les millions de chômeurs de longue durée qui ne reçoivent plus d’allocations de chômage et qui passent ainsi entre les mailles des filets sociaux. On ne tient pas non plus compte de tous les chômeurs qui sont insérés temporairement dans des soi-disant programmes de travail et des cours de formation. Nous avons vu de «vraies» statistiques qui parlent de 16 à 18% de chômeurs. Beaucoup de chômeurs ne s’inscrivent même plus aux services administratifs pour ne pas devoir remplir leurs conditions.
Sur le large ruban entre le Pacifique (Californie) et l’Atlantique (New York), il y a d’innombrables villes, de régions et d’Etats fédéraux qui sont en détresse financière et qui ne peuvent plus accomplir les tâches quotidiennes les plus importantes. Les Etats-Unis – en considérant de plus près la vie quotidienne – a perdu beaucoup de sa magnificence de jadis. Pays de l’espoir ou de l’avenir? Pour beaucoup, c’est passé! L’ancienne ville californienne florissante de Stockton (à 150 km à l’est de San Francisco, 300 000 habitants) en est un exemple choquant. L’Administration de la ville a déclaré dernièrement la faillite de la ville (Chapter 9). 700 millions de dollars de dettes net et encore précisément 5000 dollars de liquide dans la caisse de la ville. Des fonctionnaires, des agents de police, des pompiers sont sans solde ni salaire. Le courant électrique est coupé et c’est seulement grâce à une disposition judiciaire que les routes principales sont encore provisoirement éclairées. L’Etat de Californie déclare impossible de porter secours financier, car il risque lui-même presque tous les jours de faire faillite. Un registre des dettes de plus de 211 pages (!), publié par la ville, démontre que beaucoup de petites et moyennes entreprises en sont les créanciers. Elles ne doivent pas seulement prévoir de grandes pertes, mais en outre, elles disparaîtront à l’avenir comme contribuables. C’est un cercle vicieux.
D’autres Etats fédéraux comme «l’asile de vieillards» de la Floride, sont aussi proches de la faillite. L’Etat fédéral des Etats-Unis doit entretemps augmenter annuellement le plafond des dettes pour pouvoir payer ses factures. Les USA, superpuissance des dernières 60 années, ont une ardoise de plus de 15 billions de dollars, ce qui représente une dette astronomique. Chaque jour, ils doivent emprunter sur les marchés capitaux entre 1 et 2 milliards de dollars, juste pour pouvoir payer les intérêts cumulés. Selon les spécialistes de la finance, c’est une situation sans issue qui mener tôt ou tard à une baisse suplémentaire du cours du dollar. On se fait de grands soucis à propos de la qualité de l’infrastructure des Etats-Unis. Elle a été négligée de manière éhontée pendant des décennies. Voici un exemple: sur les 60 000 ponts qui existent aux USA l’Army Corps of Engineers a récemment déclaré 16 000 ou un quart des ponts comme n’étant plus très sûrs ou même en danger de s’écrouler. «Le réseau routier américain et les rues dans les villes s’émiettent lentement mais sûrement», est une des tristes constatations. L’argent manque aussi dans les caisses pour les affaires sociales. Beaucoup de villes et de communes ne sont plus en état de remplir les droits à la retraite. Bien que des retraités aient payé pendant toute leur vie, il n’y a plus d’argent pour eux. Il a été mal utilisé et dépensé pendant des années par les communes et les villes. Aujourd’hui les droits à la retraite font fonction de biens des créanciers.
A l’heure actuelle, les USA comptent 307 millions d’habitants. Il est étonnant qu’il n’y ait que neuf villes qui ont des millions d’habitants. Ce sont: New York (8,2 millions), Los Angeles (3,8), Chicago (3,0), Houston (2,1), Philadelphia (1,5), Phoenix (1,5), San Antonio (1,3), San Diego (1,3) et Dallas (1,2). Dans 100 jours on élira un nouveau président. Beaucoup porte à croire qu’avec la nouvelle élection les derniers jours de cette ancienne superpuissance commencent. Car au moment de son entrée en fonction, le nouveau (ou l’ancien?) locataire de la Maison blanche doit contourner son premier grand problème, le soi-disant «Fiscal Cliff». C’est le grand écart entre l’arrêt d’avantages fiscaux et des coupes drastiques dans le budget public. C’est la méthode de la tondeuse américaine qui menace sérieusement l’économie! Bref regard rétrospectif: en novembre 2011, le «Super-comité», un groupe de démocrates et de républicains, n’a pas pu se mettre d’accord sur un programme d’économies de 1,5 billions de dollars. S’il n’y a pas de nouveau vent dans la discussion, des réductions du budget entrent automatiquement en vigueur à partir de janvier de l’année prochaine. Par la méthode de la tondeuse tous les états seront réduits à peu d’exceptions près – dans le domaine social tout comme dans celui de l’armée. Et cela au moment où également beaucoup d’avantages fiscaux expirent.     •

Source: Vertraulicher Schweizer Brief, no 1330 du 2/8/12

(Traduction Horizons et débats)