Pour une paix juste en Afghanistan

Déclaration de la présidence allemande de Pax Christi

Le conflit armé en Afghanistan dure depuis plus de 7 ans. L’année dernière, le mandat des unités de la Bundeswehr agissant dans le cadre de la FIAS a été prolongé. La semaine prochaine, le Bundestag doit se prononcer sur une nouvelle prolongation et un renforcement de ce contingent. Jusqu’ici, le gouvernement allemand justifiait cet engagement d’imposition de la paix de l’armée allemande sous mandat des Nations Unies avec l’accord du gouvernement afghan, en disant que la sécurité de l’Allemagne dépendait également de celle de l’Afghanistan. Pour le gouvernement allemand, il s’agirait avant tout de juguler le terrorisme de manière durable.
Pax Christi se rend de plus en plus compte de l’échec de ces opérations militaires: elles n’ont pas apporté la paix aux pays. Certes, il faut reconnaître que la Bundeswehr a également participé à la reconstruction mais ces activités gênent plutôt qu’elles ne protègent les organisations humanitaires civiles, contrairement à ce qu’on a souvent prétendu.
Si l’on observe la situation de manière réaliste, on constate que les opérations militaires occidentales actuelles – FIAS et Opération Liberté immuable (OLI) – qui se confondent de plus en plus, ont pris l’aspect d’une guerre asymétrique. En même temps, elles se trouvent face à un dilemme: d’une part, cette guerre ne peut pas être gagnée et d’autre part, aux yeux des occidentaux, elle ne doit pas être perdue. Même si maintenant la participation des unités spéciales KSK à l’OEF doit être abandonnée, la prolongation et le renforcement du mandat ne fait qu’augmenter la violence. Le contingent allemand qui, à l’origine, avait pour mission de sécuriser la reconstruction du pays, est devenu une troupe de combat. Il faut maintenant briser cette spirale de la violence.
Pax Christi salue la démarche du gouvernement afghan en faveur d’un dialogue avec les talibans. La société afghane, ses institutions et ses groupements d’intérêts doivent soutenir le processus de paix. La construction d’une paix juste ne sera possible qu’en réduisant les options militaires et en renforçant les mesures d’aide humanitaire et de reconstruction. Cela nécessite une stratégie de retrait de toutes les troupes étrangères clairement définie quant à son calendrier et à son ampleur. Ceux qui considèrent cela comme un signe de faiblesse à l’égard du terrorisme doivent expliquer clairement à l’opinion allemande que l’engagement de la Bundeswehr se poursuivra pour une durée indéterminée, qu’elle va coûter extrêmement cher et qu’elle fera de nouveaux morts sans qu’on puisse en estimer les chances de succès.
Pax Christi demande aux députés du Parlement de voter contre la prolongation et le renforcement du mandat et d’exiger du gouvernement un plan de retrait progressif des troupes.
Pax Christi demande au gouvernement allemand:
•    d’élaborer un plan de retrait progressif de la Bundeswehr (pas seulement des unités spéciales);
•    de mettre enfin sur pied et de renforcer de manière systématique les forces de police afghanes afin de contribuer à affermir l’autorité de l’Etat;
•    de consacrer à la reconstruction politique et sociale les sommes économisées en retirant les troupes;
•    de s’engager, avec les gouvernements de l’Union européenne, en faveur d’une conférence réunissant l’Afghanistan et ses voisins: Pakistan, Iran, Ouzbékistan et Tadjikistan;
•    d’entreprendre des démarches en vue de trouver avec les Etats voisins de l’Afghanistan des moyens de pacifier la région.
Il faut offrir à la population afghane des mesures civiles qui améliorent nettement ses conditions de vie. Ce n’est que si l’on réussit à lui redonner des perspectives, notamment économiques, qu’elle pourra se détacher des organisations et des structures qui ont tendance à recourir à la violence. Il faut soutenir les forces – encore souvent faibles – de la société civile en les considérant comme des partenaires.

Berlin, 7 octobre 2008, Secrétariat de la section allemande de Pax Christi

(Traduction Horizons et débats)