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18 juillet 2016
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Horizons et debats  >  archives  >  2008  >  N°1/2, 14 janvier 2008  >  Un arc-en-ciel entre la Suisse et la Russie [Imprimer]

Un arc-en-ciel entre la Suisse et la Russie

Fondation Raduga

Comme chaque année le chef de projet de la fondation «Raduga» vient de Tarussa, en Russie, dans son pays d’origine, la Suisse, afin de récolter des dons pour son association caritative. Le résumé suivant de ce qu’il nous a raconté au cours d’une soirée passionnante montre quels effets l’action d’un homme au grand cœur et plein de détermination peuvent avoir sur toute une région.

md. Quand le menuisier Jörg Duss, qui venait juste de passer son brevet de maîtrise à 26 ans, a transporté des machines dans une scierie de Russie pour une fondation suisse afin d’aider à moderniser cette entreprise, il s’est rendu compte de la misère de la population rurale russe. Plus tard, il en a fait la dure expérience. Il habitait avec 50 étudiants dans un foyer d’Etat. Le manque de nourriture et de combustible a fait que pendant des se­maines, ils n’ont pu manger que des pommes de terre et du pain et boire du thé. Quelquefois, le chauffage tombait en panne. Ils souffraient énormément de la faim et du froid. Après avoir terminé le projet, il a décidé de soutenir personnellement la population de Tarussa à laquelle il s’était profondément attaché.

Raduga veut dire arc-en-ciel

Le district de Tarussa est situé à 120 kilo­mètres de Moscou et constitue, avec 11 communes et de nombreux hameaux, une région qui a la superficie du canton de Lucerne. Après avoir créé en Suisse la Fondation Raduga, qui assure le contact entre la Suisse et la Russie, Jörg Duss a commencé à collecter des fonds. Raduga est devenu un important programme d’aide à l’autonomie dans la région qui a amélioré les conditions de vie de beaucoup de familles, d’enfants, de retraités et de handicapés.

Aide à l’autonomie

Jörg Duss souligne que tous les projets sont nés de problèmes concrets. L’objectif est de faire participer les hommes à la solution de ces problèmes selon leurs possibilités. Aussi un réseau de projets a-t-il été créé qui dépendent les uns des autres et s’enrichissent mutuellement. Beaucoup d’anciens bénéficiaires d’associations caritatives portent aujourd’hui secours à d’autres nécessiteux. Ils vont voir les personnes âgées ou à mobilité réduite et se chargent de leurs courses.

Aide aux enfants

Le projet le plus important concerne la nourriture à l’école. Beaucoup d’enfants viennent à l’école en état de sous-nutrition. Souvent les parents ne peuvent manger qu’un jour sur deux afin qu’il reste assez de nourriture pour leurs enfants. Dans les écoles, la nourriture est également mauvaise et les cuisines insuffisamment équipées. Raduga a commencé de les rénover, de les équiper et de les approvisionner en nourriture de base. En contrepartie, il a été convenu qu’elles aménageraient un grand potager afin d’apporter leur contribution. Maintenant, Raduga livre presque 10 tonnes de nourriture chaque année à ces écoles et jardins d’enfants. Les résultats scolaires des enfants ont progressé grâce à cette meilleure alimentation. La réorganisation des cuisines a fourni un emploi à trois femmes par commune.
Chaque été, on organise pour les enfants de milieux défavorisés un camp qui demande beaucoup d’énergie aux animateurs. Là, les enfants bricolent, apprennent des choses et jouent. Cela éveille leur intérêt et ils dé­ve­loppent de nombreuses facultés en peu de temps.

Aide aux personnes âgées

Beaucoup de personnes âgées et seules vivent de très maigres pensions. Le système de santé et l’assistance sociale ne sont guère développés à la campagne. La fondation d’un club de retraités a donné lieu à des rencontres régulières: beaucoup de personnes ont appris à se connaître et ont commencé à s’entraider. Elles parlent de connaissances qui ont besoin d’aide et développent des idées pour les assister. C’est ainsi qu’est né notamment le service agricole. On a acheté un petit tracteur avec lequel un retraité en bonne santé vient bêcher au printemps et en automne le jardin de personnes âgées ou handicapées et le prépare pour les cultures. En hiver, Raduga fournit du bois de chauffage aux nécessiteux.

Aide aux malades

En Russie, ceux qui vont à l’hôpital emportent leur literie. Leurs proches leur apportent régulièrement les repas et les lavent. Mais que se passe-t-il quand quelqu’un ne connaît plus personne? L’hôpital destiné aux habitants de Tarussa possède trois lits sociaux réservés à ces malades. Une collaboratrice de Raduga s’occupe de leur literie, de leurs repas et de leurs soins. Ils sont transportés dans la voiture de la Fondation.
Chaque année, Raduga essaie de rénover un dispensaire dans un des villages et d’en améliorer l’équipement. Cette assistance est nécessaire parce que les habitants ne peuvent guère payer le ticket de bus pour aller à l’hôpital en ville. Les dispensaires n’ont même pas l’eau courante. Quand on trouve assez de bras dans le village pour creuser un puits, Raduga aide à installer une prise d’eau et fournit l’électricité et le chauffage.

Aide aux mères

La situation de beaucoup de mères est particulièrement difficile. Si elles sont célibataires ou que leur mari est malade ou alcoo­lique, elles doivent élever leurs enfants toutes seules. Souvent le ménage dispose d’une machine à coudre. Ainsi Raduga peut procurer du travail de couture à beaucoup de mères. La Fondation achète des restes de tissu et les donne aux femmes avec les commandes correspondantes pour des chemises, des pyjamas, des manteaux, des robes, de la literie, etc. Grâce à cette production, Raduga peut fournir à beaucoup d’enfants et de personnes âgées des vêtements bon marché.

Projet de maisons en bois

En collaboration avec une entreprise suisse de constructions en bois, Jörg Duss a développé une maison simple, fonctionnelle et bien isolée qui peut être construite pendant la courte saison entre les longs hivers russes. Son objectif est de construire des habitations bon marché avec la matière première locale. Ainsi on pourrait créer des emplois qualifiés. Le travail du bois pourrait être développé et ce serait aussi une contribution à l’écologie. La première maison témoin vient d’être construite à Tarussa.

La vie à Tarussa

La plupart des habitants de Tarussa essayent de vivre en autarcie. Ils habitent dans des maisons simples sans eau courante. Ils possèdent parfois une vache, quelques poules et un potager. Une pension de retraite se monte à quelque 1200 roubles. Or un kilo de viande coûte 290 roubles, une paire de chaussures 4000 roubles, un litre de lait 20 roubles, un litre d’essence 19 roubles. Il n’y a pas de système d’assurances. Les gens ne reçoivent aucune aide. Ils peuvent à peine survivre quand ils ne sont pas frappés par la maladie ou d’autres malheurs. Jörg Duss est inquiet à propos de l’adhésion prévue à l’OMC. Les prix du gaz et de l’essence seront multipliés par 4, voire 6. Le budget de la population rurale ne pourra pas supporter cette augmentation. L’introduction de concepts économiques néolibéraux sous Eltsine a aggravé les conditions de vie de la population. Depuis la présidence de Poutine, on a constaté une amélioration. Mais il faut se rendre compte que l’amélioration de la situation dans un si grand pays représente une tâche immense.

La solidarité se développe

Dans tout ce que raconte Jörg Duss, qui a épousé une Russe et a une fille mignonne, transparaît son amour pour la population rurale russe. Sa spontanéité, sa solidarité, sa culture, son hospitalité, tout cela lui a réchauffé le cœur. Pour lui, les médias occidentaux présentent la Russie d’une manière unilatérale, voire fausse. Il n’aurait jamais pensé que des médias suisses renommés puissent altérer à tel point les faits. Ils ont donné une version tout à fait déformée des événements politiques des dernières semaines, par exemple. Jörg Duss appelle à être critique et à se forger sa propre opinion.
La Fondation Raduga a maintenant attiré l’attention des médias russes. Jörg Duss a pu présenter les problèmes de la population rurale à des parlementaires. Il espère ainsi préparer le terrain à une aide financière pour ses projets. Jusqu’ici, le financement a été assuré avant tout par des collectes effectuées en Suisse.
Ceux qui s’intéressent à cette œuvre caritative trouveront d’autres informations à l’adresse www.raduga-stiftung.com.    •

Dons: Fondation Ragusa, Case postale,
6002 Lucerne, CCP 60-372197-8
(Traduction Horizons et débats)