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18 juillet 2016
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Horizons et debats  >  archives  >  2011  >  N°38, 26 septembre 2011  >  Qui veut nous dicter ce que nous devons manger, porter et consommer? [Imprimer]

Qui veut nous dicter ce que nous devons manger, porter et consommer?

js. Des films comme «SuperSizeMe» ou «Food, Inc.» et la campagne de publicité truffée de visages connus de l’organisation de protection des animaux «Peta» livrent des images choquantes, les livres comme celui de J. S. Foer «Manger des animaux» et de Ruby Roth «Pourquoi nous ne mangeons pas d’animaux» diffusent des arguments aux adultes et aux enfants, et Peter Singer donne la base idéologique avec son «Animal Liberation», le mouvement pour la libération des animaux.
Il est question du «véganisme», une forme spéciale du végétarisme et un mode de vie réprouvant l’utilisation d’animaux et de produits animaux et qui interdit la consommation de viande, de poisson, de gélatine, de lait, de produits laitiers, d’œufs et de miel comme nourriture ainsi que tous les autres aliments animaux. Pour les vêtements on évite des matériaux tels que le cuir, les fourrures et la laine, pour la cosmétique on prend garde qu’elle soit produite sans expériences sur les animaux. On justifie tout cela avec une accumulation de motifs des plus différents: soit issus de l’éthique à cause des soi-disant droits des animaux, ou de l’écologie à cause de l’exploitation des sols ou des arguments de santé à cause d’un mode de vie prétendument plus sain.
Ce qui est commun à tous ces arguments, c’est qu’ils semblent tous contenir en quelque sorte un noyau de vérité, difficile à nier. Qui n’a pas connaissance de l’exploitation des ressources du sol, de l’énergie et de l’eau par l’agriculture industrielle, qui n’a jamais entendu parler d’élevage en batterie et son influence néfaste sur les animaux et notre environnement, ou bien qui n’a jamais lu quelque chose sur la nocivité du fast-food, ou de la surpêche dans les mers? On a en quelque sorte des difficultés de se soustraire à ces arguments, d’un côté parce que les médias nous bombardent avec ces informations et de l’autre côté souvent uniquement par ignorance.
Si l’on considère d’un peu plus près cette question d’alimentation «végane», on constate les faits suivants: Du point de vue biologique, l’être humain est un omnivore, cela veut dire qu’il se nourrit de façon relativement équilibrée d’animaux aussi bien que de plantes. Et c’est justement ce que les êtres humains font depuis toujours. Ils gagnent leur énergie surtout à partir d’hydrates de carbone qui se trouvent dans les plantes sous forme de fécules (amidon de pommes de terre, riz, céréales etc.). Les protéines nécessaires à la constitution de toutes les cellules (acides aminés), ils les tirent d’aliments animaux et végétaux, mais il faut noter que les supports animaux de protéines, comme le poisson, la viande, le lait et les produits laitiers ont plus de valeur nutritive dans leur composition que les protéines de plantes telles que les haricots, les lentilles, les pois, le soja etc. Cela signifie, qu’à cause de leur composition en acides aminés, toute protéine animale est supérieure à la protéine de plantes parce qu’elle sert déjà en toutes petites quantités à constituer de la protéine propre au corps. En plus, l’être humain a aussi besoin de vitamines, et de sels minéraux pour régler et maintenir des processus dans le corps. Nous le savons tous: Lors d’un manque de vitamine C, on nous conseille de manger beaucoup de fruits et de légumes, lors d’un manque de magnésium, nous avons des crampes dans les mollets et devrions manger des bananes, et lors d’un manque de calcium, nos ongles deviennent cassants et on nous conseille de boire davantage de lait et de manger davantage de produits laitiers.
Dans une alimentation «végane», quelques-unes de ces vitamines et des sels minéraux viennent très vite à manquer, avant tout la vitamine B12, importante pour la formation du sang. Les symptômes d’un manque ne sont d’abord pas spécifiques et se manifestent par une fatigue ou des maladies des voies respiratoires fréquentes, mais ils peuvent aussi amener à des anémies et un risque augmenté de thrombose. Des petits enfants allaités par des mères qui se nourrissent de manière «végane» montrent déjà dans la première année des symptômes de manque dangereux qui peuvent amener à des séquelles dans les nerfs, un développement neurologique ralenti jusqu’à une perte de la substance cérébrale. De même, avec le «véganisme» qui exige de renoncer aux aliments animaux, surtout au lait et aux produits laitiers, courent le risque d’un manque en calcium ce qui met en danger la densité des os. Chez les femmes, cette manière de s’alimenter s’avère néfaste pour le ravitaillement en fer du sang et ce sont surtout les jeunes nourris de cette façon qui souffrent d’un manque de fer. L’Association allemande pour l’alimentation (Deutsche Gesellschaft für Ernährung) ne recommande à aucun groupe d’âge l’alimentation «végane» à cause des risques liés à cette alimentation et la déconseillent surtout pour les nourrissons, les enfants et les adolescents.
La Commission fédérale de l’alimentation (COFA) arrive aux mêmes conclusions dans un rapport d’experts.1
Pourquoi donc nous accable-t-on de cette propagande «végane»? Pourquoi le front de libération animale n’hésite-t-il pas à passer aux actes terroristes qui mettent en danger des êtres humains et des animaux?2 Et à cause de ces actes terroristes, les protecteurs des animaux militants sont considérés aux USA comme danger pour la sécurité intérieure. Est-ce qu’une nouvelle forme de dictature écolo s’installera, qui veut nous dicter ce que nous avons à manger, à porter et à consommer?
C’est sûr que nous devons réfléchir à ce qui concerne les maladies dues à l’alimentation dans les pays civilisés. Les réponses raisonnables à ces questions existent et chacun de nous est capable de les intégrer à sa façon de vivre. Ainsi, beaucoup de consommateurs savent depuis longtemps qu’il vaut mieux acheter les aliments dans la région et suivant les saisons, au lieu de les faire venir de contrées lointaines, qu’il ne faut pas tous les jours de la viande au menu pour nous alimenter de façon équilibrée et saine que les aliments de culture biologique contiennent davantage de substances vitales, et que la viande d’animaux élevés de façon adéquate est meilleure. Le Rapport sur l’agriculture mondiale nous a montré clairement que les structures de petits espaces et une agriculture régionale sont en tout cas plus avantageuses.
Notre façon de vivre devra cependant toujours rester une décision individuelle.    •

1    cf.: DGE e.V.: Ist vegetarische Ernährung für Kinder geeignet? Gesundheitliche Vor- und Nachteile einer vegetarischen Ernährung. «L’alimentation végétarienne convient-elle aux enfants? Avantages et désavantages d’une alimentation végétarienne pour la santé», Rapport d’experts de la Commission fédérale de l’alimentation.
2    cf. Série d’attentats sur Daniel Vasella par des protecteurs d’animaux militants 2009, Assassinat de Pim Fortuyn par un activiste de la protection des animaux 2002, actions contre des entreprises de cirque 2009 etc.