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18 juillet 2016
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Horizons et debats  >  archives  >  2010  >  N°4, 1 fevrier 2010  >  Amélioration des sols par l’agriculture cyclique [Imprimer]

Amélioration des sols par l’agriculture cyclique

thk. Un aspect important du Rapport sur l’agriculture mondiale concerne l’exploitation du sol. Si, dans les années 50, 60 et 70 du siècle dernier on a atteint un rendement plus élevé à court terme en favorisant les engrais chimiques, vers la fin du XXe siècle, de plus en plus de voix se sont élevées pour mettre en garde contre le recours sans contrôle à la chimie dans nos champs et prés. En Suisse, il y a plusieurs années, on a commencé la production intégrée (PI) sur une grande partie des espaces cultivables. L’utilisation accrue d’engrais chimique a lessivé les sols et renforcé l’érosion. L’écart entre la durabilité et la rentabilité s’est de plus en plus agrandi et le marché libre agricole auquel aspire l’OMC encourage mondialement ce développement malsain.
Pour un certain secteur cependant, cette évolution présentait un avantage considérable: Elle a procuré dans le monde entier à l’agrochimie des milliards de profits. Et ce sont toujours plus de nouveaux produits qui doivent donner aux sols lessivés une nouvelle fertilité pour cacher la destruction à long terme des sols par l’utilisation de produits chimiques et le traitement industriel des sols.
Les sociétés de l’agro-industrie veulent affronter le problème de l’augmentation des insectes nuisibles à cause des nouvelles variétés artificielles, de la monoculture et de la destruction de la fertilité des sols avec la manipulation génétique. Ainsi, ils détruisent les défenses immunitaires des plantes. Les conséquences sont désastreuses, et c’est d’autant plus urgent d’appliquer les solutions proposées par le Rapport sur l’agriculture mondiale.
Le troisième Rapport sur les sols (Berne 2009) confirme les exigences du Rapport sur l’agriculture mondiale. On peut lire dans le résumé: «Dans l’agriculture intensive telle qu’elle est pratiquée de nos jours, il faut produire toujours plus, ce qui nécessite des besoins croissants en énergie. A l’échelle mondiale, ceci engendre des effets dommageables sur la terre nourricière dont nous dépendons tous.» Les causes, ainsi que les conséquences de l’agriculture intensive sont connues à fond. On peut lire dans le rapport sur les sols: «Des sols battus et érodés, des eaux stagnantes et des ornières profondes tant dans les champs que dans les forêts, des sols qui se tassent à cause de la minéralisation de la matière organique ainsi que des semelles de labour imperméables sont les symptômes révélateurs d’une utilisation inadéquate de la charrue ainsi que de multiples passages avec des engins lourds qui, surtout si les conditions du sol sont défavorables, provoquent des compactages pernicieux.»
Mais quel choix reste-t-il à l’exploitation agricole qui doit rester concurrentielle sur le marché mondial quand elle n’a qu’un espace limité à disposition qui devrait pourtant produire de moins en moins cher? Cette question à elle seule démontre l’absurdité d’un libre marché agricole qui ne sert pas l’homme mais remplit avant tout les poches des multinationales de l’agriculture industrielle.
Mais malgré ou bien justement à cause de la concurrence mondiale et de la lutte pour la survie dans l’agriculture, il y a toujours à nouveau des personnes raisonnables qui tirent des conclusions de leurs expériences et qui travaillent ainsi déjà dans le sens du Rapport sur agriculture mondiale.
Un bon nombre de personnes du même bord se sont réunis dans la Verora GmbH (SARL) qui a son siège à Edlibach dans les montagnes zougoises. Derrière le nom de Verora se cache l’objectif de cette société: Des paysans zougois transforment des déchets organiques en compost d’humus. Leur point de départ est d’une part révolutionnaire parce qu’il est à l’opposé de l’agrochimie, presque entièrement sans chimie, d’autre part il paraît conservateur parce qu’on se réfère à des traditions agricoles: Le but est de créer un cycle fermé qui peut pratiquement se passer d’additifs chimiques.
Le secret de cette idée est l’utilisation des déchets verts. «Le compost d’humus de haute valeur améliore considérablement la fertilité du sol et l’on peut réduire en même temps les émissions nuisibles pour le climat de façon décisive», dit le directeur de la Verora GmbH, Alfred Abächerli. Ses collègues et lui s’occupent déjà depuis plusieurs années de la question de l’agriculture naturelle et ils ont reconnu l’importance d’une utilisation sensée des déchets verts et de leur emploi. Ils ont été encouragés par les chercheurs en matière des sols, Siegfried et Uta Lübke et Angelika et Urs Hildebrandt-Lübke de Haute-Autriche, qui ont effectué différentes recherches scientifiques pendant des années dans le domaine de l’utilisation du sol et de son amélioration. Ils plaident, sur la base de leurs connaissances, d’abandonner l’engrais chimique ainsi que le purin et vont ainsi à contre-courant de l’agro-industrie.
Le but des recherches est d’améliorer considérablement la structure et ainsi la fertilité des sols à usage agricole pour atteindre de cette manière de meilleures récoltes saines. La préparation différenciée de l’engrais de la ferme – fumier et purin – est à la base d’un sol sain. La théorie sur laquelle repose cette pratique (qui doit être expliquée plus exactement à d’autres endroits), est convaincante et le succès donne raison à Abächerli. Des paysans qui ont adopté les connaissances sur la bonne exploitation du sol et qui la pratiquent, affirment la meilleure qualité du sol et avec ça des récoltes meilleures et plus saines. Les manques cités dans le Rapport bernois sur les sols pourraient, selon Abächerli, être éliminés de façon durable, «avec le compostage des déchets verts et des engrais de ferme, combiné avec un traitement précautionneux des sols.»    •