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18 juillet 2016
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Horizons et debats  >  archives  >  2011  >  N°16/17, 26 avril 2011  >  «Séisme, tsunami, radioactivité – trois catastrophes en une» [Imprimer]

Les coûts de la guerre

 par Markus Kocher

hd. L’aide humanitaire de la Confédération est composée de plusieurs organisations (cf. «Horizons et débats» no 13/14 du 11 avril), qui s’engagent dans le monde entier pour le bien-être des êtres humains. La Société suisse pour chiens de cata­strophe «Redog» en fait partie. Redog est parti au Japon avec 23 per­sonnes et 9 chiens pour aider et sauver après le tremblement de terre ravageur et le tsunami qui a suivi. Cette équipe de sauvetage, qui s’est fait un nom depuis des décennies dans le monde entier dans le domaine du sauvetage de blessés et le dégagement de morts, existe depuis 40 ans. Ci-dessous, «Horizons et débats» présente un court rapport sur l’engagement de «Redog» au Japon, qui a paru dans la revue «Hunde» du 15 avril.

«L’appel pour l’intervention m’est parvenu le samedi matin à 3 heures et demie, un peu plus de 24 heures après le déclenchement du séisme.» Nicole Roth n’oubliera certainement jamais le signal du départ lors de sa première intervention critique avec Redog. En raison de cette mise en action très impromptue, elle était très occupée par l’agencement des ustensiles du voyage, mais mille pensées lui sont venues à l’esprit: «Pour moi, jusqu’au moment du départ, je me demandais avant tout comment Betsy réagirait au stress du voyage, au vol et au décalage d’horaires.» L’ancienne employée commerciale, âgée de 23 ans et aujourd’hui guide de chiens de service, dit que c’est seulement dans le hangar de la Rega à Kloten, après le «briefing» par le chef d’équipe, le contrôle des passeports et la répartition de l’équipe, qu’il y a eu des moments où elle a pensé à son propre état.

«Le téléphone ne fonctionnait pas et il n’y avait pas d’électricité»

Les 23 personnes et les 9 chiens de la chaîne suisse de sauvetage étaient hébergés à Tome, à environ 50 km au nord de Sendai. Toute l’équipe de Redog était composée de trois équipes, dont chacune était composée d’un chef d’équipe et trois teams de catastrophe, c’est-à-dire trois chiens avec leur conducteur. En plus, il y avait 2 personnes de la détection technique comme la «Chief Search» Linda Hornisberger. L’ensemble du commandement de la mission – y compris le support, le médecin et d’autres spécialistes – comprenait au total 8 personnes. «Contrairement à ce que j’avais attendu, on ne pouvait pas beaucoup constater les dégâts des catastrophes naturelles sur le trajet de Tokio à notre camp de base» se souvient Nicole Roth. «C’est seulement en arrivant à proximité de la ville de Tome, qu’on a vu ici et là des bâtiments écroulés. De plus, les lignes téléphoniques ne fonctionnaient pratiquement plus et il n’y avait plus d’électricité.» L’équipe de la Redog a pris conscience de l’énorme ampleur de la destruction seulement lors de son arrivée dans la région d’intervention proprement dite, dans la ville de Minamisanriku à environ 30 kilomètres du camp de base. La cheffe d’équipe Denise Affolter déclare: «Sur une longueur d’au moins 4 kilomètres, cette vallée a été recouverte par les détritus d’une ville entière – des constructions en bois et en fer, du mobilier ménager, des jouets, des vêtements, des chaussures, des voitures, des camions, des arbres et des morçeaux de bateaux étaient éparpillées dans tous les sens sur toute la vallée, plus ou moins fortement enchevêtrés et imbriqués les uns dans les autres.»
En quoi consistait exactement la tâche de l’équipe de Redog? La cheffe d’équipe Denise Affolter explique: «Nous avons fouillé avec nos chiens le territoire d’environ six kilomètres carrés, très endommagé, qui nous avait été attribué, afin de localiser des personnes encore ensevelies.» Les pompiers japonais étaient alors conduits aux emplacements, qui étaient indiqués par les chiens et étaient ensuite responsables du sauvetage et du dégagement. Denise ­Affolter résume la situation de départ: «Le grand défi de notre travail reposait avant tout dans la combinaison de trois grandes catastrophes: séisme, tsunami, radioactivité.» Avant tout, les nombreuses et vives répliques du séisme, les ­alertes au tsunami qui s’ensuivaient tout comme les nouvelles désastreuses permanentes provenant de la centrale nucléaire de Fukushima I a demandé à l’équipe d’être prête à prendre la fuite en permanence. Nicole Roth se souvient: «Par exemple le premier jour, le lundi, juste au moment où on voulait commencer avec la re­cherche, nous avons dû nous retirer du territoire endommagé en raison d’une alerte au tsunami. C’était très frustant.»
Le deuxième jour, les trois équipes ont définitivement entamé leur travail et fouillé une partie du territoire attribué. Denise ­Affolter: «Dans la nuit du deuxième au troisième jour, il a, en plus, commencé à neiger, ce qui a compliqué davantage notre mission. Malgré tout, on a repris notre intervention le mercredi. Cependant, en raison de la détérioration croissante des conditions météorologiques et de la chance minime de trouver encore des survivants, nous avons mis fin à notre recherche.»
Et les rayonnements radioactifs? «Nous avions en permanence conscience de ce danger. Mais nous étions équipés d’instruments de mesure et avions un spécialiste sur place, qui nous informait continuellement sur la situation actuelle. Cela m’a rassurée et les instruments de mesure m’ont donné une certaine tranquillité intérieure, car nous pouvions aussi nous-mêmes superviser la situation.»

«Une intervention spéciale avec des facteurs jamais connus auparavant»

Après son retour en Suisse, Nicole Roth résume son état d’âme: «Une intervention qui, malgré la grande charge émotionnelle et physique, me rend aussi un peu fière.» Betsy a très bien travaillé, «bien qu’elle ait dû, pendant 13 heures, supporter le vol à l’aller dans une caisse dans la soute et après encore le ­trajet en bus, être confrontée au froid, au chaos et à l’agitation dans la rue. Cependant, elle ne s’est même pas laissée troubler par les restes d’aliments et les poissons morts.»
Quel résumé personnel en tire Denise Affolter? «C’était une intervention très spéciale avec des facteurs jamais connus auparavant, qui ont requis de la part de tous les participants beaucoup de flexibilité, de patience et de serénité.» Elle a été très impressionnée par la population japonaise – «par la manière dont elle s’est comportée face aux pertes, à la destruction et à la désorientation ainsi qu’à la menace permanente». La «distanciation amicale» typique des Japonais est passée à l’arrière-plan; «Les habitants n’ont cessé de nous remercier, en partie de manière très émotionnelle, pour notre aide, notre présence et notre engagement.»    •

Source: Article paru dans Hunde 04/2011, la revue de la Société Cynologique Suisse SCS le 15/4/11
(Traduction Horizons et débats)

Séisme et tsunami au Japon

Le 11 mars 2011, la province japonaise de Miyagi a été ravagée vers 14 heures 45, heure locale, par un séisme dévastateur. L’épicentre du plus violent séisme jamais enregistré au Japon, de force 9 sur l’échelle de Richter, se situait à 130 kilomètres à l’est de la ville de Sendai et à près de 400 kilomètres au nord-est de Tokio, et a déclenché un tsunami atteignant une hauteur de vingt mètres. Plus de deux semaines après les catastrophes naturelles, 11000 victimes ont été dégagées, mais 16000 personnes sont encore portées disparues. La centrale nucléaire de Fukushima a été gravement endommagée à cause du séisme et du tsunami. Des spécialistes essayent encore, au moment du bouclage de la revue «Hunde» (2 avril 2011), par tous les moyens d’empêcher une catastrophe nucléaire. (mko)