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18 juillet 2016
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Horizons et debats  >  archives  >  2008  >  N°24, 16 juin 2008  >  La fuite de liquide de refroidissement dans le circuit primaire n’est pas un événement banal [Imprimer]

La fuite de liquide de refroidissement dans le circuit primaire n’est pas un événement banal

Incident à la centrale de Krško

Suite à l’incident survenu dans la centrale nucléaire de Krško en Slovénie, l’Association internationale des médecins pour la prévention de la guerre nucléaire (IPPNW) signale qu’une fuite de liquide de refroidissement dans le circuit primaire d’un réacteur à eau pressurisée peut provoquer la fonte du cœur du réacteur, ce qui représente un grand danger car elle entraîne d’importants rejets radioactifs.

Fuite de 3 m3 d’eau par heure

Selon l’autorité de sûreté nucléaire slovène SNSA, une fuite est survenue à Krško le mercredi 4 juin à 15 h 07 près de la principale pompe du liquide de refroidissement, laissant échapper environ 3 m3 d’eau par heure. Il était donc absolument nécessaire d’arrêter le réacteur. L’information transmise à la Commission européenne par l’autorité slovène montre, de l’avis de l’IPPNW, que les Slovènes ont considéré l’incident, du moins provisoirement, comme extrêmement grave.
Selon des spécialistes en matière de réacteurs, la fuite n’est probablement pas colmatable si bien qu’on ne peut pas réinjecter du liquide de refroidissement de manière permanente dans le circuit primaire pour compenser les pertes.

Une fuite dans le circuit primaire peut entraîner une catastrophe nucléaire

D’après l’expert nucléaire de l’IPPNW Henrik Paulitz, une fuite dans le circuit primaire «n’est pas du tout un événement banal. Dans toutes les études de risques, ces fuites comptent parmi les causes de la fonte du cœur du réacteur dans la mesure où les systèmes de sécurité sont défaillants. Ces incidents peuvent avoir de graves conséquences. En 1979, dans la centrale nucléaire de Harrisburg, une fuite de liquide de refroidissement (soupape du pressuriseur ouverte) a entraîné la fonte partielle du cœur. Le danger spécifique des petites fuites provient du fait que, suivant la taille de la brèche, il peut arriver que la pression ne diminue pas dans le circuit primaire et que même les systèmes à haute pression ne peuvent pas injecter de liquide de refroidissement.»

Cette fois, nous avons eu de la chance …

L’IPPNW rappelle que le 18 décembre 2003, dans la plus récente centrale allemande, celle de Neckarwestheim-2, une fuite de vapeur est survenue dans la conduite de ventilation du réservoir sous pression du réacteur. La Gesellschaft für Anlagen- und Reaktorsicher­heit (GRS) a estimé, après l’incident, «qu’à la suite d’une rupture de la conduite située juste au-dessus du couvercle du réservoir sous pression du réacteur, il s’est produit une fuite dans le circuit primaire impossible à stopper». Selon l’IPPNW, la brèche, d’une section d’à peu près 5 cm2, a une taille telle que la pression dans le circuit primaire reste élevée et que même les pompes à haute pression ne parviennent pas à compenser la fuite.

… et la prochaine fois?

Toujours selon l’IPPNW, la GRS suppose en outre que dans les centrales modernes «en convoi», les mesures d’urgence nécessaires ne peuvent pas être effectuées dans le temps restreint à disposition et que le cœur se met à fondre. Aussi, le 18 décembre 2003, la rupture de la conduite de ventilation aurait très vite pu provoquer une catastrophe nucléaire.    •

Source: Communiqué de presse de l’IPPNW-Deut­sch­land du 5/6/08 (Traduction Horizons et débats)