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18 juillet 2016
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Horizons et debats  >  archives  >  2010  >  N°5, 8 fevrier 2010  >  Les jeux de tir doivent être intérdits au niveau international [Imprimer]

Les jeux de tir doivent être intérdits au niveau international

Que faire après la décision d’interdiction de la Conférence des ministres de l’Intérieur allemands?

par Eva-Maria Föllmer-Müller

Déjà le 5 juin de l’année dernière, la Conférence permanente des ministres et des sénateurs de l’Intérieur des Länder allemands a exigé de mettre en pratique aussi vite que possible une interdiction de fabrication et de propagation des jeux de tir.
L’objet de la conférence était entre autre le rapport du représentant de l’Etat du Bade-Wurtemberg sur la tuerie folle au collège d’Albertville à Winnenden et Wendlingen du 11 mars 2009 pendant laquelle 16 personnes ont été tuées.
Le quatrième point de la résolution stipule:

«Elle [la Conférence permanente des ministres et des sénateurs de l’Intérieur des Länder) considère, vu l’acte meurtrier récent, qu’il est indispensable […] de mettre en pratique aussi vite que possible une interdiction expresse de la fabrication et de la propagation des jeux […] dont une grande partie de l’action consiste en l’exercice virtuel d’actes meurtriers proches de la réalité ou d’autres actes violents et cruels ou d’une autre manière inhumains contre des indi­vidus ou des êtres ressemblant à des personnes humaines (jeux de tir).»

En outre, de nombreuses mesures policières et préventives ont été décidées notamment une information responsable par les médias en prenant égard à la dignité humaine afin de réduire le risque d’effets d’imitation et le grand nombre de menaces de courses folles meurtrières qui en découlent.
La Conférence des ministres de l’Intérieur (IMK) siège deux fois par an (au printemps et en automne). Ses membres sont les mi­nistres permanents et les sénateurs des différents Länder. «La IMK prend ses décisions à l’unanimité. Une décision aboutit donc seulement si tous les membres soutiennent le contenu de la résolution et qu’aucun membre ne vote contre […]. Comme les décisions de la Conférence des ministres de l’Intérieur sont prises à l’unanimité, leur réalisation effec­tive dans les Länder est en général garantie.» (www.hamburg.de/imk2010) C’est ce qu’on peut lire dans une explication officielle de l’IMK. Cela veut dire qu’une décision d’interdiction est également soutenue par tous les ministres de l’Intérieur allemands.
Cette décision est tout à fait correcte et nécessaire. Le rapport entre les jeux de tir et l’usage excessif de la violence est connu depuis longtemps et prouvé par de multiples recherches scientifiques.
L’Allemagne pourrait, en mettant rapidement en pratique l’interdiction des jeux de tir, apporter une contribution urgente pour s’opposer au problème de la violence qui est énorme en Allemagne comme dans un grand nombre d’autres pays.
Le jeu de tir américain «Call of duty: Warfare 2», disponible sur le marché international depuis novembre 2009, représente un nouveau degré de l’escalade.
Le jeu contient la scène détaillée d’un massacre effectué par des terroristes russes sur un aéroport russe qui déclenche finalement la Troisième Guerre mondiale. Le joueur («Ego-Shooter») poursuit les terro­ristes en tant qu’agent de la CIA et participe en tant qu’auteur (version non-censurée) ou co-auteur (version censurée) à l’exécution brutale de toutes les personnes présentes dans cet aéroport.
Ici, la paix entre les peuples est gravement violée (Charte de l’ONU, Art. 1). Ce «jeu» a déjà été interdit en Russie et au Japon. Les spécialistes du droit international parlent d’une violation sans équivoque du droit international humanitaire.
Cela veut dire qu’il existe une nécessité d’action auprès de tous les Etats qui ont signé la Charte de l’ONU et les Conventions de Genève.     •

Ceux qui vendent ou procurent des jeux de tir à des enfants doivent être sanctionnés!

La VGMG [Association contre la violence médiatique] a revendiqué avec succès dans le canton de Berne une protection de la jeunesse renforcée relative aux jeux vidéo. Le Conseil d’Etat doit maintenant soumettre au Grand Conseil bernois une proposition de loi et in­viter le Parlement fédéral à créer une institution de certification pour les médias interactifs.

En Suisse, il y a un accord en ce qui concerne la nocivité de la violence dans les médias. Même l’association de la branche SIEA (Swiss Interactive Entertainment Association – Association des distributeurs et des producteurs) soutient une meilleure protection de la jeunesse, mais voudrait cependant limiter celle-ci à des me­sures intérieures à la branche.
Sur la base d’une étude, le Conseil fédéral lui-même confirme la nécessité de la protection de la jeunesse, mais remet la responsa­bilité précisément entre les mains des distributeurs qui font chaque année d’énormes profits avec cette violence cruelle à l’écran. Roland Näf, Co-président de la VGMG, estime qu’«on pourrait tout aussi bien laisser les marchands d’armes réglementer la possession d’armes, ou les dirigeants de l’UBS déterminer la hauteur de leur bonification.»
Dans une prise de position, le Conseil fédéral préfère remettre aux cantons la responsabilité d’élaborer des mesures légales efficaces:
«Les cantons sont invités à renforcer par des dispositions légales les mesures d’autorégu­lation de la branche et à envisager des sanctions pour ceux qui ne les suivraient pas ou leur porteraient atteinte.»
Dans le même style, le directeur de la Justice du canton de Berne a tenté de renvoyer la pa­tate chaude à la Confédération. Mais maintenant le Grand Conseil du canton de Berne l’a contraint à agir (cf. violence médiatique – protection des enfants et des adolescents). La vente ou la transmission de jeux vidéo ou de films faisant l’apologie de la violence à des enfants doit être punie. Il faut également examiner les possibilités de punir les parents qui tolèrent la consommation de jeux de tir et de films d’horreur de leurs enfants, à l’instar de la Nouvelle Zé­lande qui a élaboré un projet de loi à ce sujet.

Communiqué de la VGMG du 25/1/10.
Contact: Roland Näf (Co-président): 076 482 18 10
VGMG, Vereinigung gegen mediale Gewalt
Postfach 323, 3074 Muri,
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