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Horizons et debats  >  archives  >  2013  >  N°34, 11 novembre 2013  >  2013 – l’Année internationale du Quinoa [Imprimer]

2013 – l’Année internationale du Quinoa

par Andrea Roscher-Muruchi

«Un avenir semé, il y a des milliers d’années», c’est avec ce slogan que l’ONU et l’Organisation mondiale pour l’alimentation et l’agriculture FAO appellent pour 2013 à l’Année internationale du Quinoa.

Description et systématique

Quinoa, l’accent est sur la première syllabe, ou «kinuwa» comme on l’appelle dans la langue des Incas, le quechua, est une plante herbacée annuelle d’une hauteur de 20 cm jusqu’à 3 m avec une tige verticale ramifiée, des feuilles en forme de pied d’oie et des panicules de 30 à 80 cm de longueur. Chaque panicule est dotée de 80 à 120 touffes et peut contenir de 100 à 3000 graines. Le nom scientifique est Chenopodium quinoa willd. Willd d’après le botaniste allemand Karl-Ludwig Willdnow qui a décrit la plante pour la première fois en 1797. Dans le langage courant on l’appelle graine des Incas ou bien riz du Pérou. Ce n’est cependant pas une céréale, mais elle appartient à la famille des amarantacées et de l’ordre des cyclolobae. Ainsi le Quinoa est apparenté aux épinards, aux côtes de bette et aux betteraves rouges. On mange les graines de la plante mais aussi les feuilles comme épinards ou en salade.

Région de culture

La «graine des Incas» est en vérité bien plus ancienne que la culture Inca. Elle a servi aux indigènes des Andes de l’Amérique du Sud déjà il y a 7000 ans comme base importante de leur alimentation. Pendant la période Inca, le Quinoa a été cultivé dans les hauts plateaux, dans les vallées et les versants des Andes à des altitudes entre 2500 et 4000 m au-dessus du niveau de la mer sur le territoire actuel du Pérou, de la Bolivie, de l’Equateur et du Chili. L’arrivée des Espagnols a apporté la marche victorieuse des céréales européennes vers le «nouveau monde», comme le blé, l’orge, et l’avoine et le déclin du Quinoa indigène a commencé. C’est uniquement à des altitudes jusqu’à 4000 m, où les «nouvelles» variétés de céréales ne poussaient plus, qu’on a continué à cultiver cette plante pour l’autosuffisance des habitants des Andes.

De la «nourriture d’Indio» bon marché à un aliment demandé internationalement

Pour la population aisée des villes, ces graines avec leur haute valeur nutritive considérables étaient estimées comme une nourriture d’indio bon marché et plus ou moins ignorée. L’essor de la production du Quinoa a commencé il y a plus de vingt ans. Plusieurs facteurs en sont responsables: les recherches sur le Quinoa et l’Amarante par la Nasa et la publication de rapports sur sa valeur nutritive extraordinaire ont fait connaître internationalement le Quinoa et la demande s’est développée de la part des consommateurs végans et végétariens, et aussi chez les consommateurs ayant une incompatibilité au gluten aux USA et en Europe. La crise économique dans les pays des Andes au début des années 1980 a favorisé la réaction sur les nouveaux marchés des Etats-Unis et en Europe. En Bolivie, un groupe de petits paysans boliviens réunis dans l’Asociacion Nacional de Productores de Quinua (Anapqui) a essayé depuis 1983 d’améliorer le traitement et la commercialisation du Quinoa, parce que de plus en plus de paysans avec leurs familles quittaient les hauts plateaux du sud (altiplano) et ont arrêté la production du Quinoa. La Gesellschaft zur Förderung der Partnerschaft mit der 3. Welt (GEPA) (Association pour l’avancement du partenariat avec le tiers monde) et autres organisations non gouvernementales européennes ont soutenu l’Anapqui.

Propriétés

Qu’un aliment ayant le profil nutritif comme le Quinoa ait été traité aussi négligemment est vraiment étonnant. Avant tout les graines de la plante ont beaucoup de vertus. La teneur en protéines de cette «pseudo céréale» est de 15 pourcent et dépasse celles du blé, de l’avoine du maïs et du riz. La teneur en protéine n’est pas seulement plus haute, mais le Quinoa est aussi une des meilleures sources de protéine parce que les graines contiennent les neuf acides aminés essentiels et peuvent pour cette raison être facilement assimilées par le corps. Beaucoup de minéraux essentiels comme le calcium, le fer, le zinc, le magnésium et le phosphore, des vitamines importantes comme A, C, B1 B, et E se trouvent tous dans cette «graine miracle». Elle est également riche en acides gras non saturés essentiels et contient de l’acide gras Omega-3 comme on le trouve aussi dans le poisson. Un autre avantage décisif par rapport aux céréales est que ces graines ne contiennent pas de gluten et ont ainsi un potentiel allergique plus faible que le blé et autres céréales.
Quinoa est un aliment de base idéal à usages multiples en cuisine: Comme entrée, comme plat principal, comme dessert, snack, et boisson, les graines peuvent être cuites, germées, moulues et gonflées.
Et comme si tout cela ne suffisait pas déjà, la plante excelle par sa robustesse. Elle supporte des chaleurs torrides, le froid glacial, la sécheresse et un sol qui contient du sel et de l’acide. Le meilleur Quinoa, le «Quinoa Real» en français «Quinoa royal» pousse en Bolivie autour du lac salé Uyuni connu pour ses gisements de lithium et autour du lac salé Coipasa. A une altitude de presque 4000 m la plante trouve des conditions idéales et la culture traditionnelle du Quinoa peut se faire ici sans pesticides et sans engrais chimiques. Depuis que la demande de Quinoa de Bolivie a fortement augmenté (depuis 2006 la demande de l’étranger a s’est multipliée par mille), on sème aussi dans les plaines situées plus bas. Dans ces cultures mal adaptées la pression de parasites a fortement augmenté et avec elle la tentation de sauver la récolte menacée avec des moyens chimiques. Pour s’opposer à de tels dangers, la GEPA paye en plus du prix équitable encore un supplément bio pour des produits cultivé écologiquement. Pour la certification, c’est l’association allemande de culture Naturland qui en est responsable et qui coopère à cette fin avec les points de contrôle nationaux. Les saponines amères contenues dans l’enveloppe des graines protègent également la plante d’insectes nuisibles. Le Quinoa sans saponine issu de croisements (Quinoa doux) n’est pour cette raison pas apprécié des petits paysans. Mais le Quinoa conforme aux usages commerciaux est pelé et lavé et ainsi libéré des saponines et donc pas amer. Des entreprises d’exportation ont aidé à la mécanisation du traitement du Quinoa. Traditionnellement il fallait pour le traitement des graines de la même quantité un mois, et aujourd’hui 24 heures. En Allemagne on vend surtout le «Quinoa Real» de culture bio. En Bolivie on cultive 22 variétés principales. Là se trouve aussi la plus grande banque de gènes avec 3800 variétés enregistrées. Sur la base de cette grande multiplicité et de ses autres propriétés positives, cette plante pourrait contribuer mondialement à la sécurité alimentaire.

La Bolivie producteur principal et exportateur principal

La Bolivie est actuellement le plus grand producteur de Quinoa avec une part de 46% de la production mondiale. A la deuxième place avec 42% de la production mondiale, c’est le Pérou, et à la troisième place les USA. Pour la première fois en Bolivie, ce sont des milliers de familles indigènes de l’Altiplano (haut plateau dans les Andes boliviennes) qui profitent de ce développement, lesquelles vivaient depuis la colonisation traditionnellement dans la plus grande pauvreté. Dans son discours à la 68e Assemblée générale des Nations Unies le président bolivien Evo Morales Ayma a expliqué: «Nous avons fait baisser la pauvreté et la pauvreté extrême. Les chiffres des Nations Unies prouvent qu’un million de Boliviennes et de Boliviens ont monté l’échelle sociale au niveau de la classe moyenne. Cela signifie que 10% de la population ont amélioré leur situation économique».1 Beaucoup de petits paysans des hauts plateaux des Andes font partie de ces 10%.
De l’exportation du Quinoa, la Bolivie a réalisé en 2012 des recettes de 71 millions de dollars. En 2013, la surface cultivable augmentera par rapport à l’année d’avant de 25% et la production du Quinoa de 56%.2 La demande croissante est malgré tout toujours plus grande que l’offre. L’extension extensive apporte de nouveaux problèmes. Les petits paysans de l’Altiplano qui cultivent traditionnellement le Quinoa pratiquent parallèlement aussi l’élevage (Lamas, Alpacas, moutons). Les pâturages nécessaires sont réduits en faveur de la culture du Quinoa, par conséquent il y a moins de fumier pour les champs de Quinoa. Jadis, après la récolte du Quinoa on laissait reposer le sol jusqu’à 8 ans ou bien on cultivait des fruits intermittents et le Quinoa en culture mixte. La couche d’humus dans l’altiplano est très mince et nécessite un traitement soigneux. Avec les monocultures et avec la culture du Quinoa toutes les années sur la même surface, l’érosion des sols avance.
Le gouvernement bolivien fait tous les efforts justement pour l’année du Quinoa, pour étoffer l’exportation. L’orientation vers l’exportation est cependant aussi à double tranchant. Le prix du Quinoa a triplé ces dernières années et ce produit n’est plus abordable pour certains de ceux qui en consommaient jadis. La population des villes, par contre, s’est à peine nourrie de Quinoa. La consommation indigène a quand même augmenté, parce qu’une demande pour de la nourriture de grande qualité s’est formée dans les couches aisées de la population. Actuellement, il y a une discussion concernant le soutien du prix du Quinoa à l’intérieur du pays. Le vice-ministre pour le développement agricole Victor Hugo Vásquez a cependant opposé un refus à l’exigence de soutien du prix (on a exigé jusqu’à 50%) avec la justification que le Quinoa n’a jamais été une part représentative du panier de la ménagère en Bolivie et qu’on cultive déjà du Quinoa dans 70 pays, et que la demande en baisse de l’étranger aura comme effet que les prix du Quinoa baisseront sur le marché bolivien.3 Actuellement avec le programme «petit déjeuner gratuit à l’école» et le programme «mère-enfant», le gouvernement bolivien offre à une partie de la population pauvre la possibilité de se nourrir de produits Quinoa.
La bonne capacité d’adaptation de la «graine des Incas» à des conditions climatiques différentes dans des pays les plus divers met en danger la suprématie bolivienne dans la production et l’exportation du Quinoa. Le meilleur Quinoa cependant, le «Quinoa Real» de production biologique, n’a pas son pareil sur le marché international. Dans une audition publique au Parlement européen du 18 septembre 2013, le vice-ministre Vásquez a expliqué que le gouvernement bolivien s’engage pour que de plus en plus d’Etats dans le monde entier (à ce moment-là ils étaient plus de vingt) reconnaissent la provenance du «Quinoa Real», cultivé au bord des lacs de sel.4 Sur la base de ce produit de pointe et de la commercialisation internationale, la Bolivie pourrait rester à l’avenir un exportateur important de Quinoa.    •
(Traduction Horizons et débats)

1    www.bolivia.de/fileadmin/Dokumente/Presse-Medien_Dt %2BSp/Presseerklaerungen/2013/PRESSEMITTEILUNG-_COMUNICADO_No_24_-2013-_Evo_en_la_ONU.pdf (du 21/10/13)
2     www.erbol.com.bo/noticia/economia/09102013/viceministro_dice_que_no_habra_subvencion_la_quinua  (du 21/10/13)
3     www.erbol.com.bo/noticia/economia/09102013/viceministro_dice_que_no_habra_subvencion_la_quinua  (du 21/10/13)
4     www.la-razon.com/economia/Bolivia-defiende-Parlamento-Europeo-beneficios_0_1909009154.htm  (du 21/10/13)
D’autres sources:
www.bolivia.de/fileadmin/Dokumente/DestacadosEmpfehlenswertes_Footer/PoliticaNacionalQuinua.pdf  (du 22/9/13)
www.quinuainternacional.org.bo/menu  (du 22/9/13)

L’année de la «Graine d’or»

Depuis des millénaires, on cultive dans les Andes à 4000 m d’altitude la graine Quinoa comme aliment de base pour la population indigène. Depuis quelques années «l’or des Incas» jouit de plus en plus de popularité, pas seulement en Amérique latine, mais aussi dans l’hémisphère nord de la planète. A l’honneur des peuples qui ont sauvegardé cette plante de culture millénaire, l’ONU a déclaré l’an 2013 comme l’«Année du Quinoa». Ainsi on encourage la culture d’une plante qui pourrait contribuer à la sécurité alimentaire. Car le Quinoa a une valeur nutritive très élevée; tous les acides aminés essentiels y sont contenus, mais aussi des oligoéléments et des vitamines. De plus cette plante des Andes peut bien pousser dans des conditions différentes, mêmes défavorables, avec des températures entre moins 8 et 39 degrés. Il supporte la sécheresse et pousse donc aussi dans des régions semi-arides. D’après l’ONU, la culture du Quinoa serait adaptable au Sahel ou la malnutrition est courante.

www.fao.org/quinoa-2013