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18 juillet 2016
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Horizons et debats  >  archives  >  2009  >  N°2, 19 janvier 2009  >  «De l’importance d’assumer une responsabilité» [Imprimer]

«De l’importance d’assumer une responsabilité»

Un projet de théâtre de jeunes réussi

par Maria Koch

Plus de 150 enfants et adolescents jouent avec passion au théâtre, acquièrent en étude des outils pour des mises en scènes, qui touchent le nerf du public, se retrouvent dans une communauté qui s’entraide et coopère, prennent avec enthousiasme la responsabilité pour tout ce qui concerne le jeu théâtral, le maintien du théâtre et toute la communauté. Le théâtre d’amateur «die Schotte»1 à Erfurt en Thuringe montre de cette manière qu’aujourd’hui encore des enfants et des adolescents peuvent être motivés pour s’engager de manière constructive et avec joie dans un projet  formidable.

En déployant de grands efforts, des péda­gogues de théâtre engagés ont en 1991 transformé un ancien gymnase en piteux état en un théâtre qui fonctionne. L’équipe du théâtre die Schotte déploie depuis, à l’aide de moyens financiers restreints, d’énormes efforts artistiques et humains pour préserver ce berceau humain, culturel et social important pour les enfants et les adolescents. Des séminaires d’improvisation, des jeux de clowns, du thé­âtre de rue, des projets pour les élèves, des ateliers de théâtre internationaux et des festivals d’amateur et de théâtre scolaire sont réalisés parallèlement au programme très chargé pour un théâtre d’amateur.
Par le biais d’une formation culturelle de la jeunesse, on favorise le développement de la personnalité de jeunes gens au moyen d’une coopération active au sein d’une communauté sociale. Les prises de position de jeunes fans du théâtre die Schotte prouvent de manière impressionnante que c’est une réussite.
Le théâtre die Schotte montre ainsi qu’il n’est pas vrai que la jeunesse d’aujourd’hui soit indifférente, que les jeunes ne fassent rien d’autre que de traîner dans la rue, jouer à des jeux vidéo violents et écouter le même genre de musique et qu’ils ne soient pas prêts à prendre des responsabilités. La jeunesse peut – aujourd’hui comme de tout temps – être motivée pour des projets constructifs quand nous, les adultes, nous la prenons au sérieux, nous lui ouvrons notre cœur, nous construisons avec elle quelque chose de sensé, où les adolescents peuvent s’épanouir, s’enthousiasmer, établir des contacts sociaux et prendre des responsabilités. Ce n’est pas obligatoire que cela soit toujours du théâtre, il y a beaucoup de possibilités. Die Schotte a réussi au moyen du théâtre quelque chose d’exemplaire.
La récompense pour les plus de 110 acteurs qui jouent lors de nombreux weekends, c’est les applaudissements. Ils ne reçoivent aucune rémunération financière mais ils profitent d’un encadrement chaleureux et compétent «24 heures sur 24». Une mère vivant à Erfurt déclare: «En tant que visiteuse du théâtre die Schotte et mère de quatre enfants, je sais combien il est nécessaire que les enfants trouvent un lieu où se réunir, où ils sont pris au sérieux, où l’on prend soin d’eux au niveau social, où ils peuvent vivre selon leurs intérêts et leurs penchants et où ils sont accompagnés de manière compétente». Parce qu’elle sait ce que représente le théâtre die Schotte, elle s’efforce de trouver des parrains qui apportent une aide financière. Il y en a grand besoin. Car les pédagogues de théâtre qui s’occupent si chaleureusement de la jeunesse ne peuvent pas vivre d’amour et d’eau fraîche. En fait, cela devrait aller de soi que ce travail si précieux obtienne le soutien financier nécessaire. Effectivement, les politiciens locaux en font l’éloge et le prisent volontiers comme un modèle réussi dans l’encadrement de la jeunesse. En 2000, le théâtre die Schotte a même obtenu le Prix culturel du Land de la Thuringe. Malgré tout, les subventions sont beaucoup trop rares. C’est pourquoi, on en arrive à cette situation scandaleuse, que le théâtre die Schotte doive licencier des collaborateurs éprouvés, car il ne peut simplement plus les rétribuer.
Pourtant, tout le monde se fait du souci à l’égard de notre jeunesse, beaucoup de gens se demandent: Que peut-on faire pour protéger la jeunesse contre la violence, les drogues et l’abandon? Le criminologue renommé, Christian Pfeiffer sonne l’alarme parce qu’il a constaté un «effet d’augmentation de la violence lors de la fréquentation des centres de jeunesse» et il plaide pour leur fermeture. Il constate que «le séjour sans but sur des places et la fréquentation de brasseries, de maisons de jeux et de discothèques» aboutit souvent à «des actes violents commis par des groupes entiers».2 La fermeture seule ne sert pas à grand chose, ni l’interdiction de séjour sur les places publiques. Il est plus urgent de développer des alternatives avec les jeunes, de créer des lieux où ils peuvent s’épanouir et faire leurs preuves et où ils sont utiles.
Le théâtre die Schotte a pris cette responsabilité de manière exemplaire. Il mérite notre soutien.3
En plus, il nous encourage à réfléchir nous-mêmes sur la manière dont on peut déve­lopper des alternatives avec nos jeunes à l’aide de multiples projets.    •

1     Dénommé ainsi à cause de l’Eglise des Ecossais située à proximité.
2     Pfeiffer u.a.: Wird Jugenddelinquenz durch das Vorhandensein von Jugendzentren verstärkt?
3     L’association die Schotte e.V. est l’autorité responsable de l’aide à la jeunesse. On peut le soutenir par exemple au moyen d’un parrainage annuel s’élevant à 50 euros. www.dieschotte.de, courriel: dieSchotte@t-online.de


 

C’est ce que disent des adolescents à propos de leur «Schotte»

«Chacun donne ce qu’il peut»

Je m’appelle Simon Kuchinke, j’ai 18 ans et je viens d’Erfurt où j’espère passer en 2010 mon baccalauréat. Depuis 2005, je fais partie de l’ensemble du théâtre die Schotte à Erfurt et je dois dire sincèrement que j’en suis très fier car je suis sûr que pendant ces trois années, j’ai beaucoup appris pour ma vie future.»
Tout d’abord, c’est l’intégration que j’ai pu connaître. En tant que jeune de 15 ans, j’ai fréquenté ma première étude chez Steffi Lang, où j’ai pu faire partie dès le début de la communauté. A la Schotte, personne n’est exclu, peu importe l’école où il va ou de quel milieu social il est issu. Il est toujours très étonnant d’observer combien de personnalités différentes se retrouvent lors de travail de mises en scène ou en étude pour assembler dans une grande marmite des idées créatives. Je pense que cela repose sur le fait que chacun donne ce qu’il peut et à la fin, on obtient en commun un résultat fantastique. Le théâtre die Schotte me donne la possibilité de m’épanouir à fond et parfois aussi de me dévergonder. Je me suis parfois exercé, exercé et exercé et je suis arrivé à mes limites mais ainsi je les ai énormément élargies. Mais à la Schotte, on n’est pas seulement acteur ou spectateur, on fait la connaissance de gens formidables avec certains desquels, on se lie d’une très étroite amitié. Je trouve en outre très bien quand on peut résoudre ensemble des problèmes. Je sais aussi que je peux à tout moment m’adresser aux collaborateurs, qu’ils fassent partie de la direction, de la pédagogie du théâtre, des costumes ou de la technique.
Pour l’avenir, j’espère que moi-même et beaucoup d’autres générations de jeunes gens actifs pourrons participer à la vie théâtrale de la Schotte, jouer et apprendre ensemble et nous épanouir, car ce que j’ai appris ces trois dernières années ici, je ne veux en aucun cas l’oublier.»

Simon Kuchinke

«Ce que signifie prendre des responsabilités»

«Je suis arrivé à 12 ans de la Schotte, le théâtre pour enfants et adolescents, juste après la séparation de mes parents. J’ai été accueilli chaleureusement et patiemment à l’étude de théâtre. On m’a laissé beaucoup de temps pour m’ouvrir aux différents jeux et exercices, pour découvrir mon plaisir de jouer. Une fois éveillé, il formait la base de toutes les mises en scène et des projets suivants. L’intégration dans la Schotte ne s’effectue cependant pas seulement par le biais des mises en scène mais aussi lors de camps d’entraînement, de participation à des assemblées générales et du travail du week-end dans le bar du théâtre. Depuis bientôt 7 ans, ma rage de jouer est ici encouragée et utilisée. Le travail dans un si grand ensemble m’a fait découvrir avant tout ce que cela signifie de prendre des responsabilités, envers soi-même, envers les autres et envers la maison. Et cela, je le dois au fait que le jeu de théâtre dans notre ensemble produit une forte identification avec la maison «die Schotte». En ville, on nous connaît, même aussi à l’étranger on a déjà entendu notre nom et beaucoup de membres de die Schotte font un métier de leur loisir à Leipzig, Dresde ou Düsseldorf. Moi aussi, je suis en train de suivre cette voie, je me présenterai dans deux semaines à l’école de théâtre et je quitterai peut-être «l’espace protégé du théâtre die Schotte». Un retour est en tout cas certain – même si je devenais banquier.»

Fedrean Kreuz

«Ce soutien mutuel, cet attachement est unique»

«Die Schotte, le théâtre. Die Schotte, mon loisir. Die Schotte, ma famille. Depuis près de 10 ans, je fais partie de l’équipe de théâtre die Schotte, j’ai été pendant longtemps en étude, je joue maintenant depuis 5 ans des morceaux sur la scène et depuis octobre 2008, die Schotte est devenu en outre mon travail. Je suis un membre à plein temps qui travaille aussi bien aux essais, qu’aux jeux et à la technique. Cependant, la Schotte n’est pas une charge ou un travail comme on se l’imagine d’habitude. Tous les domaines de la Schotte sont pour moi des loisirs.
Je participe de tout cœur à la Schotte car il représente ma seconde famille. A chaque fois, on est accueilli chaleureusement. Quand je n’ai rien à faire pendant quelques heures, j’aime bien aller à la Schotte pour m’asseoir et m’entretenir avec les autres «membres de la famille» ou bien pour regarder des extraits de pièces ou simplement pour aider ou je peux. Ce soutien mutuel, cet attachement est unique et je ne l’ai jamais rencontré ailleurs, dans aucune association ou activité de loisirs.
De plus, j’aide depuis des années au bar de la Schotte et j’organise dans ma fonction de responsable du bar aussi le service.
Une autre caractéristique qui fait que la Schotte est important pour moi, est que j’effectue déjà mon deuxième stage volontaire ici. […] Mon euphorie pour la Schotte est si grande que je suis devenu membre du conseil des jeunes, un organe de médiation de la Schotte pour transmettre à la direction de l’association les problèmes, les vœux et les propositions des adolescents.
La Schotte n’est donc pas seulement un simple loisir mais aussi ma famille, le contenu de ma vie. Elle me crée énormément de plaisir.»

Hendrik Annel

(Traduction Horizons et débats)

Un répertoire qui s’étend du classique à la dramaturgie exigeante du présent
Un extrait du programme:
•    Les brigands de Schiller
•    Ich kenne die Blicke des Neides – Un hommage à Pouchkine
•    Harry, Heinrich et Henri – Un programme de Heinrich Heine
•    Salomé de Oscar Wilde
•    Le conte du Tsar Saltan de Pouchkine
•    Peer Gynt de Henrik Ibsen